FESTIVAL REIMS POLAR : RENCONTRE AVEC LÆTITIA DOSCH

LES ROIS DE LA PISTE

Comédienne, dramaturge, danseuse et metteuse en scène, la sémillante Lætitia Dosch, vue récemment dans Les Rois de la piste, est juré au festival Reims Polar. Et sera à l’affiche de deux films lors du prochain festival de Cannes.

Pourquoi avez-vous accepté d’être juré au festival Reims Polar ?
J’avais envie de voir des enquêtes. Je suis très polar en ce moment. J’ai vu Killers of the Flower Moon, puis j’ai lu le livre, j’ai visionné Sambre, et j’ai lu également le livre… J’aime bien la noirceur, les enquêtes, quand les flics cherchent, que le spectateur s’interroge. C’est ce que je suis venu chercher ici. 

Avez-vous déjà tourné dans un polar ?
Jamais ! 

Les Rois de la piste de Thierry Klifa est plutôt une comédie policière. 
Je joue une détective, j’enquête, mais le ton reste très léger. J’ai déjà joué dans un film de genre, Acide, mais j’adorerais être dans un polar très sombre, avec un personnage bien torturé. 

Depuis des années, vous semblez multiplier les films, les courts-métrages, les pièces de théâtre, la danse contemporaine ? 
On m’a toujours proposé des choses intéressantes et sinon, je me lance dans mes propres projets. J’ai commencé par le stand-up en 2010, un monde différent de maintenant, et j’ai écrit un texte sur une fille qui veut faire un spectacle comique avec des blagues sur les handicapés, les juifs, les vieux… Ça a choqué, mais on en a beaucoup parlé. Et moi, j’aime bien l’ambiguïté ! Ma dernière pièce, c’était Hate, un duo avec un cheval que j’ai joué entre 2018 et 2021. Puis j’ai fait de la radio, Radio Arbre, autour de l’écologie avec des végétaux qui vient se plaindre de leur condition. Moi, j’interprétais l’arbre psychologue qui présentait et qui écoutait les autres arbres. 

Très vite, vous tournez avec Justine Triet.
Un court-métrage puis son premier long. Nous nous sommes rencontrées à un concert où j’étais choriste. Nous avons accroché aussitôt. La bataille de Solferino a fait du bruit, mais mon gros break, c’est Jeune Femme, qui a eu la Caméra d’or à Cannes. 

Vous faites depuis le grand écart entre cinéma d’auteur comme Passion simple, d’après Annie Ernaux, et des films plus populaires comme Irréductible, une comédie de et avec Jérôme Commandeur. 
Les acteurs américains font ça souvent, non ? Dans la vie, j’aime jouer et écrire, multiplier les expériences différentes. Je me déguise beaucoup, j’avance masquée. 

Vous venez de réaliser votre premier film, Le Procès d’un chien
J’avais entendu parler d’un procès de chien. J’ai enquêté et j’ai vu qu’avec un tel sujet, je pouvais parler de tout ce qui m’intéresse : les femmes, les animaux, le lien aux autres espèces… C’est l’histoire du procès d’un chien qui a mordu une femme au visage, un procès qui va foutre le feu à la ville… J’ai bossé quatre ans, entre l’écriture, le financement, ou encore le casting qui réunit François Damiens, moi-même, Jean-Pascal Zadi, Anne Dorval et tous mes copains suisses… 

Et ce premier film sera à Cannes ! 
(Elle affiche un énorme sourire) Ils ont vu 2 000 films et ils sélectionnent le mien ! Un truc de malade ! Je ne pensais pas qu’une comédie pouvait aller à Cannes. Sur un film, tu es seule et le festival valide mon film, cela veut dire que je n’ai pas fait un truc nul. Je suis trop contente qu’il soit mis en lumière. Cannes a également sélectionné Le Roman de Jim, des frères Larrieu dans lequel je joue. 

Quels sont vos projets ?
Rien, j’ai rien. Je suis vidée. J’ai besoin de repos et de nature. 

Les Rois de la piste, toujours en salles


Par Marc Godin
Photo François Dourlen