ANAÏS LIBOLT : « LA PURETÉ SONORE ! »

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Des décennies de collaboration avec le Festival de Cannes et une avancée majeure en 2025 : l’arrivée du son immersif Dolby Atmos dans l’emblématique salle Louis Lumière. Anaïs Libolt, Directrice Europe contenus et services audiovisuels de Dolby, nous dévoile les transformations de l’industrie. Interview.

Dolby collabore avec le Festival de Cannes depuis des décennies, alors que vous fêtez vos soixante ans cette année. Quel regard portez-vous sur cette longévité ?
Anaïs Libolt : Dolby est partenaire technique du Festival de Cannes depuis plus de 20 ans. Nous partageons la même volonté : assurer une qualité sonore irréprochable dans toutes les salles. De plus, depuis la signature du fameux partenariat technique il y a deux décennies, Dolby fournit et installe les serveurs cinéma pour garantir des projections numériques d’exception. Les formats ont évolué, mais deux choses n’ont pas changé : l’exigence d’écoute et le respect de l’intention des réalisateurs.

En 2025, le son immersif Dolby Atmos arrive dans la salle Louis Lumière, qui accueille toutes les projections des films en competition. Une nouveauté importante et un lieu hautement symbolique ?
Le Dolby Atmos est un son clair, précis, profond, réaliste et enveloppant qui se déplace autour du spectateur, y compris au-dessus de sa tête, pour offrir une expérience immersive incroyable. Alors cette arrivée est essentielle, oui ! Cannes est l’un des plus grands festivals, et son passage au Dolby Atmos suit les pas des autres festivals internationaux. Il y avait une vraie demande des réalisateurs et de l’industrie pour projeter leurs films dans les meilleures conditions.

Votre plus beau souvenir avec Dolby à Cannes ?
C’est cette expérience collective unique. Une salle de plus de 2300 personnes, l’intensité d’un film qui fait vibrer l’atmosphère… Des films emblématiques, comme Emilia Pérez ou Top Gun : Maverick, ont récemment marqué le festival côté son. Et puis ce moment magique où les lumières se rallument, la salle se lève et applaudit. C’est puissant, ça prend aux tripes.

En quoi ce format audio influence-t-il la narration sonore ?
Dolby Atmos ne dicte rien, c’est une boîte à outils. C’est au créateur sonore de décider comment l’utiliser. On ne remplace pas l’intention artistique, on la soutient. Par rapport au 5.1 ou 7.1, on peut vraiment jouer sur l’espace, la précision ou la pureté sonore. Et surtout, on peut raconter au-delà de l’image, suggérer le hors-champ.

Quel rôle l’IA joue-t-elle chez Dolby ?
Elle est déjà présente depuis plusieurs années, notamment via des modèles neuronaux utilisés dans les algorithmes, comme la détection de dialogues. On explore aussi comment l’IA peut optimiser nos processus internes.

Au CES 2025, vous avez présenté la première voiture avec les technologies de son et d’image Dolby Atmos et Dolby Vision…
Oui, c’est la première fois que les deux technologies sont réunies. Avec l’électrification, la voiture devient une extension du salon. Cela ouvre à des usages immersifs : musique en Dolby Atmos, vidéo en HDR Dolby Vision. La voiture est aussi un des lieux d’écoute les plus importants, et proposer un son Dolby Atmos bien calibré crée une vraie différence. On voit arriver des services de streaming directement intégrés, comme le partenariat entre Renault et Canal+ en France.

Vous travaillez avec des écoles audio-visuelles comme l’ESRA. Quelles sont les pistes prometteuses aujourd’hui dans le son ?
On collabore avec plusieurs écoles, comme l’ESRA ou l’université côte d’Azur (Georges Méliès), pour sensibiliser aux technologies Dolby via des programmes éducatifs et s’assurer que le son immersif est utilisé dans la narration. Côté recherche, l’un des grands enjeux est de rendre l’audio immersif plus accessible, notamment avec la réalité virtuelle et augmentée, ainsi que le son binaural, pour une immersion au casque. On explore aussi le partage d’expérience à distance, comme regarder un match ou jouer dans un orchestre réparti sur plusieurs lieux, avec tous les défis de latence et de synchronisation.

Est-ce une nouvelle révolution du son ou une phase de démocratisation ?
Plutôt une évolution. La révolution est déjà en cours. L’enjeu maintenant, c’est de mettre les bonnes technologies au service de cette transformation, pour la rendre toujours plus fluide et accessible.

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Par Raphaël Baumann