« America sucks » : quand Madonna se lâchait dans Technikart

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Nous sommes en 2013 et Madonna sort Amercan Life. On aurait aimé lui demander des nouvelles de la culotte qu’elle a jetée à Chirac en 87 ou si elle s’est fait lifter la poitrine. Mais on est resté pro : place à l’interview pointue d’une pop star intouchable.

Madonna vient de sortir le meilleur album de sa carrière. Elle entame dans la foulée la croisade la plus sincère de son parcours. Pourtant, American Life s’est fait descendre, et ses propos ont provoqué un concert de ricanements. Finalement, rien d’étonnant : Madonna reste une icône plus facile à ridiculiser qu’à creuser. Spinoza, dans un accès de coolitude, conseillait de « Ne pas railler, ne pas déplorer, ne pas maudire, mais comprendre ». On comprend que cette ultime pop star suscite la raillerie. Pourquoi ? Parce qu’elle est intelligente (impossible de la comparer à Ophélie Winter). Parce qu’elle est artistiquement cultivée (elle préfère M/M à Lara Fabian). Parce qu’elle est financièrement puissante (sa fortune est estimée à 500 M$). Parce qu’elle est politiquement progressiste. Parce qu’elle est une femme, qu’elle le revendique et l’exhibe. Ça fait un peu beaucoup pour une seule star.
 
The Guardian, ramassis de journalistes ultra-sérieux, a carrément appelé au boycott d’American Life. Motif : le nouveau look de Madonna renvoie trop au Che, elle n’a pas le droit de porter le béret. Bon. Question d’éthique, il va falloir aussi boycotter Bézu, Paul Preboist et Superdupont. The Guardian aurait peut-être préféré que Madonna adopte un look Brigitte Bardot, avec discours qui pue en kit ? Ce qu’on reproche à la chanteuse de Music, c’est d’être riche et progressiste. Vaudrait-il mieux qu’elle soit riche et bien réac ? Comme Britney Spears, qu’elle soit anti-avortement, pro peine de mort ? Bruce Springsteen et Manu Chao eux aussi sont des millionnaires de gauche. Mais puisqu’ils diffusent une image de mecs mal rasés, on ne blâme pas leur engagement. Phallocratie populiste ?  

 

 

 

RETOUR DE BÂTON

En privé, tout le monde s’accorde à considérer American Life comme une très grande réussite. Mais il ne faut pas le clamer trop fort. Snobisme du pauvre : crâner en disant adôôôrer des bizarreries underground plutôt que des machines mainstream. Comme si l’on ne pouvait pas autant plébisciter Ellen Allien que Madonna, Gold Chains que Destiny’s Child. La chanteuse de Like a Virgin subit donc aujourd’hui un retour de bâton général, justifié par le fait que ses deux albums précédents (Ray of Light, 1998, Music, 2000) avaient été surestimés. American Life, vrai album cohérent complètement chapeauté par Mirwais, cumule en fait les atouts : songwriting postclassique (des mélodies fortes mais pas ventripotentes) et constructions sonores originales (Mirwais reste le plus éminent détenteur de la formule magique pour fusionner acoustique et électronique). Un disque autrement plus courageux et sidérant que ceux de Pole ou Dutronc : on s’en repaît.

Ça fait bizarre d’aimer autant un disque signé Madonna. On n’a jamais chéri ses vieux morceaux. En 1984, on achetait Paris de Taxi Girl, pas Into the Groove. Son problème : icône pop, elle a servi de miroir à son époque, et l’image renvoyée n’est pas forcément jolie-jolie. En explosant dans les 70’s, Bowie incarnait le glam, la flamboyance trash. Madonna a dominé les 80’s, décennie yuppie mais pas youpi. Son post-disco-pop réverbère donc le clinquant de cette période. Dans les 90’s, Nirvana ou Underground Resistance changeaient la donne : non au look, non au show-biz. Madonna tient le choc. Les années 00 (et Mirwais) lui permettent maintenant de prouver que sous la forme, il y a du fond. Longtemps plus importante pour son emballage (l’image dégagée) que pour sa musique, elle démontre aujourd’hui que c’est malgré tout cette dernière qui véhicule la forme, et non l’inverse. Voilà pourquoi Madonna est la plus crédible des stars de la pop culture contemporaine.

