JOSÉ LÉVY : « AMOUR AU JAPON »

josé lévy

L’artiste José Lévy est le Directeur de la Création du Pavillon France pour l’Exposition universelle d’Osaka 2025 et le curateur de la villa Kujoyama. Interview esthète.

En faisant intervenir des artistes et manufactures aussi bien françaises que japonaises dans le Pavillon France, sur la base de quoi avez-vous créé le dialogue entre ces deux nations et cultures ?
José Lévy : Je ne connais personne en France qui n’aime pas le Japon, à part quelques originaux qui veulent être des originaux. C’est cela qui me plaît : il y a une fascination réciproque, de notre côté, allant des plaisirs raffinés de la nature et de la délicatesse du Japon, aux cultures les plus populaires, voire aux plaisirs les moins élégants.

En tant que Directeur de la création pour celui-ci, quel a été votre rôle ?
De m’occuper de tous les espaces hormis l’exposition permanente, dont la curatrice est Justine Emard. Mon rôle est de montrer au Japon une scène française patrimoniale, contemporaine et de demain, capable d’entrer en dialogue avec ce pays. J’ai suivi trois pistes : les arts décoratifs français, les arts décoratifs japonais et la nature. Chacune des œuvres et des pièces s’en inspirent.

Le thème du Pavillon France est l’hymne à l’amour. Votre interprétation ?
J’ai souhaité mettre en avant une scène française qui montre son amour pour le Japon. Par exemple, pour le salon protocolaire, j’ai utilisé le mobilier de Pierre Paulin. Des objets historiques, statutaires et très beaux, que j’ai légèrement abaissés, pour faire le lien avec le salon japonais. L’entreprise du sud-est de la France, Sokoa, a conçu trois chaises, habillées aux couleurs de la France, du Japon et de l’Amour, pour former un « Trio Amoureux » qui sera disposé parmi 140 autres chaises dans la salle de conférence du Pavillon France. À retrouver, à la manière d’un « Où est Charlie ».

Comment créer un espace français en dialogue avec l’architecture japonaise ?
L’intimité, c’est la clé. Fabriquer de nouveaux objets, en 2025, c’est gonflé. Pour ajouter une pièce à la masse qui existe déjà, il faut savoir précisément à qui elle s’adresse. Ici, il s’agissait de montrer que le travail des artistes français peut entrer en résonance avec les métiers d’art japonais. Par exemple, la maison de savoir-faire japonais Kouseido, présente au Pavillon France, se met au service du design français, pour des créations transversales, qui ont beaucoup de sens pour cette Exposition universelle.

L’architecture de cette Exposition universelle a été réalisée par Sosuke Fujimoto.
J’ai hâte de la voir ! J’ai beaucoup de respect pour lui et pour son travail. On a la chance, avec le pavillon France, d’être face à l’entrée, à côté du pavillon japonais. C’est un honneur.

Le lendemain de l’inauguration du Pavillon France à Osaka, le 13 avril, vous serez à la Villa Kujoyama, à Kyoto, dont vous avez également assuré la curation et la scénographie, pour les 10 ans de résidences artistiques depuis sa rénovation.
Je me sens comme son fils. La villa a été très importante pour moi. J’ai demandé à tous les anciens participants de témoigner en vidéo de ce que la villa leur a apportés humainement, pour en faire un film hommage. C’est un espace rare, puisqu’ici, les cultures et les arts français et japonais sont en constant dialogue.

Exposition universelle d’Osaka, du 13 avril au 13 octobre 2025 et inauguration de la Villa Kujoyama, le 14 avril 2025.

 

Par Alexis Lacourte
Photo Mickael Lafontan