SAMI OUTALBALI, VEDETTE CINÉ : « PAS DANS LA COURSE HÉTÉRO-BIDON »

SAMI OUTALBALI

À l’affiche de Novembre, Sami Outalbali y incarne un flic de la sous-direction anti-terroriste pendant la nuit des attentats du 13 novembre 2015. On a voulu en savoir plus sur ses autres rôles…

Tu es à l’affiche d’un des films les plus buzzés de cette rentrée, le Novembre de Cédric Jimenez.
Sami Outalbali : « Buzzé » ?! On voit qu’on est chez Technikart, là (rires). En tout cas, oui, c’est un film très attendu et à juste titre : d’un côté, il y a le casting (Dujardin, Kiberlain, etc.), de l’autre, le sujet. Pour ma part, j’y joue l’un des policiers de la sous-direction anti-terroriste, aux côtés d’Anaïs Demoustier et de Raphaël Quenard. Et c’est une expérience à part, très forte, de jouer dans un film qui s’inspire de notre histoire récente.

L’an dernier, tu t’es fait remarquer grâce à ta performance dans Une histoire d’amour et de désir de Leyla Bouzid et son histoire d’amour très contemporaine. Considères-tu que ton personnage d’Ahmed y incarne une nouvelle forme de masculinité ?
Ahmed est une masculinité qu’on ne montrait pas jusque-là dans le cinéma français. C’est tous ces garçons qui ne sont pas dans la course hétéro-bidon, à la « première fois » et aux conquêtes. Il vient du quartier, donc il montre tout l’opposé de ce qu’on a eu l’habitude de voir au cinéma.

Qu’est-ce que ça fait d’être nominé aux Césars, catégorie Espoir, pour un rôle comme celui-là ?
C’était un rêve de gosse. Je regarde la cérémonie depuis que je suis petit avec ma mère. C’était un rendez-vous, pour une fois, après 20 heures, où la télé ne se mettait pas à grésiller.

Comment ça ?
La cérémonie passait sur Canal et en clair ! Alors que pour les autres émissions, ça basculait en crypté pour les non-abonnés, dont je faisais partie.

Ah oui, bien sûr. Au temps pour moi !
Et surtout j’ai trouvé la sélection très juste et très belle cette année, donc je suis encore plus fier d’avoir pu en faire partie.
 

« JE VEUX FAIRE DES FILMS QUE J’AI ENVIE DE DÉFENDRE. ET RIEN D’AUTRE. » 

 

Et le César a été attribué à ton pote de la série Fiertés
Benjamin Voisin ! Totalement mérité.

On t’a découvert en 2020 dans la série Netflix Sex Education. C’est le projet qui a tout changé pour toi ?
Oui et non. J’avais déjà tourné dans plusieurs séries, ici en France, avant donc j’avais un peu d’expérience. Mais oui, c’était mon premier projet anglo-saxon, j’étais heureux d’aller tourner en Angleterre et de participer à une fiction vue dans le monde entier. Sa dimension internationale m’a permis de me faire connaître un peu partout.

Ce n’était pas ta première série.
Oui, il y avait Les Grands quand j’étais tout jeune. Et y être plusieurs saisons de suite m’a permis de voir le personnage évoluer et grandir. C’étaient mes années collège à moi !

Tu es acteur depuis l’adolescence – ça a changé beaucoup de choses pour toi ?
Ça t’habitue à bosser tôt, à être discipliné, à pouvoir passer énormément de temps seul sur un shooting à l’étranger comme celui de Sex Education. Eh oui, c’est ça, aussi, le métier d’acteur.

Et quel serait un conseil que tu donnerais à un comédien débutant ?
Ce n’est pas mon truc, de donner des conseils. Mais s’il en fallait un, ce serait : se concentrer sur le travail d’acteur, pas la quête de célébrité.

En étudiant ta bio, on a vu que tu jouais dans Les Tuches à onze ans.
Un petit rôle. Ce n’est pas que je n’assume pas, mais parlons d’autre chose !

Ta pub pour Disney quand tu avais trois ans ?
Aucun souvenir !

Okay. En ce moment, tu bosses sur quoi ?
Un projet pour Canal. Mais je ne peux pas trop en parler.

C’est avec ta bande de potes acteurs (Théo Christine, Stefan Crepon…) ?
No comment !

Où te vois-tu dans 10-20 ans ?
J’espère que je continuerai à tourner et arriver à avoir le luxe de choisir absolument tout ce que je veux. Je veux faire des films qui me touchent, que j’ai envie de défendre. Et rien d’autre.

Et réaliser ?
J’ai essayé mais je n’arrive pas à écrire de dialogues, j’ai l’impression que tout est faux. Tu as besoin d’avoir vécu certaines choses pour raconter des histoires. Ça viendra avec le temps d’apprendre à écrire mes propres trucs, à me faire confiance.

Alors, tu fais quoi des dialogues déjà écrits ?
Je les garde dans un coin de ma tête, ou je les note sur un cahier, et j’avance.

Novembre de Cédric Jimenez : en salles


Par 
Gabrielle Langevin
Photo : Jessie Craig (Netflix)