TOUS ESCORT ?

tous escort ? Technikart

Et si les hommes devenaient escort pour mieux saisir les désirs féminins, comprendre le fonctionnement de leur sexualité, et devenir plus matures ? Avec légèreté, humour et intelligence, c’est le pari de Escort Boys (Prime Video) du réalisateur Ruben Alves.

Légende photo : HEY, HONEY_ Les productrices Myriam Gharbi De Vasselot et Charlotte Toledano Detaille ont demandé à Ruben Alvès d’adapter la série israélienne Milk and Honey. Résultat ? Les acteurs (de gauche à droite) Guillaume Labbé, Corentin Fila, Simon Ehrlacher et Thibaut Evrard incarnent quatre apprentis Escort Boys… Yihaaa !

Avec sa réjouissante série Escort Boys, le réalisateur Ruben Alves affirme un peu plus encore sa marque de fabrique : passer par la radicalité du kitsch pour affleurer des notions d’une extrême complexité. C’était Alexandra, joué subtilement par Alexandre Wetter, dans Miss, en 2020, – un jeune homme se sent jeune femme, il va alors tenter de remporter le concours de Miss France pour s’affirmer et trouver le courage d’être celle qu’il souhaite être –, qui questionnait l’idée de féminité. Ce sont Ben, Mathias, Ludo et Zach, respectivement interprétés par Guillaume Labbé, Simon Ehrlacher, Thibaut Evrard et Corentin Fila, qui reprennent leurs vies en main et interrogent le concept de masculinité en devenant escort.

Dans un décor de western moderne et sexy, en Camargue, quatre mecs paumés, largués dans un entrelac de problèmes ordinaires (le deuil, l’argent, le couple et la famille), grandissent, comme mûrissent les personnages balzaciens, en vendant leur corps – pour certains, ultra stéréotypé (les muscles saillissent au milieu de la poussière camarguaise). Comme dans Miss, les émotions sont diffuses : on rigole, on s’attriste – et on réfléchit. Qu’est-ce que ces quatre escorts nous disent de la masculinité aujourd’hui ?

L’affiche est trompeuse (quatre mecs sur le devant de la scène), car c’est par l’exposition de la profusion des désirs féminin que Ruben Alves examine la masculinité. Défilent des demandes aussi contemporaines que vieilles comme le monde : du sexe intersectionnel au réconfort émotionnel, commander un escort dépasse ici l’imaginaire plat de la pornographie, quoiqu’elle-même abordée à travers les traits de Corentin Fila (dit Zach).

En six épisodes d’environ quarante minutes chacun, Escort Boys, dont la trame se noue autour d’un domaine apicole au milieu des flamants roses, parvient à toucher le Graal pour une série : nous obliger à la dévorer, vite.

Quant à savoir ce que signifie être un homme aujourd’hui, c’est au spectateur de s’interroger : la réponse n’est pas donnée en pâture, car elle ne peut être que personnelle. En tout cas, le sexe, qu’il soit monétisé (ici 300 euros la passe), ou non, participe de sa définition. Tournée au printemps 2022, cette série va mettre du soleil sur vos canapés de Noël.

 

Par Alexis Lacourte
Photos Romin Favre