DEAUVILLE 2025 : FEMMES, VIE, CINÉMA

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Les femmes étaient à l’honneur de cette 51e édition politique et joyeuse, avec Kristen Stewart, Kim Novak, Pamela Anderson ou encore la cinéaste invisibilisée Alice Guy.

Le 51e festival de Deauville s’est refermé avec un double prix pour The Plague de Charlie Polinger (Grand prix et prix de la Critique), l’histoire d’un môme de 12 ans qui devient la bête noire des autres participants à un camp de water-polo, et le prix de la Révélation pour l’extraordinaire The Chronology of Water de Kristen Stewart. Parmi les 13 films en lice, des premiers films, des films de femmes, des œuvres parfois fulgurantes qui témoignent d’un monde en pleine métamorphose, qui s’enfonce lentement dans le chaos, les flammes et la peur, miroirs métaphoriques de ces années Trump. Il y avait de belles surprises, des trucs ratés aussi, néanmoins, cette 51e édition restera dans les annales. D’abord, parce que le festival a viré la sélection des films de Cannes ou de films français (bon, que faisaient encore là le très bon Nino et l’exécrable Vie privée ?). Ensuite, après avoir déroulé le tapis rouge à Luc Besson en 2023 pour l’écœurant Dogman, le festival s’est ressaisi en offrant une belle couleur féministe, donc politique, à cette édition, avec un panorama saisissant qui donne à voir sur un siècle des femmes qui luttent, résistent, et donnent naissance dans l’adversité et parfois le mépris à des œuvres somptueuses. Présidente du jury, Golshifteh Farahani a offert de beaux discours résolument politiques. Pamela Anderson, récompensée, a livré un des plus beaux discours, engagé et émouvant, de mémoire de festivalier. En pro­gram­mant une sélec­tion excep­tion­nelle de ses œuvres rares, le festival a rendu hommage à Alice Guy-Blaché, pionnière du cinéma (pre­mière réa­li­sa­trice de fic­tion de l’histoire du ciné­ma, pre­mière femme cinéaste, pre­mière femme à avoir créé des stu­dios aux États-Unis…), qui a été invisibilisée, puis oubliée. L’hommage à Kim Novak, 92 ans, était sublime. Victime de Hollywood et du producteur-tyran Harry Cohn (« vous n’êtes qu’un morceau de viande dans la devanture d’une boucherie, ne l’oubliez jamais »), elle s’est rebellée, s’est battue pour son salaire, avant de prendre ses distances avec l’industrie qui ne lui offrait que des rôles de ravissantes idiotes. En interview ou sur scène, elle irradiait de bonheur, tellement heureuse de ressentir à nouveau l’amour du public. En 2025, le combat continue et la mégastar Kristen Stewart, punk en Chanel qui jure comme un charretier, a assuré avoir bossé huit ans pour réussir à écrire, réaliser et produire The Chronology of Water, une histoire d’inceste, de lutte et de résilience, véritable acte de naissance d’une réalisatrice ultra-talentueuse. À ces femmes puissantes, il faudrait ajouter l’héroïne du doc Holding Liat, Liat Atzili, ancienne otage du Hamas après le 7 Octobre, qui, malgré l’assassinat de son mari, prône maintenant la paix et la tolérance. Un grand cru, vraiment, qui répare et touche au cœur

Palmarès du 51e Festival de Deauville

Grand prix : The Plague de Charlie Polinger

Prix du jury : Olmo de Fernando Eimbcke et Omaha de Cole Webley

Prix de la Révélation : The Chronology of Water de Kristen Stewart

Prix du public de la ville de Deauville : Eleanor the Great de Scarlett Johansson

Prix de la critique : The Plague de Charlie Polinger

Prix Canal+ : Sovereign de Christian Swegal

Prix d’Ornano-Valenti : Nino de Pauline Loquès

Deauville Talent Award : Pamela Anderson et Joel Edgerton

Rising Star Award : Zoey Deutch

Icon Award : Kim Novak


Par Marc Godin