THÉODORE PELLERIN : « JE ME DEMANDE COMMENT JE VAIS POUVOIR REFAIRE UN AUSSI BON FILM »

Théodore Pellerin Nino de Pauline Loquès

Petit bijou découvert à Cannes, Nino révèle le talent brut du Théodore Pellerin, 28 ans, un des meilleurs comédiens de sa génération. Rencontre.

Vous êtes Canadien ?
Je viens de Montréal. Mon père est peintre, ma mère chorégraphe. En primaire, j’ai commencé à faire de l’impro. Et de 12 à 17 ans, je suis allé dans une école publique, avec des cours d’art dramatique.

Vous aviez du mal à socialiser ?
Oui, me faire des amis, ce n’était pas le truc le plus facile. Dans le secondaire, je me sentais plus accepté dans le cours d’art dramatique. J’aimais aussi beaucoup ma professeure, Suzanne Langlois. J’avais vraiment envie de lui plaire, d’être son élève préféré, de faire tout bien et j’aimais faire rire les autres. Je pense que c’était aussi un espace de validation à 12 ans.

Vous commencez à tourner à 16 ans.
Oui et j’arrête l’école à 17. À ce moment-là, dans ma tête, je suis un adulte alors que pas du tout. Puis je me dis que je vais en faire mon métier, c’était très clair pour moi. Mais je n’ai pas du tout une éducation académique, ça me manque et j’essaie toujours d’apprendre…

Vous êtes heureux d’être acteur ?
(Long silence) Oui, très ! Quand je suis amoureux d’un texte, c’est ce que je préfère au monde. Mais c’est rare ! C’est pour cela que je ne fais qu’un ou deux films par an. Mais la plupart du temps, je suis un homme heureux.

Parlez-moi de votre carrière au Canada ?
J’ai commencé à la télé, avec une série, puis avec des films, de petits rôles, puis d’autres séries, et des plus gros rôles dans des films…

Vous êtes une vedette là-bas ?
Je ne sais absolument pas. Je n’ai rien à dire sur ma carrière, ni sur mon statut. Il n’y a rien qui m’intéresse moins que ça.

Le big break, c’est la série sur Lagerfeld ?
En France, oui. Aux États-Unis, c’est la série On Becoming a God in Central Florida, avec Kirsten Dunst quand j’avais 21 ans. Et au Québec, c’était Chien de garde de Sophie Dupuis.

Et pour votre accent ?
Quand je tourne en France, je ne gomme pas mon accent canadien, je prends un accent français.

Dans Nino, vous incarnez un jeune homme qui apprend qu’il est atteint d’un cancer et qui déambule dans Paris. Comment la réalisatrice Pauline Loquès vous a repéré ?
C’est vraiment grâce à la directrice de casting, Youna De Peretti. Il y avait une liste de 15 noms de comédiens, et moi, j’étais le seizième… 

En interview, votre réalisatrice parle de vous comme si vous étiez Jésus.
(Rires) Pauline est très, très généreuse, très aimante et très bienveillante. Je me sens très chanceux d’avoir travaillé avec elle parce qu’elle donne beaucoup d’amour à tous ses comédiens. Et puis, Nino, c’est un des plus beaux scénarios que j’ai jamais lu. Ça a été une rencontre avec ce texte, avec Pauline, puis avec le personnage qui était très important pour moi. Parfois, je me demande comment je vais pouvoir refaire un aussi bon film. J’ai envie de retomber sur un aussi bon texte.

Vous êtes stupéfiant de naturel dans le film, vous avez même été primé à Cannes.
Merci, c’est gentil. Je n’ai fait que suivre les pas de Pauline, son écriture. Nino est un personnage qui nécessite une certaine nudité, il est presque effacé, ce n’est pas un personnage qui joue du tout. Je suis content parce que le film semble toucher les spectateurs, et moi, c’est un film qui me touche énormément.

Et la suite ?
Je tourne un film en France, puis un autre aux États-Unis, mais je ne peux pas en parler.

Dans dix ans, vous voyez où ?
Aucune idée ! Je sais juste que j’aimerais bien revenir au théâtre.


Nino
de Pauline Loquès
En salles le 17 septembre 2025


Par Marc Godin