Megalopolis, le nouveau Coppola, s’est fait laminer à Cannes. Pourtant, le cinéaste du Parrain et d’Apocalypse now propose un vrai voyage au pays du 7e art…
« Une laideur infinie », « imbitable et brumeux», « la cata Coppola », « opéra bouffi »… Tous les ans à Cannes, la critique brûle ceux qu’elle a aimés et transforme un film en piñata. Cette année, c’est sur Megalopolis que ça tombe… Deux jours après l’hystérie collective et la crucifixion de Francis Coppola en direct sur les Marches, que reste-t-il de Megalopolis ? On peut dire tout d’abord que formellement, Megalopolis enterre 90 % de la production actuelle. La photo, la déco, les costumes, le montage, le son : c’est une vraie splendeur, un écrin de rêve où Coppola prend tous les risques, avec une caméra qui virevolte du haut du Chrystler Building aux bas-fonds de la ville. C’est assez admirable, parfois novateur, toujours surprenant, avec en bonus plusieurs fulgurances, d’autant plus que Coppola semble avoir largué ses fidèles collaborateurs pour des techniciens plus jeunes ou avec lesquels il n’avait jamais travaillés, sauf le chef op Mihai Malaimare Jr. (The Master). Sur le fond, c’est évidemment plus compliqué… Coppola fait une fixette sur la Rome antique, balance du César et du Cicéron à tout bout de champ, et s’offre parfois des dialogues en latin. C’est pour le moins déconcertant, mais on suit toujours avec plaisir les aventures zarbies du génial architecte Adam Driver confronté à Cicéron, le maire de la New Rome, interprété par Giancarlo Esposito. Le tout goupillé comme un rêve cotonneux, un trip à l’acide. Coppola joue la sensation, la perte de repère et de contrôle, pour mieux nous immerger dans un continuum de cinéma, où il revisite ses propres films (hello Rusty James, One from the Heart…) mais Murnau ou les sœurs Wachowski, avant de s’offrir même un happening joué DANS la salle. Bien sûr, tout ne fonctionne pas, mais des « catas» comme celle-là, on aimerait en voir plus souvent…
Megalopolis de Francis Coppola
Pas encore de date de sortie
Par Marc Godin