UNE JOURNÉE AVEC MADONNA

Elle cumule les paradoxes, mystique et matérialiste, femme-objet et manipulatrice, provocatrice et spontanée : il nous fallait la rencontrer, pour tenter de « comprendre ». Mission impossible, nous a-t-on confirmé. Autant organiser une interview croisée entre David Beckham et Marilyn Monroe. De Télérama à Elle, Madonna annulait toutes ses interviews presse. On a décidé de la coller toute une journée lors de son passage à Paris le 7 mai dernier. On assiste en tout petit comité aux répétitions pour le concert privé qu’elle donne le soir même. On colle amicalement au groupe qui l’accompagne. On vit le live avec plaisir. On se laisse embarquer pour l’aftershow en haut de Beaubourg. Nous sommes une quinzaine. Madonna est détendue. Allez, une interview ! « OK, mais après le dîner, quand on aura bien bu. » On veillera quand même à ne pas trop picoler. Il est plus de minuit. La pop star vient s’installer à côté de nous. On sort le magnéto. Touche Record.

« SI JE VEUX CHANGER LE MONDE, JE DOIS LE FAIRE INTELLIGEMMENT. »

Dans ce nouvel album, tu critiques la célébrité, tu présentes le rêve américain comme un miroir aux alouettes. Tu penses que le message est bien passé auprès des auditeurs ?

Non, malheureusement, non. Mais il ne faut pas généraliser. Mes auditeurs… Ta question concerne le public français ou international ?

International.

Il faut prendre en compte les différences de mentalité entre les pays, les cultures. Je constate que, finalement, les Européens ont mieux perçu le sens de mes paroles que les Américains. Rétrospectivement, ça ne m’étonne pas, même si ça continue évidemment de me désoler. Le contexte dans lequel s’est inscrite la sortie de American Life – la guerre contre Saddam Hussein – n’a fait qu’accentuer le malentendu. La chanson American Life ne s’attaque pas à George W. Bush, mais aux fausses valeurs qui dominent de plus en plus la société américaine – ce qui ne m’empêche pas d’avoir mon propre jugement sur Bush, mais ce n’était donc pas précisément le sujet de ce morceau. Pourtant, il a été immédiatement classé comme une chanson anti-Bush, antiguerre. J’essaie de faire passer mes messages plus finement.

Est-ce paradoxal que tu sois moins bien comprise par tes compatriotes ?

Non, pour une raison parfaitement explicable : j’use beaucoup de l’ironie dans mes paroles. Et l’ironie est très mal interprétée par les Américains. Question de mentalité. Nous ne sommes pas très forts pour l’autodérision.

La polémique déclenchée par cette incompréhension t’a-t-elle confortée dans ton rôle de provocatrice ou aurait-elle plutôt terni l’excellence musicale du disque ?

Honnêtement, sans être blasée, je dirai que c’est comme d’habitude. Je suis évidemment contente, quand je sors un disque, qu’on en parle, qu’il y ait des retours, des empoignades. C’est un des buts de l’art, non, qu’il touche les gens ? Et c’est normal que les avis soient divergents. C’est intellectuellement plus stimulant que l’unanimité.

Oui, mais là, la polémique t’a forcée à retirer ta vidéo où on voyait George W. Bush une grenade entre les mains. Tu n’as pas l’habitude de céder, ce n’est pas « comme d’habitude »…

Oui. Mais il ne faut pas prendre ce retrait pour un renoncement : c’est une stratégie. J’ai une vision globale de mon action artistique. Si je veux inscrire cette action dans un dessein révolutionnaire, si je veux changer le monde, je dois le faire de façon judicieuse. Vu les événements politiques du moment, j’ai estimé que le passage en force n’aurait pas été bénéfique. J’ai donc opté pour l’apaisement, pour l’instant, pour rester dans une position de force par la suite. Car j’ai toujours l’ambition d’être révolutionnaire. Ce n’est pas juste un mot : c’est un plan.

