Pour découvrir le futur du cinéma, c’est au festival de Saint-Jean-de-Luz que ça se passe… À l’occasion de la douzième édition, rencontre avec son directeur artistique, l’épatant Patrick Fabre.
Alors que le cinéma traverse une grave crise, en quoi un festival comme Saint-Jean-de-Luz, tourné vers les cinéastes d’avenir, est important ?
Patrick Fabre : Nous montrons des premiers et deuxièmes films, des petits films en terme de budget, distribués par de petits distributeurs, qui n’ont pas toujours la possibilité d’être montrés en amont pour avoir un vrai bouche-à-oreille lors d’une tournée de province. Un festival comme Saint-Jean-de-Luz leur offre une visibilité pour leur sortie, c’est notre premier travail, permettre la rencontre avec le public. Car il y a chaque semaine beaucoup d’appelés mais vraiment peu d’élus… Le festival permet également aux journalistes de découvrir ces films.
La période est également difficile pour les festivals.
Notre problématique, c’est la problématique actuelle de la culture, à savoir l’argent. On court après les partenaires, les sponsors, les généreux donateurs et la compétition est rude car l’argent manque. Nous avons la chance d’être bien soutenu par la ville de Saint-Jean-de-Luz, qui produit le festival, et nous avons des partenaires qui croient en nous, même si certains décrochent. Pour les institutions, c’est également difficile, même si nous sommes bien soutenus par le Département.
Le concept du festival, c’est de présenter du « cinéma d’auteur grand public » ?
Absolument. Je suis très fan du cinéma de Cédric Klapisch et au départ, quand on m’a demandé quelle était mon ambition pour Saint-Jean-de-Luz, j’ai aussitôt donné cette définition, du cinéma d’auteur grand public. Du cinéma intelligent, qui traite des thématiques de son époque et qui s’adresse au plus large public.
Un des points forts de ce festival, c’est la possibilité pour le public de rencontrer les équipes qui viennent présenter leurs films, ce que l’on voit rarement ailleurs.
J’y suis très attaché, même si c’est difficile d’y parvenir. Nous avons environ 10 000 spectateurs, le public peut voir tous les films et il y a toujours un dialogue entre les spectateurs et les artistes. La taille du festival, la proximité, encouragent le dialogue et suite à des rencontres lors du festival, il y a eu plusieurs collaborations entre des artistes qui étaient invités : Florence Loiret Caille et les réalisateurs Sirot & Balboni, Christian Carion et Mélanie Laurent, le musicien Alex Beaupain contacté par un producteur sur place…
Quels sont les points forts de cette édition 2025 ?
On augmente notre travail sur le court-métrage, on passe de huit à dix films en compétition et on s’ouvre au cinéma d’animation. On invite tous les réalisateurs, les producteurs, on fait un boulot formidable avec les établissements scolaires de Saint-Jean-de-Luz et l’année dernière, on avait fait venir 2 000 jeunes, on a une sélection paritaire sur les courts et les longs. D’ailleurs, les femmes sont à l’honneur cette année, notamment avec La Femme de, signé David Roux, ou Louise, de Nicolas Keitel, avec Cécile de France, qui sera avec nous, ou encore The New West, de Kate Beecroft. Et en ouverture, on présente La Petite Cuisine de Mehdi, d’Amine Adjina. Cette année, notre président est Hugo Becker et nous projetterons La Ligne de vie, un court-métrage entre Les Sentiers de la gloire et Un long dimanche de fiançailles !
Toutes les infos sur www.fifsaintjeandeluz.com
Par Marc Godin