LUDMILLA MAKOWSKI : « BRÛLER D’INTENSITÉ »

Ludmilla Makowski

À 26 ans, Ludmilla Makowski crève l’écran dans la saison 2 de Culte et trace son sillage entre romance nineties et thriller international. Rencontre sous couverture…

Tu joues Ellie – l’amoureuse d’un des 2Be3, et chanteuse elle-même – dans la saison 2 de Culte (en octobre sur Prime Video).
Ludmilla Makowski : C’était un peu un rêve de gosse : j’ai grandi avec les comédies musicales, les films romantiques, l’univers des années 1990. Et puis j’ai même enregistré un titre studio dans la peau du personnage. Le morceau existait déjà, mais on a bossé pour qu’il me ressemble et j’adore le résultat.

Qui est Ellie, ton personnage dans Culte ?
Ellie, c’est une chanteuse très talentueuse, qui compose, écrit, chante… mais ça ne prend pas. Et un jour, en studio, elle rencontre Franck, l’un des 2Be3. Coup de foudre. Ils tombent amoureux, mais tandis qu’il explose médiatiquement, elle reste dans l’ombre. Ça crée une vraie tension : comment trouver l’équilibre quand l’un réussit et l’autre rame depuis dix ans ? Elle est fière de lui, mais elle ressent aussi de la frustration, une jalousie un peu honteuse qu’elle ne contrôle pas. C’était fort de plonger dans ce sentiment moche mais profondément humain qu’est la jalousie.

À quel moment t’es-tu dit que tu deviendrais comédienne ?
Le tout premier déclic, c’est Les Demoiselles de Rochefort que ma mère m’a montré. J’ai tout de suite été fascinée, c’est resté un de mes films préférés. Mais le vrai déclic, c’est James Bond : Casino Royale. J’étais au cinéma avec mon père, je me suis tournée vers lui et j’ai dit : un jour, je serai James Bond girl !

Rapidement après, tu débutes le théâtre, d’abord en cours du soir puis au Cours Florent…
Oui, j’ai commencé le théâtre à huit ans, dans des petits cours de quartier, jusqu’à mes seize ans. Puis j’ai fait une pause pour me concentrer sur le bac, j’étais vraiment une élève catastrophique. Dès que je l’ai eu, je suis allée directement au Cours Florent, en section comédie musicale. À la maison, le deal était clair : tu décroches ton bac, et après tu fais ce que tu veux.

De quelle façon le théâtre a-t-il nourri ton jeu ?
Ça libère, énormément : la voix, la parole, l’articulation. Ça a tout changé. Et puis tu n’as aucun filet. c’est l’hommage suprême à l’instant présent, si tu lâches, tout s’écroule. Au début, ça me mettait une pression folle, maintenant, la scène, c’est mon cocon. Je me souviens d’une pièce qui m’a bouleversée : L’Idiot, mis en scène par Vincent Macaigne. Ça commençait dehors, sur la place comme une manif. Ensuite on rentrait dans la salle, des dizaines de gens montaient sur scène, il y avait une mousse party au milieu du chaos, ça hurlait dans tous les sens. Je suis sortie en me disant que j’avais détesté. Et puis finalement… c’est la pièce qui m’a le plus marquée de ma vie.

D’abord la scène, puis des séries : Au Pair, Lupin ou Les Siffleurs… C’est une démarche consciente d’explorer plusieurs genres et registres ?
Au début, je voulais jouer uniquement des rôles puissants, qui crient, qui s’imposent. C’était une manière d’extérioriser ce que je ne montre pas dans la vraie vie. On m’a souvent enfermée dans l’image de la blonde aux yeux bleus, donc forcément douce, romantique, un peu niaise… Alors qu’à l’intérieur, je me sens brûler d’intensité. Avec le temps, j’ai commencé à accepter des rôles plus romantiques, plus doux. Et paradoxalement, c’est beaucoup plus dur pour moi, parce que plus intime.

La musique est arrivée un peu plus tard dans ta vie.
J’ai toujours aimé chanter, mais c’est dans les creux, entre deux castings, que ça a pris forme… Je m’ennuyais et j’avais besoin de m’exprimer. La musique, c’est plus intime que le jeu, ce que j’écris, c’est des souvenirs, des projections, des sensations. J’ai commencé par des covers sur Instagram, un peu à tâtons. Et puis des rencontres, des retours, et l’envie d’écrire pour moi. Aujourd’hui, je travaille sur mon premier EP qui devrait voir le jour en décembre !

Tu as aussi réalisé un court-métrage, Où les marguerites poussent.
J’y ai pris beaucoup de plaisir, et surtout, ça m’a permis de prendre du recul sur les refus qu’on peut recevoir en tant qu’actrice parce que, cette fois, c’était moi qui faisais passer les castings.

Tu disais que ton rêve ultime, ce serait de jouer une James Bond girl… Tu t’en rapproches, non ?
Ah ah, clairement, je fais mes premiers pas dans l’espionnage. J’ai tourné récemment dans une grosse production : Billion Dollar Spy (qui sortira en 2026, ndlr), un thriller de Amma Asante, inspiré d’une histoire vraie sur fond de guerre froide, avec Russell Crowe, dans lequel j’interprète une agent du KGB. C’était impressionnant comme expérience: tournage à l’étranger, en anglais, grosse prod’ américaine avec des centaines de personnes sur le plateau… J’ai cru mourir de stress, mais c’était génial.

 

Par Max Malnuit
Photo Axel Vanhessche