Productrice de Zion (Nelson Foix), succès aux Antilles et en métropole, Laurence Lascary incarne un cinéma à la croisée du divertissement et du politique. Rencontre avec une optimiste structurée.
CV_ Passée par StudioCanal, Unifrance et France Télécom, Laurence Lascary fonde De l’autre côté du périphérique en 2008. Elle y produit un cinéma exigeant et populaire, cristallisé par Zion (2025) tourné de nuit en Guadeloupe, avec l’implication forte de la diaspora. Elle est aussi la productrice exécutive attitrée de Raoul Peck – dont le documentaire Ernest Cole, photographe rendait hommage à un regard libre et visionnaire. Le duo créatif sera présent à Cannes avec Orwell 2+2=1.
Quelle productrice es-tu ?
Laurence Lascary : Je suis une enthousiaste, c’est ce qui me pousse à agir. Pas maternante, plutôt une partenaire de jeu, avec une vraie vision. Je suis aussi orientée business, mais pas interventionniste : je délègue beaucoup. Chacun son rôle. J’aime l’aspect structuré, presque militaire, de la production. Et s’il fallait résumer le métier : make it happen.
Tes débuts ?
Aujourd’hui, je suis identifiée, donc c’est plus simple de présenter des projets. L’Ascension m’a donné une vraie crédibilité, et Zion donne envie. Je ne dirais pas que j’ai une « aura » – mot trop confortable – mais mieux vaut faire envie que pitié. Ce qui reste compliqué, c’est la frilosité. Je défends un cinéma populaire avec du fond, de l’émotion, du social, c’est mon ADN. Mais tout le monde n’y est pas toujours réceptif.
Netflix ?
C’est génial, ça confirme que ce qu’on fait est universel. L’Ascension a touché des millions de personnes sur Netflix, ça prouve que nos histoires peuvent voyager, toucher au-delà des frontières.
La suite ?
Des comédies, un thriller, un tournage à Madagascar… Des films avec du sens qui rassemblent. Et surtout, Chaleur sans frontières de Claudia Tagbo, une comédie sur une ONG africaine qui vient sauver les Européens. Tournage en 2026.
Par Raphaël Baumann
Photo Axel Vanhessche