Iris, Miss Univers : « J’ai envie d’être la femme la plus puissante possible ! »

À l’heure où la présidentielle patauge dans la choucroute, une miss s’immisce dans le débat. Iris Mittenaere, jeune femme de 24 ans, pourra-t-elle représenter tous les français ? On vote oui !  

Il est 19 heures et des poussières, Iris Mittenaere fait son apparition dans cette élégante suite d’hôtel située à deux pas de la plus belle avenue du monde. En posant mes yeux sur les pommettes hautes et le nez retroussé de Miss Univers 2016, mon cerveau fond à la vitesse de la lumière. Est-ce pour cela qu’une pétition circule pour en faire la nouvelle Marianne ? Avec son buste filiforme et son esprit civique, cette admiratrice de Marie Curie ferait une irréprochable égérie. Lors de son couronnement à Pasay (Philippines) le 30 janvier dernier, elle plaide pour l’ouverture des frontières. Depuis, elle profite de son statut céleste et « s’exprime pour des gens qui ne peuvent pas ». Cette fille serait-elle la bonté incarnée ?J’ai à peine le temps de lui sourire qu’elle installe ses jambes élancées devant moi, aussi naturellement que si on s’était quitté sur les bancs de l’université. Car si Iris a été sacrée Miss Univers dans les faubourgs de Manille, elle est aussi instruite. Étudiante en chirurgie dentaire, ses quenottes immaculées et gracieuses sont un gage de professionnalisme exemplaire. La jeune fille prend le temps de répondre aux questions de votre serviteur avant de se rendre à l’Élysée le lendemain. « J’ai hâte d’y aller. Rencontrer un chef d’État, c’est toujours un honneur et je le fais avec un grand respect », dit-elle de sa voix onctueuse. L’éducation et la jeunesse sont deux sujets qui lui tiennent à cœur. En l’écoutant je comprends qu’elle a les deux pour elle. Mélangez une bouteille de Chasse-Spleen avec des fraises Tagada dans une éprouvette en laboratoire et vous obtenez Miss Univers 2016, un vaccin contre la morosité.

« PROCURATION À MA MÈRE »
Elle rit. « Je suis quelqu’un qui rit beaucoup », se justifie la brune originaire du Pas-de-Calais, avant de citer des gags de sa série préférée, Serge le Mytho (Jonathan Cohen si tu nous lis…). Je me contente de la regarder comme un gamin fasciné par les bulles de son Coca. Quand elle raconte avoir posé ses valises à New York pour honorer son contrat avec l’agence américaine qui gère la compétition Miss Univers, agence qui appartenait à Donald Trump jusqu’en 2015, je lui demande si elle sera en France pour les élections présidentielles. « Bien sûr que je vais voter ! Si jamais mon emploi du temps ne me permet pas de me rendre dans mon bureau de vote, je donnerai une procuration à ma mère. »
À 24 ans, elle a inscrit son nom au palmarès du plus célèbre et du plus cruel concours au monde. Gagner le titre de Miss Univers, c’est comme remporter Koh-Lanta et la primaire socialiste dans la même semaine. « J’ai envie d’être la femme la plus puissante possible, avance celle qui se parfume de désirs, parce qu’il faut aller au bout des choses ». Jusqu’à présent, elle a relevé tous ses défis avec maestria.
L’aigreur artificielle de nos politiques n’est rien à côté des hanches de la malicieuse, dessinées au pinceau par des parents professeurs et perfectionnistes. Tête en l’air et maladroite, à des années-lumière de l’image démodée qui peut coller aux basques des reines de beauté, elle a tout pour représenter la France aux quatre coins du globe. Plus fort encore, tout ce qu’elle dit, avec son « accent anglais sublimement français », est dépourvu de bêtise. Du jamais-vu ! Les sonorités sucrées qui sortent de sa bouche sont une bouffée d’air pur sur les ondes de ce pays paumé.

À l’occasion, on lui a posé quelques questions pendant le shooting …

Vous ne vous sentez pas trop seule ?
Non parce que j’ai une bonne équipe avec moi, je travaille souvent, j’ai des journées bien occupées et, à New York, j’ai une super coloc (Miss USA), je la garde jusqu’à la prochaine élection !
Vous avez un défaut sinon ?
Je suis mauvaise chanteuse. On me l’a dit toute la journée.
Continuez, y’en a plein pour qui ça a marché. 
Je suis sûre qu’avec un bon ordi je peux enregistrer un super single. Faut juste pas faire de live !

PORTRAIT ET ENTRETIEN JULES GASSOT
PHOTO À LA UNE : EDDY BRIÈRE
Technikart #211, avril 2017