Dans quel sens te considères-tu comme une artiste politique ?

Eh bien, déjà, j’en n’ai toujours rien eu à foutre du politiquement correct. On a raconté tellement de choses négatives sur moi que j’ai dû me blinder, adopter le discours « Ils racontent des conneries, je sais que ce qu’ils me collent comme image, ce n’est pas moi, donc mieux vaut m’en foutre. » Ce n’est pas de l’insensibilité, je prends ça comme un privilège, parce qu’en réaction, je réagis à l’instinct, sans me plier au moralisme ou à la fausse bonne conscience. Je suis libre et ça, c’est politique ou, tout du moins, la meilleure position pour être politique, pour s’engager sans entrave. On me prend pour une folle ? C’est parce que je suis libre.

Le fait d’être riche et célèbre représente-t-il un frein à ta crédibilité d’artiste engagée ?

Non, je considère que ma popularité est un présent, un atout. La crédibilité, tu peux l’avoir même si tu es populaire, ça dépend juste de ce que tu fais de ta célébrité. Tu peux devenir hautain, oisif, démago… Moi, je ne l’utilise pas pour brosser les gens dans le sens du poil mais pour rendre l’impact de mes disques plus important. Je me sens libre, libérée.

Ta célébrité date des années 80. Reagan était président des Etats-Unis, tu chantais « Material Girl ». Dois-tu lutter pour échapper à l’image de produit du libéralisme yuppie ?

Mais les paroles de Material Girl critiquaient justement cela ! C’était de l’autodérision. (Elle fredonne) Experience has made me rich / And now they’re after me, ‘cause everybody’s / Living in a material world / And I am a material girl… Ça va à l’encontre du schéma yuppie : le mec est riche, il s’offre une jolie fille. Les 80’s, c’est la décennie de l’obsession de soi-même. Et j’étais comme ça, obsédée par ma personne. (En français) C’était la même chose pour moi.

Tu parles de « Material Girl » mais on a l’impression que c’est avec « American Life » que tes paroles deviennent plus importantes…

Mais non ! En fait, depuis « Ray of Light », en 1998, je m’ouvre de plus en plus au pouvoir des mots. Je réfléchis plus à ce que j’écris, et plus à la façon dont les auditeurs appréhenderont mes textes.

Mais tes paroles ne seront jamais ressenties de façon aussi captivantes que celles de Dylan ou Public Enemy…

Je ne me compare pas aux autres artistes. Je souhaite qu’on comprenne mes textes et qu’on voit qu’ils ne sont pas juste là pour accompagner les mélodies.

Tu situes ton intérêt pour les mots à partir de « Ray of Light ». Auparavant, c’était plutôt ton image qui provoquait des remous. Ton livre « Sex » a-t-il été conçu pour provoquer ou pour faire avancer les mentalités ?

C’était une période de ma vie où j’avais besoin d’exprimer une sorte de rage que je ressentais à l’égard de tabous persistants. C’était contre les gens qui pensent que les femmes sont divisables en deux catégories : les femmes sexy et les femmes intelligentes. Ce livre proclamait : je suis en charge de mon sexe et je suis aussi capable de penser. Ce que je pense ? Que les catégories doivent tomber, que les femmes ne doivent pas être rangées dans des boîtes. J’avais besoin de me libérer et Sex prouvait que je ne suis pas une femme-objet, que je fais ce que je veux de mon corps. C’est moi qui tire les ficelles.

Quel est le lien avec la musique ?

