WITHOUT THE FACE, DIVA MASQUÉE : « UN SON QUI FAIT ROULER DES FESSES »

without the face

Après avoir sorti ses deux premiers singles, la chanteuse pop Without The Face s’apprête à dévoiler son premier album. En attendant, on lui parle masques, Harley Davidson et le secret pour faire bouger les hanches. Interview à visage (dé) couvert.

Le masque c’est pour faire comme Kanye West ou plutôt Daft Punk ?
Without The Face : Ni l’un, ni l’autre. Daft Punk et Kanye West, on connaît leur état civil, ce n’est pas mon cas. 

Pourquoi le masque alors ?
Avant de démarrer dans l’industrie musicale, j’étais mannequin. Quand je rencontrais les labels, ils demandaient le full package, le son et l’image qui va avec. Ça ne me correspondait pas. Donc j’ai choisi de porter un masque pour laisser parler la sale môme que j’ai en moi. Elle est vivante et ressurgit dès que je le porte au visage.

Tu le gardes tout le temps ?   
Je suis une vraie fasciste du masque. J’ai déjà fait mes courses avec (rires) ! Je fais de l’escalade avec, aussi. On perd la vision périphérique, c’est difficile. Le seul endroit où je l’enlève, c’est dans le studio d’enregistrement.

« UN JOUR, JE SUIS SEXY, UN AUTRE ANDROGYNE… C’EST MON ARMURE. » 

 

Comment tu te sens dedans ?
Je me sens renaître ! Un jour, je suis sexy, un autre androgyne… C’est mon armure de croisade. Il me permet d’affirmer que j’ai le droit d’être ma propre création, j’ai le droit à ma liberté au même titre que les hommes. Dans l’industrie musicale, c’est un truc aussi bête que l’égalité salariale.

C’est le message de ton premier single « Forever Young – Just an illusion » ?
Il y a de ça. Être jeune, c’est pouvoir appuyer sur le bouton « Fuck les conséquences ». C’est penser que ce n’est pas l’autre qui va décider ce que je ressens.

C’est le secret de la jeunesse éternelle ?
Ça me fait penser à une chanson de Philippe Katerine, qui sort toujours un truc profond au milieu d’une chanson absurde. Il parle d’assiettes et dit que « souvent, les objets vivent plus longtemps que les gens ». Pour moi, envoyer bouler les conséquences, c’est une façon d’avoir le même âge toute sa vie.

Le même message qu’on retrouve sur ton clip « Touching the sky »… 
Carrément ! Avec la figure de Florès (une ancienne danseuse du cabaret l’Alcazar). Elle fait la fête et finit par trouver une personne qui lui correspond malgré la différence d’âge qui les sépare. 

Dans l’un de tes deux singles, tu dis : « Let me grab your perfect body, let me ride you like a Harley ». T’as déjà fait de la moto ?
Une fois et c’était catastrophique ! Je suis plus à l’aise sur quelqu’un que sur une moto (rires).

Pourquoi es-tu devenue chanteuse ?
J’ai commencé à chanter enfant parce que je ressentais le besoin de me raconter des histoires. J’étais une petite rêveuse. J’ai grandi entre la Réunion et Madagascar. Il y a de la musique partout, de Bob Marley aux rythmes afro-caribéens. Et mon père écoutait de la musique très variée, tout le temps. Puis j’ai gagné ma vie avec la mode, un monde dans lequel on commence toujours trop jeune, dès quatorze ans, lorsqu’on commence à ressembler à une femme… Chanter, c’est devenu ma bulle de respiration.  

Il ressemblait à quoi le premier son que tu as produit ?
Quand j’ai osé présenter quelque chose pour la première fois à Liovement Trax, le producteur avec qui je travaille maintenant, c’était une vraie étape pour moi. Avant ça, je faisais des voix de studios, pour Disney par exemple, bien confortablement planquée dans un studio. Je me souviens lui avoir dit « Je te montre, tu regardes pas, tu te bouches les oreilles ». J’avais l’impression de me mettre à poil.

Que cherches-tu quand tu composes un titre ? 
Un son qui fait rouler des fesses. Ça vient probablement de mon enfance dans l’océan indien. Si les gens ont le réflexe de danser avant même de savoir si ça leur plaît ou non, c’est mission réussie pour moi.

C’est quoi la recette pour faire rouler des fesses ? 
Souvent, Trax, mon producteur, trippe sur un son qu’il vient de créer. Parfois il n’y a même pas d’accord, pas de riff. Juste une texture. Puis je pose ma voix, en yaourt. Je préfère mettre de l’énergie dans le corps plutôt que de faire de la poésie dans mes textes. C’est pour ça que je chante en anglais d’ailleurs. Les consonnes sont plus rondes et molles.

Ton premier album sortira l’année prochaine. On trouvera quoi dessus ?
De la pop, de l’électro, de la dancehall, un titre un peu plus reggae. De l’EDM aussi pour la touche moderne, qui pulse. Et la techno-pop des années 1980 !

D’ici la sortie de ton album, une adresse WTF à nous recommander pour cet été ?
Vous n’avez qu’à me suivre ! Avec mon masque, partout où je vais, je crée un endroit WTF.


Par 
Guilhem Bernes
Photo Alexandre Lasnier
Stylisme Lia Dillenseger

@Withoutthefaceoff
Touching The Sky
Collant Emilio Pucci Vintage 
Veste Courège Vintage 
Top Tom Van Der Borght