LE FUTUR DU CINÉMA À SAINT-JEAN-DE-LUZ

Le futur du cinéma à Saint-jean de Luz

Pour sa dixième édition, le festival de Saint-Jean de Luz, présente une belle programmation de longs-métrages, invite les futurs grands du cinéma et multiplie les événements sur la côte basque.

Début octobre, le Festival de Saint-Jean de Luz prend le pouls du 7e art en donnant à voir les œuvres de jeunes réalisateurs du monde entier (avec une sélection de premiers et de seconds longs-métrages), quelque chose comme l’avenir du cinéma. Cette année, seront présentés en compétition Les Lueurs d’Aden, formidable histoire d’avortement au Yemen, le film turc Yurt, Les Trois Fantastiques avec Raphael Quenard, Retour en Alexandrie avec Fanny Ardant ou encore Quitter la nuit de Delphine Girard… Signée Patrick Fabre, la programmation est audacieuse, les équipes viennent à la rencontre des spectateurs et le festival est ouvert à un public enthousiaste qui se déplace nombreux, dans le décor de rêve de la côte basque, sous un soleil radieux.

Présidée par Agnès Jaoui, la dixième édition du Festival de Saint-Jean de Luz a débuté avec un concert émouvant d’Alex Beaupain, auteur, compositeur et interprète, compagnon de route de Christophe Honoré, qui a écrit pour Catherine Deneuve, Fanny Ardant ou Romain Duris. Un beau concert où il a égrené ses tubes au piano, accompagné d’une violoncelliste. Avant le film d’ouverture, Les Rois de la piste, avec son casting en or massif (Fanny Ardant, Mathieu Kassovitz, Lætitia Dosch, Nicolas Duvauchelle…), bulle de champagne élaborée par Thierry Klifa à qui l’on a posé quelques petites questions.

« L’idée de départ, c’était de faire un film sur la famille, sur une bande de bras cassés. À l’origine, il y a aussi une rencontre avec une cuisinière à domicile, qui sous une apparence respectable, était une joueuse invétérée. J’aimais bien l’idée des princes sans royaume, ces gens qui repeignent la vie en or, qui croient toujours qu’ils vont se refaire et enfin décrocher la timbale. Après l’épidémie de Covid, une période très sombre pour moi, j’avais envie de légèreté, de comédie, d’aller vers quelque chose d’heureux et que les gens se sentent bien avec mes personnages, comme on se reconnait dans ceux de Philippe Rappeneau. Les Rois de la piste transpire de mon amour du cinéma – qui est la grande histoire de ma vie –  et ce plaisir immense faire des films, que je voulais transmettre avec mes acteurs. 

Travailler avec des Stradivarius, c’est formidable. On a bien dessiné les personnages de la famille au moment de l’écriture, mais je trouvais Céleste, le personnage interprété par Lætitia Dosch, plus faible que les autres. Tout a changé quand elle est arrivée dans le film. Elle m’a inspiré pendant le tournage, elle n’arrêtait pas de me poser des questions. Avec mon scénariste, on a donc réécrit des scènes, des dialogues, et elle crée l’équilibre entre l’intrigue policière et l’intrigue familiale. Elle arrive à faire passer des dialogues qu’aucune autre actrice aurait réussi à faire passer. Avec elle, je me suis permis des séquences qui ne font pas avancer l’action, quand elle raconte ses anecdotes sur sa sœur, mais ce sont des respirations qui donnent au film son identité. C’est un grande leçon que j’ai apprise d’André Téchiné, il ne faut pas être tout le temps dans l’efficacité, il faut laisser au film des respirations, faire dérailler le train… 

Les Rois de la piste est peut-être mon film le plus personnel et j’ai eu un peu de mal à l’aimer, car c’était comme me regarder dans un miroir. Le film reflète mon état d’esprit ; je suis en apparence très joyeux, mais avec un vrai fond mélancolique. Avec mes films, on a souvent parlé de mes beaux castings et ça m’arrangeait. Cette fois, on va peut-être parler un peu plus de moi… Je suis dans tous mes personnages, notamment celui de Mathieu Kassovitz. Je ne suis pas un escroc, un bras cassé, peut-être, mais ce qui est sûr, c’est que je suis toujours plus proche des perdants que des gagnants. » 

Festival de Saint-Jean-de-Luz, du 2 au 8 octobre au cinéma Le Select, Saint-Jean-de-Luz
Plus d’infos : https://www.fifsaintjeandeluz.com
Les Rois de la piste, sortie le 27 mars


Par Marc Godin