American Life aussi participe de l’affranchissement. Ce disque affirme ma propre libération du monde où je suis poussée, celui des illusions. Au départ, que ce soit avec Sex ou avec American Life, et je le fais pour moi, pour ma propre révolution intérieure, sachant que derrière, avec ma popularité, j’entraîne le monde avec moi.

Tu représentes le rêve américain. Tu es partie de rien, et maintenant, tu es riche et célèbre…

Ah, ah, ah ! Et alors ?

Dans ce nouvel album, tu critiques la soif de célébrité. Tu préférerais finalement être une artiste underground ?

Non, je te l’ai dit : je considère ma popularité comme un privilège. Et je suis consciente des illusions qui entourent la célébrité. Et puis, de toute façon, c’est trop tard pour moi, je ne peux pas faire marche arrière, ce serait… Je vais toujours de l’avant.

Il n’y a pas de regrets…

Non, ce n’est pas une complainte sur mon statut, c’est un constat : considérer la célébrité comme une fin en soi, c’est de la merde. C’est un désir faux qui a complètement perverti le rêve américain. Moi, aujourd’hui, ma célébrité, je ne la considère pas comme une fin en soi, mais comme un moyen pour toucher les gens. Ton magnétophone capte ? (Elle approche le micro de sa bouche) Bullshits, bullshits ! Mensonges, mensonges ! L’Amérique sucks ! Bon… Do you believe en l’amour ?

Oui. Tu dis n’avoir aucun regret par rapport à ce que tu es devenue. Mais éprouves-tu de la nostalgie quand tu de la nostalgie quand tu penses à tes débuts, le New York de 1980-1983, quand tu participais à toute l’émulation créative entourée de tes amis Jean-Michel Basquiat, Maripol, Fab Five Freddy, les DJs du Funhouse et de la Danceteria ?

Oui, rétrospectivement, c’était une période très excitante. Ils me manquent : Warhol, Keith Haring… Mais je ne suis pas nostalgique. Car je me sens mieux dans ma peau aujourd’hui qu’il y a vingt ans.

A cette époque, tu étais juste une branchée, tu jouais dans les clubs comme le Paradise Garage ou le Danceteria. Vivais-tu pleinement cette étape de ta vie ou la considérais-tu comme la première marche pour un succès mondial ?

J’espérais bien ne pas rester limitée à la Danceteria. Mais je n’étais pas alors obsédée par la célébrité. C’est venu juste après.

Les médias sont aujourd’hui plus intéressés par ta vie privée que par ton talent musical. Te sens-tu responsable de cet état de fait ?

Non. Mais je ne lis plus ce qu’on dit sur moi. Donc ce n’est pas non plus un problème, il me faut juste zapper les pages qui me sont consacrées quand je feuillette un magazine.

Tu as souvent recruté des producteurs pointus pour tes disques, de Jellybean Benitez à Nellee Hooper en passant par Nile Rodgers. Le choix de Mirwais sur la moitié de « Music » t’a incontestablement apporté un souffle nouveau. Quel était ton but pour le son de « American Life » ?

Euh… Avant l’enregistrement, il n’y avait pas vraiment de but précis au niveau du son. Qu’est-ce que tu en penses, Mirwais ?

Mirwais : Le but, en dehors de la réussite artistique, c’était de prendre du plaisir pour arriver à une combinaison fructueuse.

Madonna : Dire la vérité, avoir du bon temps. Que notre collaboration soit une osmose entre nos différentes sensibilités. Donc, au départ, il n’y avait pas de concertation précise pour le son.

Vraiment ? Je pensais que tu accordais plus d’importance à la production de tes chansons, à leur emballage.

Mais j’en accorde beaucoup ! Seulement la couleur sonore n’est pas préméditée, elle se définit au fur et à mesure de l’enregistrement. C’est en studio qu’on « pousse l’enveloppe », qu’on essaie des choses nouvelles.

Mirwais : C’est ce qu’il y a de plus excitant, et de plus compliqué. Chercher les innovations…

Madonna : Et on en a trouvées !

