À POIL ?

Edito 251

C’est terrible. Cet été, je ne partagerai plus, comme j’avais pris l’habitude de le faire ces dernières années, un ouzo ou deux en fin de journée avec Alain, une connaissance de vacances. Nous nous retrouvions à la terrasse d’un minuscule bar posé sur le port de notre île des Dodécanèse préférée et, à défaut de refaire le monde, nous échangions quelques banalités sur la famille, les affaires ou ce que nous avions vu la veille sur Netflix. Ça m’allait très bien. Sur ses activités professionnelles, je savais qu’il « bossait dans la télé » (je n’ai pas compris ce qu’il y faisait précisément, si ce n’est qu’il se sentait obligé une fois par an de changer la déco de son bureau). Mais j’ai quand même appris, alors que nous nous croisons qu’exceptionnellement à Paris, que son couple n’avait pas survécu au confinement. Et qu’il laissait la maison grecque à son ex. Dans quelques jours, je me retrouverai donc seul pour grommeler « yamas ! » en levant un verre bien dosé…

Avec l’été 2021 qui nous tombe dessus, le premier « post-confinements », difficile de ne pas faire quelques bilans. Les résolutions qu’on s’est fixées ces 15 derniers mois tiendront-elles ? Notre couple, sorti plus ou moins indemne de la corvée « home office », survivra-t-il à la reprise ? Et notre aversion au « bullshit pro », qui s’est renforcée en bossant à distance, est-elle vraiment compatible avec la vie de bureau ? On verra bien… 

Quand on passe plus d’un an à gamberger sur ce qui est « essentiel » ou non, ça laisse des traces. Les magasins sont vidés (merci Vinted et Back Market), les bureaux à moitié plein (merci Zoom) et, le plus spectaculaire, nos ami(e)s se passent régulièrement de leurs vêtements. Bye bye le textile, bonjour les cours de yoga tout nu… Less is more ? J’aurais bien aimé en parler avec Alain – en testant pourquoi pas la plage naturiste à 300 mètres du port – mais son couple ayant été classé « inessentiel », il va falloir que je me trouve un nouveau pote d’apéro. 

Bienvenue donc dans ce numéro pour lequel nous nous sommes débarrassés de nos vêtements pour nous concentrer sur l’essentiel. Comme si, dans une société de plus en plus décomplexée (tant mieux), la fringue devenait accessoire… 

Bonne lecture, on se retrouve début septembre,

Laurence Rémila
Rédacteur en chef