DIMITRI KANTCHELOFF : « UNE ENVIE DE LIBERTÉ »

Dimitri Kantcheloff

Installé en pleine forêt dans le Var, cet ancien Parisien fait revivre le Saint-Germain de Boris Vian. Un régal.

Légende photo : VIAN PAR ICI_ Notre romancier ermite fait revivre une des créations les plus épatantes de Boris Vian.

Tu publies ton second roman, Vie et mort de Vernon Sullivan, cette rentrée. Quel a été ton parcours jusqu’ici ?
Dimitri Kantcheloff : J’ai vécu à Paris pendant treize ans, j’y travaillais dans la publicité, je faisais de la musique… Désormais, je vis en forêt, pas loin de Saint-Tropez, et j’écris.

Pourquoi t’être intéressé à Vernon Sullivan, le pseudonyme utilisé par Boris Vian pour publier ses polars écrits à la fin des années 1940 ?
Cette histoire de Vernon Sullivan, qui le poursuit toute sa vie, commence par un pari avec un copain et se termine avec sa mort (à une projection en 1959 du film tiré de J’irai cracher sur vos tombes, ndlr). J’en ai eu l’idée pendant mon adolescence, mais je n’osais pas m’attaquer à Boris Vian, ça fait peur. Le fait d’avoir sorti un premier roman (Supernova, aux éditions Les Avrils en 2021, ndlr) et d’être reconnu en tant qu’auteur m’a permis d’appréhender ce sujet. 

Et pourquoi ce choix des éditions Finitude ?
J’ai envoyé mon manuscrit par la poste, et je savais que Emmanuelle et Thierry Boizet (fondateurs des éditions Finitudes, ndlr) étaient spécialistes de cette période de la littérature française. Ils avaient d’ailleurs consacré un numéro de Capharnaüm (leur excellente revue littéraire, ndlr) aux éditions du Scorpion, premier éditeur de… Vernon Sullivan !

En te documentant sur Boris Vian, qu’as-tu appris sur ses méthodes de travail ?
Quand, en 1946, il écrit J’irai cracher sur vos tombes, c’est à la suite d’un pari où il dit qu’il va écrire un best-seller en dix jours. Bon, il en met quinze au final, mais c’est extraordinaire !

À part Vian, quelles sont tes influences ?
Jean Echenoz et sa trilogie de récits biographiques avec Zatopek, Ravel et Tesla. Mika Biermann également et son Trois jours dans la vie de Paul Cézanne. Sans oublier Emmanuelle Carrère et son Limonov, qui fait partie des livres m’ayant donné envie d’écrire.

Ce second roman a-t-il été plus compliqué à écrire que le premier ?
Non, beaucoup plus facile ! Je me suis beaucoup amusé avec ce milieu, celui du Saint-Germain d’après-guerre, absolument fascinant. Ils sortent de la guerre, ils connaissent encore le rationnement et viennent de vivre des événements terribles, et malgré cela ils ont une envie de liberté et de fête.

Vie et mort de Vernon Sullivan (éditions Finitude, 176 pages, 17,50 €)

 

Par Anaïs Dubois & Laurence Remila
Photo : Arnaud Juhérian