« JE N’AI PAS CHERCHÉ À APPLIQUER LES CONCEPTS DE WARHOL SUR L’ART ET LE BUSINESS. »

En quoi cela est-il différent de travailler avec Mirwais par rapport à Babyface ou William Orbit ?

Ça n’a finalement rien à voir. Mirwais est un artiste différent. Il est plus intellectuel. Il y a eu quelques clash entre nous. Il est d’un compliqué !

Mirwais : Eh, toi aussi ! Tu dis que tu fonctionnes à l’instinct, mais tu es aussi cérébrale.

Madonna : C’est vrai. Bon, toi, en plus, tu es… (en français) amousant. Quelquéfoua, Mirwais, c’est une torero.

Mirwais : Tu serais le taureau, alors.

On te présente parfois comme l’équivalent féminin de Bowie, capable de vampiriser le meilleur de son entourage, de rendre pop les avant-gardes. Tu as toujours été forte pour sentir et adopter à ta façon les nouvelles tendances…

Ça me semble primordial pour une artiste, pour aller de l’avant. Mais je t’assure que c’est de ma part plus inconscient que calculé.

Mirwais : Je peux en témoigner, je la connais bien. (S’adressant à elle) Tu ne te focalises pas sur les nouvelles tendances, tu n’es pas une fashion victim, ça te permet de ne pas courir après les modes avec un train de retard.

Madonna : Oui, je fonctionne vraiment à l’instinct ! Je le promets.

Tu connaissais bien Andy Warhol. Il a souvent dit que l’art, le business, le look, l’attitude, tout forme un ensemble indissociable.

Le look et l’attitude sont évidemment importants. Ça permet de se forger une identité forte. Mais je ne prends pas les considérations de Andy Warhol au pied de la lettre. Même si c’était un ami, il ne fait pas partie de mes auteurs de chevet. Oui, il a dit des choses importantes concernant le rapport entre l’art et le business, mais je n’ai pas cherché à appliquer ses déclarations, j’ai très rapidement appris par moi-même, et je pense que j’en sais largement autant que lui sur le sujet depuis un bon bout de temps.

Considères-tu que la musique se doit d’être novatrice pour marquer son époque ?

Mmmh… Je ne cherche pas à être avant-garde mais à faire la musique que j’aime. Et celle-ci n’est pas novatrice à tout prix.

En 2001, avec « Get Ur Freak on » (Missy Elliott) et même « Slave 4 U » (Britney Spears avec les Neptunes), ce sont des succès mainstream qui se sont retrouvés à la pointe des avancées musicales. En 2000, « Music » imposait le même challenge. Comment expliques-tu ce miracle ?

Je n’ai pas cherché à analyser ça. Ce qui ne m’empêche pas de m’en féliciter. Missy Elliott a d’ailleurs remixé American Life. Cette chanson prouve qu’on peut être à la fois novateur et numéro 1 dans les charts. Il y a des disques underground que j’aime, des chansons populaires que je déteste, et inversement. On sait bien que ce n’est pas un gage de qualité, underground ou mainstream. Et ce n’est pas parce que je suis une artiste populaire que je vais défendre toute la musique populaire.

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Depuis les années 80, avec MTV, Michael Jackson, toi, la musique est définitivement entrée dans son âge industriel. Faut-il s’en plaindre ?

Oui, la musique est une industrie. Mais pas seulement. C’est toujours un art. Et c’est évidemment le côté artistique qui me passionne, qui me pousse à continuer d’enregistrer des disques. La musique reste avant tout pour moi un moyen d’expression. Ce qui ne veut pas dire que je néglige tout le côté « industriel » : je cherche à vendre le plus de disques possibles pour avoir l’audience la plus grande possible. Je soigne donc la promotion, les clips… A quoi ça sert d’avoir des visées révolutionnaires si seulement dix personnes t’entendent ?

Benoît Sabatier