DOLBY EN 360° : « NOUS SOMMES FIDÈLES À L’INTENTION DES CRÉATEURS »

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Invités par Dolby, le leader des expériences audiovisuelles immersives, nous avons passé deux jours dans leur QG européen à Londres pour un entretien haute définition. Rencontre avec Anaïs Libolt, directrice Europe Broadcast et Jane Gillard, responsable musique Europe.

Dolby est spécialisé dans la technologie du son depuis plus de cinquante ans. Par quoi se caractérise le dernier né, le son 3D immersif Dolby Atmos ?
Anaïs Libolt : Ce qui attire l’attention, c’est la précision et la clarté des différents sons, là où je les entends dans l’espace et le côté immersif type « bulle sonore en 3D » évidemment. Même si on n’écoute pas le son sur un système Dolby Atmos mais en 5.1 ou en stéréo, la précision reste la même. Dans la façon de mixer le Dolby Atmos, chaque son a sa place, ça reste intelligible au niveau du timbre, du son des voix, des instruments… Souvent, les gens ne parviennent pas à le décrire avec des mots, mais le font par le biais d’une émotion physique : ça procure des frissons, la basse fait vibrer le corps, etc.
Jane Gillard : Nous travaillons avec des créatifs pour mixer en Dolby Atmos, nous respectons l’intention artistique, comment ils entendent le son, où ils l’entendent. C’est la clé de la particularité du Dolby Atmos.

Après le son, vous vous êtes également lancés sur l’amélioration de l’image. Quelle est la particularité de la technologie Dolby Vision ?
A.L. : Le travail d’étalonnage (étape de postproduction qui consiste à harmoniser les couleurs et la luminosité sur l’ensemble des images qui composent un film / une série, ndlr) est quelque chose de très précis, il est fait dans des conditions de références. Avec le HDR (High Dynamic Range) et plus particulièrement la Dolby Vision, l’image paraît plus réelle et plus vivante. On ne s’en aperçoit pas tout de suite, mais c’est après avoir regardé du HDR pendant un moment, lorsque l’on repasse sur une image SDR (Standard Dynamic Range) que la différence est flagrante, comme si on avait mis une fenêtre sale devant l’écran. Ça se manifeste dans les couleurs : plus de saturation et de nuances. La texture des vêtements est plus visible, il y a presque un aspect relief de l’image puisque l’œil voit plus de différences. Il y a le contraste aussi. On peut avoir des zones très brillantes et en même temps des détails dans les zones sombres (textures, plis). En SDR, ça fait juste un aplat noir. L’univers des télés grand public est un peu le Far West au niveau des capacités des écrans. Le format Dolby Vision s’assure que l’on ait à chaque fois quelque chose de calibré : les couleurs et les rapports de contrastes restent fidèles à ce qui a été créé et la perception générale est plus qualitative.
J.G. : Les gens s’attendent souvent à ce que ce soit plus dynamique et plus coloré, mais une histoire a une valeur narrative. Un créatif tonifie une histoire à travers les couleurs qu’il utilise. Nous mettons tous les outils à leur disposition pour qu’ils laissent libre cours à leur créativité.

Quel dispositif les créateurs de contenu doivent-ils mettre en place pour mixer en Dolby Atmos ?
A.L.: Tout d’abord, l’outil de mixage que l’on appelle digital audio workstation (ou station audio numérique) doit comprendre le Dolby Atmos. Il doit proposer la possibilité aux mixeurs de créer avec des objets sonores. Si on veut le voir un peu comme dans un jeu vidéo, on a un joystick et on va déplacer le son en 3D avec la manette. Une fois que le mixage est effectué avec la spatialisation des sons, le créateur peut exporter le master Dolby Atmos qui a tous les sons avec toutes les informations de déplacement dans l’espace. C’est comme un gros fichier avec la recette de cuisine qui explique comment les mélanger. Puis il y a le monitoring, l’écoute. Le créateur doit pouvoir être capable d’écouter en Dolby Atmos sur des enceintes ou sur son casque.

