CORENTIN FILA, LE MANIAQUE : « EN TANT QU’ACTEUR, ON EST VULNÉRABLE »

Corentin Fila

Zach, interprété par Corentin Fila, est un pervers magnétique, emporté par les travers du porno, qui rêve de liberté et de gloire ; un leader par sa motivation invétérée, un looser par sa recherche stupide de performance. Interview vérité.

Ton personnage, Zach, est le moteur du groupe. C’est aussi celui qui accomplit le moins bien son rôle d’escort. Sa rencontre avec Rossy de Palma va le faire grandir. Comment était-elle ?
Corentin Fila : Incroyable ! Elle arrivait sur le plateau comme une reine, elle m’a énormément impressionné. C’est une diva drôle et accessible, qui emmène tout le monde avec elle.

C’est le cas de ton personnage, il prend la vie comme un spectacle, déborde d’énergie et veut tout montrer.
Du point de vue intellectuel, je suis extrêmement éloigné de lui. Il prend de haut ses parents, parce qu’ils appartiennent à un milieu social qui ne rêve pas de célébrité comme lui. En revanche, je pense avoir fait évoluer ce personnage en direction de mes propres fragilités : son besoin d’exister et d’être désiré reflète certaines de mes insécurités.

Tu t’étais déjà imaginé en escort ?
Non, même si j’ai eu des pseudos fantasmes de la sorte à quinze ans avec des femmes matures…

Ta définition de la masculinité ?
Il y a quelque temps, je t’aurais dit d’accéder à une part de féminité. Mais je pense qu’on est désormais au-delà de cela. Masculinité, féminité, ça ne veut plus rien dire… Le principal, c’est d’être humble et fidèle.

Comment as-tu vécu le changement de paradigme avec « #MeToo » en tant qu’acteur ?
C’est surtout à travers ma femme que j’ai évolué, Daphné Patakia, qui a fondé l’Association Des Acteurices (ADA). Je me suis rendu compte que des comportements masculins semblants normaux peuvent être désagréables sur un plateau pour une actrice. En tant qu’acteur, actrice, on est extrêmement vulnérable.

C’est-à-dire ?
Tu es un objet de désir, avec un besoin abyssal de validation. Le réalisateur est la personne sur terre qui devient la plus importante pour toi. C’est dangereux. Et ça peut devenir toxique.

Tu as déjà ressenti cela ?
Ressenti oui, mais je me surprotège, et je ne laisse jamais ce genre de rapport s’installer. Par exemple, à la cantine, je ne mange jamais avec le réalisateur, d’autant plus si je l’adore, car son regard à trop de poids sur moi. Donc, je veux m’en libérer, et ne pas essayer de lui plaire alors que je mange.

Tes prochains projets ?
Avant de faire Escort Boys, j’étais dans la pampa brésilienne pour tourner le dernier Davi Pretto… Hâte que ce film, dont le nom est encore inconnu, sorte !

Escort Boys, disponible sur Prime Video


Par Alexis Lacourte
Photos Romin Favre