GERARDMER 2023 : 30 ANS ET BEAUCOUP DE DENTS

Wolf Hunting

Depuis 30 ans, le festival de Gérardmer prend la température du cinéma fantastique et d’horreur. Et s’il fait froid autour du lac, le thermomètre va bientôt imploser dans les salles de la petite station des Vosges.

Tous les ans en janvier, c’est la fête à Gérardmer, un des festivals de cinéma les plus sympas et les plus pertinents du circuit. Pendant cinq jours et cinq nuits, on peut découvrir une dizaine de films en compétition, des rétros, des curiosités, des docs, des nuits spéciales… Et dans une ambiance survoltée, un public de fidèles vient communier devant des films d’horreur trash ou des œuvres magnifiques, inclassables, comme au fil des années It follows de David Cameron Mitchell, 2 Sœurs de Kim Ji-woon, Dark Water de Hideo Nakata, Morse de Thomas Anderson, Bone Tomahawk de Craig T. Zahler ou Saint Maud de Rose Glass…

Cette année, la trentième édition est coprésidée par Bérénice Bejo et Michel Hazanavicius, avec un jury composé de Catherine Ringer, Alex Lutz ou Gringe. Au programme, des hommages à Kim Ji-woon et Jaume Balagueró, une nuit blanche, des reprises (Meurtres sous contrôle, The Host, La Nuit des morts-vivants, Faux-semblants…), un doc sur les rapports de David Lynch avec Le Magicien d’Oz, des avant-premières (Knock at the Cabin ou Projet Wolf Hunting) et la compétition. Une section compétition lancée avec le très anémique Blood de Brad Anderson (The Machinist), l’histoire d’une maman infirmière, Michelle Monagham, dont le gamin souffre d’une étrange addiction au sang humain qu’il doit ingérer en grande quantité, sous peine de mourir. Le film, sous influence de Stephen King, décrit le vampirisme comme une addiction, mais hésite entre gros mélo familial et film d’horreur, et accumule les scènes convenues, malgré quelques idées intéressantes.


GORE ET QUEUE DE CHEVAL

Avec le film allemand Piaffe, l’Allemande Ann Oren raconte quant à elle l’histoire d’une jeune femme introvertie, bruiteuse dans le cinéma, qui voit une queue de cheval lui pousser au bas du dos. C’est une œuvre poétique, fiévreuse, fétichiste, avec une succession de scènes à la fois surréalistes (la sexualité des fougères), sensuelles, une fable troublante sur la découverte du corps et la fluidité du genre. Gros choc.

Mais la claque du festival, c’est le film coréen Projet Wolf Hunting qui commence comme un thriller high tech avec 47 de criminels transférés de Manille à Séoul par des flics d’élite dans un immense porte-conteneurs. Ça ressemble à une production Jerry Bruckheimer, avec des tueurs psychopathes au look de vedettes de K-pop. Mais très vite, le réalisateur fait gicler l’hémoglobine et on découvre – interdit – que le corps du Coréen moyen contient au moins 50 litres de sang et que l’explosion de crânes, avec des outils aussi divers que variés, est le sport national. C’est déjà insoutenable, mais le scénariste nous sort en bonus un monstre invincible des soutes du navire, qui pulvérise tout sur son passage et qui aime bien arracher les membres de ses victimes avant de s’en servir comme gourdin pour en estourbir d’autres… C’est ouvertement gore et pop, un poil basique et répétitif mais ultra-fun.

K.O. technique !

Gérardmer, jusqu’au 29 janvier
https://festival-gerardmer.com/2023/

Par Marc Godin