Comment a été accueilli le Dolby Atmos dans l’industrie musicale ?
J.G. : L’utilisation du Dolby Atmos dans la musique a été fulgurante. Nous nous sommes développés très rapidement et avons atteint une centaine de studios dans le monde. Lorsque nous travaillons pour la première fois avec un nouveau label, les artistes nous parlent d’un nouveau projet et nous indiquent avec quel mixeur ils ont l’habitude de travailler.  En général, nous constatons qu’ils aiment travailler avec ce nouveau format, en tout cas pour la plupart des grands labels commerciaux et internationaux. C’était le cas il y a un an et demi. Le Royaume-Uni est passé de cinq à cent-cinquante studios en l’espace d’un an, tous les deux jours, il y a donc un nouveau studio avec lequel nous devons travailler. Aujourd’hui, il y a tous types de studios et de projets, c’est donc très accessible pour les musiciens

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Y a-t-il des équipements nécessaires pour écouter du Dolby Atmos au quotidien, depuis notre télé, nos enceintes et surtout nos smartphones ?
A.L. : Il faut que l’équipement qui reçoit le flux audio comprenne le format, donc un équipement qui soit compatible. Même si c’est un équipement traditionnel 5.1 qui n’est pas Dolby Atmos, il y aura quand même du son, mais pas dans les trois dimensions. Pour avoir la meilleure expérience, il doit comprendre le format et faire un rendu Dolby Atmos. Il y a un bloc qui s’appelle le « renderer », c’est le même que dans le studio. Il distribue le son sur les enceintes présentes dans la pièce. Si c’est un home cinéma, il sait où elles se trouvent et répartit le son. Si c’est sur une télévision ou une barre de son, donc plutôt positionnées devant, l’équipement à l’intelligence de savoir comment utiliser les informations sonores pour reproduire la scène sonore, même sur les côtés et à l’arrière.
J.G. : Du point de vue de la musique, une grande partie de sa consommation se fait sur mobile. Tous les appareils de l’écosystème Apple sont compatibles avec le Dolby Atmos. Vous n’avez pas besoin d’avoir des écouteurs de marque et très chers. Apple Music, Amazon Music Unlimited, Tidal Hifi, etc… ont le Dolby Atmos, nous avons au total seize partenaires de services de streaming musical dans le monde. Et bien sûr, notre ambition est de faire en sorte que tous les services de streaming musicaux préférés des consommateurs rejoignent l’aventure.

« NOUS AVONS REÇU AEROSMITH, USHER ET BIENTÔT BRUNO MARS… » – JANE GILLARD

 

Dolby est spécialisé dans le son cinéma, musique, podcast, le gaming et plus récemment l’automobile. Allez-vous étendre votre savoir-faire à d’autres industries ?
A.L. : Dans ces domaines-là, il y a encore beaucoup à faire. Ensuite, on va avoir la connexion avec les mondes virtuels : est-ce un nouveau genre ou l’extension du gaming et des concerts virtuels… Les applications en dehors de l’entertainment ne sont pas forcément notre priorité pour le moment.
J.G. : Nous développons aussi la musique live. Nous avons une équipe dans une salle de concert à Las Vegas, le MGM Park. Il y a une expérience Atmos dans l’espace, du point de vue de la musique, c’est un secteur très important pour les artistes, donc nous devons voir comment cela va se développer à l’avenir.

Et les reels Instagram ou vidéos TikTok ?
A.L. : Tout ce qui va être User Generated Content, donc le contenu créé par les utilisateurs, oui. On a déjà d’ailleurs la possibilité de créer en Dolby Vision avec les iPhones et d’autres téléphones comme les Xiaomi depuis l’application appareil photo du smartphone. Ça enregistre par défaut en Dolby Vision et on peut le visionner chez soi. Ces vidéos sont partageables en Dolby Vision sur Vimeo, mais pas encore dans d’autres services (en France). Ce sont les premières pierres pour avoir du contenu en Dolby Vision sur les réseaux sociaux.

Justement, au CES de Las Vegas le 5 janvier dernier, le concert d’Imagine Dragons a été mixé et restitué en direct en Dolby Atmos. Comment cette technologie a-t-elle été installée pour couvrir l’intégralité de l’espace ?
A.L. : C’est donc un partenariat avec le Park MGM, l’hôtel où il y a cette salle. Elle a une capacité de 5200 places. On a travaillé avec eux sur la partie son et ils ont fait la partie lumière, cette installation est permanente. Des artistes sont programmés toute l’année et il y a un travail avec eux pour développer le côté Atmos du concert.

Ce dispositif va-t-il être mis en place dans d’autres salles ?
A.L. : C’est une phase de test pour voir comment ça fonctionnait, quelle était l’accueil du public et des artistes, si c’est quelque chose qui pourrait intéresser d’autres salles et comment le déployer concrètement. Ça s’avère prometteur !
J.G. : C’est une véritable expérience. Le retour à la fois des spectateurs et des artistes a été absolument incroyable. Nous avons aussi reçu Aerosmith, Usher et bientôt Bruno Mars et Maroon 5 se produiront.

www.dolby.com / @dolbyfrance


Par Gabrielle Langevin
Photos David Monteith-Hodge