SALMA EL MOUMNI : « LES FILLES DE NOTRE GÉNÉRATION »

Salma El Moumni

Après une scolarité à Tanger, et un passage à l’ENS, Salma, 24 ans, fait paraître Adieu Tanger, un premier roman en forme d’adieu. Interview entre deux villes.

Légende photo : ENCHAÎNÉE_ Salma pose avec le collier de son personnage principal, symbole de son attachement pour Tanger,  

Tes débuts ?
Salma El Moumni : À mon arrivée en France, j’ai suivi une prépa et j’ai intégré l’École Normale Supérieure de Lyon. J’ai ensuite fait un master de littérature comparée, ainsi qu’un master d’édition.

Ton roman parle d’une jeune fille, Alia, et de la relation à son corps, au Maroc puis en France.
Dans le livre, Alia est très consciente de son corps justement parce qu’elle sent que c’est une présence qui dérange, dans la rue à Tanger, et dans la relation avec son père. Au fur et à mesure, ça devient la relation avec son propre reflet quand elle se regarde ou se prend en photo. En France, c’est une relation à son corps marquée par le fait qu’elle est arabe. Par exemple, elle va comparer la couleur de sa peau à celles des femmes qui montent dans le métro ou bien ses traits de visage.

Comment est venu ce sujet ?
Il y a des expériences communes entre moi et mon personnage, comme avec n’importe quelle fille de notre génération. Dans la sensualité qui peut se dégager malgré soi, ou la sexualisation du corps, peut-être plus quand on est une femme marocaine.

La ville de Tanger est un personnage à part entière dans ce livre.
Absolument. Alia a une relation avec la ville qui ressemblerait à une relation d’amour. C’est comme quand on quitte une personne que l’on aime encore. Avec le temps, on imagine son visage, on l’idéalise, on le fantasme…

Tes attentes pour le livre ?
La question du corps est assez universelle. J’espère que certaines personnes se sentiront moins seules quand elles me liront.

Adieu Tanger (éditions Grasset, 180 pages, 18 €)


Par Anaïs Dubois
Photo : Arnaud Juhérian