MATTHIAS DEBUREAUX : « QUATRE PAGES SUR LES MEUBLES À SAUCISSON »

Matthias Debureaux citizenk

Rédacteur en chef de Citizen K, le magazine le plus lettré, léché et international de Paris, Matthias Debureaux est passé à la rédaction nous parler des Galeries Lafayette, du Daily Mail et de supermarchés.

Tu nous as montré la série photo « Ciel, mes bijoux » (en 2000, le photographe Guido Mocafico shoote pour Citizen K des fonds bleus sans que les bijoux, mentionnés dans les crédits, n’apparaissent une seule fois, ndlr). C’est encore possible de faire ça aujourd’hui sans se mettre des marques à dos ?
Matthias Debureaux : Cette série me fascine un peu, mais il y a eu un basculement dans le monde de la presse. Kappauf m’a dit : c’était bien pour l’époque, mais c’est trop conceptuel pour aujourd’hui. Lorsqu’un magazine se lance, il est aventureux, puis le lectorat monte, on se fait davantage remarqué. On était peut-être un magazine plus confidentiel à ce moment-là…

Tu nous disais aussi que chez ta grand-mère, tu lisais Jours de France. Et chez tes parents ?
Art et décorations. Je retrouve parfois de vieux numéros de l’univers des années 1970. Et puis le Liberté – Le Bonhomme libre, un journal normand, que je lis encore aujourd’hui. C’est un hebdo de très bonne qualité, comme beaucoup de régionaux.

Le premier magazine que tu as acheté ?
Podium ! Il y avait le chanteur de Kajagoogoo en couverture, Limahl. On était sur une tendance groupes à mèches peroxydées. Et puis Actuel dans les années 1980.

Tes premières piges, c’était pour le journal interne des Galeries Lafayette…
Oui, ça s’appelait 40 Boulevard de l’Info et j’y faisais les interviews du liftier, du meilleur vendeur du mois ou du type qui s’occupait de la musique – il passait du Maurice André en boucle, une vraie torture pour les employés… C’était assez vicieux et très mal fait, piloté par la direction en réalité. Les syndicats étaient horrifiés. Ils l’appelaient : « 40 Boulevard de l’Intox ».

Ta première lecture du matin ?
Le Daily Mail, pour le côté ultra-racoleur et cet humour qui n’appartient qu’à eux.

Un magazine qui t’obsède ?
À chaque fois que je vais à l’espace presse de Beaubourg, je m’attarde sur le magazine Linéaires, le magazine de la grande distribution alimentaire, qui liste tous les nouveaux produits, c’est très technique et assez beau. Je leur avais d’ailleurs piqué un sujet, puisqu’ils avaient parlé d’un nouveau supermarché qui avait ouvert à Venise, dans un ancien théâtre, avec des fresques, un décor magnifique… La dernière fois, il y avait quatre pages sur les meubles à saucisson pour grandes surfaces, traités avec un sérieux absolu. 

Ces derniers temps, en feuilletant les magazines à Beaubourg, es-tu tombé sur une idée si brillante que tu aurais aimé l’avoir ?
Je passe souvent devant les magasins généraux de l’agence BETC, j’ai toujours voulu écrire sur le sujet, l’évolution architecturale de l’agence, etc., et Les Échos Week-End viennent d’en faire un super article de huit pages. Cet endroit me fascine, quelqu’un m’a dit que là-bas, c’est un paradis. Il paraît qu’il y a une cantine avec de grands chefs…

Retrouvez les magazines ayant inspiré Matthias Debureaux dans son interview « Treize à la douzaine ».


Par Violaine Epitalon
Photo Axel Vanhessche