EN DIRECT DE CANNES : AVEC LES TRANS DE TEL-AVIV

Yolande Zauberman

Au cœur de la nuit israélienne, Yolande Zauberman filme les travailleuses du sexe de la communauté trans. Impressionniste et magique.

Depuis quelques années déjà, Yolande Zauberman, cinéaste sans filtre ni inhibition, nous entraîne dans des contrées peu fréquentées, au cœur de la psyché humaine et des âmes abimées. En 2011, avec son documentaire Would you have Sex with an Arab ?, elle interrogeait les conditions de vie des arabes israéliens par le prisme des relations amoureuses. Et dans l’hallucinant M, sorti en 2019, elle dénonçait les abus d’enfants au sein de la communauté juive orthodoxe. Avec La Belle de Gaza, présenté en sélection officielle, elle conclut sa trilogie documentaire dans la nuit israélienne. Et suit le parcours de travailleuses du sexe de la communauté trans, dont certaines ont fui Gaza pour Tel-Aviv afin de survivre ou de mieux vivre leur nouvelle identité. Avec sa caméra en apesanteur, Yolande Zauberman délaisse le doc traditionnel pour jouer la carte de l’impressionnisme magique. À mille lieues d’une démarche spectaculaire ou voyeuriste, elle filme des regards dans la nuit, des escarpins qui brillent, des corps qui vibrent, la mort qui rode, la joie d’être toujours en vie, le sexe tarifé et la dope qui permet de supporter une souffrance sans fin. « Tout ce que veulent ces femmes, c’est devenir elles-mêmes. C’est ce qu’on désire tous. Elles ont une hallucinante intelligence de la vie. »

C’est beau et déchirant, comme ce visage qui te regarde droit dans les yeux, qui t’interpelle, et que tu sais que tu n’oublieras jamais.

 La Belle de Gaza de Yolande Zauberman
Sortie en salles le 29 mai


Par Marc Godin