PARK JI-MIN, L’ART TOTAL : « UN INSTINCT DE SURVIE »

Park Ji-min

À 35 ans, cette plasticienne ultra-polyvalente franco-coréenne, après avoir illuminé le puissant Retour à Séoul (Davy Chou, 2023), prépare une expo pour le mois de juin…

Avant d’être actrice, tu es en premier lieu une artiste plasticienne. Comment décris-tu ton art ?
Park Ji-min : Je fais des recherches identitaires, je m’intéresse vraiment aux espaces de paradoxe qui se créent, quand plusieurs mondes qui a priori s’opposent, finissent par se rencontrer. Etant née en Corée, puis ayant grandi en France, je pense faire partie de cette zone d’osmose.

Les artistes qui t’inspirent ?
Il y a Mimosa Echard et Anne Bourse, dont j’aime beaucoup le travail et avec qui j’ai des résonances en termes de vocabulaire artistique ou plastique. Il y a aussi Dominique Gonzalez-Foerster, dont j’adore le travail, Heidi Bucher et Eva Hesse qui m’inspirent énormément avec Etel Adnan aussi. Et je finirais par Mike Kelley, seul homme dans ma liste, mais quel homme…

Tu as fait tes premiers pas au cinéma dans Retour à Séoul de Davy Chou, sorti en janvier 2023…
J’ai encore du mal à dire que je suis actrice. Le truc, c’est que je n’ai jamais eu de cours, alors j’ai beaucoup fonctionné à l’instinct. Si j’y suis arrivée, c’est sûrement grâce à un instinct de survie. C’est important d’intellectualiser ce que l’on fait, mais on a tendance à oublier que le corps, lui aussi, réagit lorsqu’il est mis à l’épreuve de cette façon.

Tes influences ciné ?
Les films du Coréen Lee Chang-dong (les intimistes Poetry et Burning par exemple) sont incroyables. Et, bien évidemment, Cronenberg. Crash, je l’ai vu un nombre incalculable de fois.

Tu as tourné dans la série La Maison (Apple TV), qui retrace l’histoire d’une Maison de haute couture. Ton rapport à la mode?
Je suis passionnée par le vêtement. Chez Issey Miyake, le travail des plis, des lignes sur un seul tissu, c’est le génie de la simplicité.

Tout le monde se le demande : d’où vient la veste en cuir iconique que tu portes sur l’affiche de Retour à Séoul ?
Ah ah ! C’est un créateur coréen, Juun J. Il fallait une pièce forte, tout en ayant aussi ce côté protection, à la limite de la carapace. On voulait absolument celle-ci et Davy a fait des pieds et des mains pour l’obtenir. Finalement, Juun J était hyper content.

Ça pourrait exister une ligne Ji-Min Park ?
Une ligne je ne sais pas, mais pour une expo que je fais fin juin au FRAC Corse, je vais créer des vêtements qui seront ensuite portés par les performeurs.

 

Par Max Malnuit
Photo Axel Vanhessche