BORIS PROVOST, TRANOÏ BOSS : « MAINTENIR LE DÉSIR PHYSIQUE DE L’ACHETEUR »

Boris Provost

Boris Provost est à la tête du salon Tranoï depuis 2019, ex-leader marketing et communication de Who’s Next, a su repositionner le salon dans un objectif de sélectivité et de présence à l’international. Entretien business entre ligne édito et les salons de mode à l’ère post-Covid. 

La prochaine édition, 2023, se déroule du 28 septembre au 1er octobre au Palais Brongniart. Tout est prêt ? 
Boris Provost : On est complet ! On va présenter 180 collections avec  70 % de prêt-à-porter et 30 % d’accessoires. Il y a une vingtaine de collections françaises, et à majorité 85 % sont des collections étrangères, ce qui témoigne d’un retour à un niveau d’avant Covid en termes de nombre d’exposants, de nombre de collections et d’origines de pays. La nouveauté pour cette édition, c’est l’arrivée de marques chinoises sur le salon. 

salon Tranoï


Quelle est la part du marché chinois ? 
On a une délégation de marques coréennes, car nous avions toujours eu beaucoup de marques japonaises et actuellement nous avons beaucoup de marques chinoises. On a signé un contrat avec la China Fashion Association, qui est l’équivalent de la Fédération de la Haute Couture et de la Mode, et pour la première fois, ils ont créé un programme de soutien à l’export. 

Quelle est la « ligne édito » de Tranoï ? 
Nous ne voulons plus nous affirmer comme un salon mainstream, mais comme un salon reconnu pour sa sélectivité et son soutien à la jeune création. Dans notre offre, on a environ 30 % des marques françaises et étrangères présentes pour la première, deuxième ou troisième fois. On a également toujours un thème de saison, avec par exemple un segment appelé « Vacations », où les marques que l’on présente sont sustainables et produisent localement. Si c’est de l’accessoire, on s’assure que ce sont des marques qui font travailler les communautés, préservent un savoir-faire et ont une distribution sélective.

Aujourd’hui, quels sont les besoins des acheteurs post-Covid? 
La plupart des marques de luxe se reconcentre sur la distribution dans leur boutiques, et cela engendre une vente en baisse dans le retail multimarques, donc ça a été un choc pour le tissu des retailers, qui doivent revoir leurs offres et par conséquent faire rentrer de nouveaux produits. Pour les départements stores, ils essayent d’aller chercher une clientèle plus individuelle, ce qui a un impact positif pour Tranoï, car cette clientèle a un plus fort pouvoir d’achat. Et pour les grands magasins, et l’export américain et asiatique, il y a un retour à la consommation de produits et notamment sur le marché français, à Paris. 

Comment imposer un salon physique à l’international, à l’heure où Internet fait concurrence ? 
La vraie concurrence, c’est Instagram. Aujourd’hui, l’acheteur est plus lazy, il est souvent sur son téléphone, notamment sur Instagram qui propose de nouvelles marques constamment. Mon métier, et donc de aussi trouver de nouveaux créateurs et une expérience qui va maintenir le désir physique de l’acheteur. La vocation de Tranoï à Paris, c’est d’être un salon de découverte, de mise en relation, donc par exemple pour Shanghai, il faut aller sur place.  Je voyage beaucoup, pour faire du repérage, c’est à ce moment-là, que l’on va signer des deals avec des collectifs ou des organismes, Nous avons l’exemple avec la Fashion Week de Séoul, qui subventionne les marques qui viennent aux salons. C’est la partie la plus importante de mon travail.

Comment concrètement améliorer la rencontre physique ? 
À Tranoï, on organise des visites guidées du salon, car généralement quand les gens viennent à Paris ils n’ont pas beaucoup de temps. C’est un travail de one to one, mais c’est comme ça qu’on suscite l’intérêt !

Marilyn Fitoussi est la Fashion Editor de cette édition, comment son regard et son expérience sont un très bon choix pour Tranoï ? 
C’est génial de l’avoir, car elle est passionnée de jeunes créations, des nouvelles tendances, et elle n’aime pas les choses évidentes, et on s’est dit qu’elle collait parfaitement à notre ADN. Elle sera présente sur le salon et nous allons donner une conférence d’ouverture ensemble. Le programme c’est qu’elle fasse un shopping 360 pour la prochaine saison d’Emily in Paris !

@tranoi_show


Entretien Anaïs Dubois