FESTIVAL REIMS POLAR : RENCONTRE AVEC KIM CHANG-HOON

Hopeless de Kim Chang-hoon

Présenté au festival du film policier de Reims, l’excellent Hopeless est un thriller violent et désespéré, un bel uppercut venu de Corée. Rencontre avec son réalisateur, Kim Chang-hoon.

Quelle a été votre enfance ? 
J’ai 35 ans, je suis né en 1989. J’ai été élevé dans une famille normale, avec des parents qui se disputaient comme dans toutes les autres familles. Par contre, je n’avais pas beaucoup d’amis et j’étais vu comme un gamin un peu étrange. Ma mère était vraiment fan de cinéma et j’ai commencé très tôt à voir des films en vidéo avec elle. En fait, je passais beaucoup plus de temps à regarder des films qu’à jouer avec mes camarades d’école. 

Que regardiez-vous ?
J’ai eu la révélation avec Jurassic Park de Steven Spielberg. Aussitôt, j’ai voulu devenir réalisateur. J’avais huit ans. Ado, je regardais les films de Martin Scorsese, des films hollywoodiens ou coréens, comme les œuvres de Bong Joon-ho, Park Chan-wook ou Kim Jee-woon…

On sent une grosse influence de Scorsese sur Hopeless.
En effet, j’aime beaucoup son rythme, l’électricité de ses films. 

Vous êtes allé dans une école de cinéma ? 
Au lycée, je faisais des courts-métrages avec des amis. Quand je suis allé à l’université, j’ai choisi le cinéma comme spécialité. J’y ai également réalisé quelques courts, puis j’ai fait un peu de montage et j’ai écrit pas mal de scénarios.

Pourquoi avoir choisi de réaliser un polar, un film noir, pour votre premier long-métrage ? 
J’aime beaucoup le cinéma de genre, le polar, et ce que j’aime surtout dans les thrillers, ce sont les conséquences des crimes, les dilemmes. Et c’est exactement ce que je raconte dans Hopeless

Il y a un désespoir total et absolu qui émane du film. Pourquoi autant de noirceur ? 
Mon personnage éprouve un désespoir infini, mais ce n’est pas du tout ce que je ressens dans la vie réelle, heureusement. C’est purement cinématographique. 

À l’image de la première scène du film, un lycéen qui frappe un autre à coups de pierre sur le crâne, la violence est très sèche, cruelle, extrême. Est-ce que la violence du film reflète celle de la société coréenne ?
Je n’ai pas voulu parler de la Corée, la violence est universelle, omniprésente dans le monde. J’ai créé une ville imaginaire, car on peut retrouver les situations que l’on voit dans le film – les violences du gang, violences familiales, à l’école – dans le monde entier. Ce qui est vraiment typique de la Corée, c’est que nous n’avons pas d’armes à feu. 

Vous avez aimé mettre en scène, diriger une équipe ? 
Comme c’était mon premier film, je doutais beaucoup, j’étais comme dans un brouillard. J’ai aimé cela, mais j’avais la pression et je devais tout le temps prendre des centaines de décisions . Non, j’ai vraiment souffert et je pense m’amuser plus sur le prochain. 

Combien de jours avez-vous eu pour tourner ?
Environ trois mois et j’avais un petit budget

Song Joong-ki est véritable star en Corée. Comment avez-vous fait pour l’avoir à l’affiche de votre film ?
C’est lui qui m’a contacté. Il avait lu le scénario et il souhaitait jouer le rôle. Il voulait tellement que le film se monte qu’il a renoncé à son cachet. 

Quelles ont été les réactions du public coréen ?
La critique a été vraiment très bonne, mais malheureusement, le film n’a pas très bien marché. Soit les spectateurs adoraient, soit ils détestaient. 

Récemment, nous avons découvert en France Sleep de Jason Yu. Il y a-t-il une nouvelle vague de cinéastes coréens ? 
Le cinéma coréen traverse une grave crise. Mais je crois que de nouveaux réalisateurs arrivent, comme Jason. Il va y avoir une compétition saine, une émulation entre nous tous, et donc, peut-être une nouvelle vague, comme des années 2000. 

Votre second film sera-t-il un polar ? 
Effectivement, mon second film, que j’ai déjà écrit, sera à nouveau un polar (rires).

 

Hopeless de Kim Chang-hoon
Sortie en salles le 17 avril

4e Festival du film policier de Reims
https://reimspolar.com


Par Marc Godin