ZUCKERBERG, MAÎTRE DU METAVERSE ?

MARK KING meta facebook

Vous en avez marre d’être devant vos écrans ? Bonne nouvelle : Facebook prévoit un futur où nous passerons l’essentiel de notre vie dans l’écran… et compte bien en profiter. 

À l’aide de mon versatile iPhone, je fais partie de ces gens qui restreignent – théoriquement – leur temps de présence sur les réseaux. Vous savez, cette sympathique option, apparue récemment sur nos téléphones, pour nous éviter de passer la totalité de notre journée à scroller, scroller, scroller. Sauf que voilà, parfois, c’est pas pratique, et on est tenté, presque à chaque fois, à vrai dire, de lever la limite pour continuer notre voyage intersidéral dans ce qu’on appelle l’Internet. Mais d’ailleurs, s’agit-il vraiment toujours de ça, au sens où on l’entendait classiquement ? L’Internet est bien plus vaste que ce que vous pourriez imaginer.

Depuis que la réalité virtuelle (VR) et son pendant, la réalité augmentée (AR) ont fait leur apparition, on parle plus largement de « metaverse », pour qualifier ces instances numériques, qui se situent à mi-chemin entre le réel (ou le tangible), et le digital (ou l’abstrait). De nos jours, notre pratique du web ne limite plus à des recherches sur Google ou à l’écoute de playlists sur Spotify. Tout ça, c’est has been, ou ça le sera bientôt. En tout cas, ça ne résume pas l’ensemble des expériences numériques vers lesquelles les grandes firmes de la tech nous amènent désormais. À commencer par l’une des plus iconiques d’entre elles : Facebook, qui vient d’annoncer un changement de nom majeur en devenant « Meta ». C’est dire si les univers virtuels sont désormais son cœur de cible… et d’une certaine façon aussi, notre destin à tous.

Dernièrement, le géant enfanté par l’homme-cyborg Mark Zuckerberg a annoncé un investissement de 10 milliards, dès cette année, dans le métaverse. Face aux multiples difficultés du groupe s’agissant de la protection des données, qui risquent de mettre en péril son modèle économique sous-jacent – la publicité –, c’est un nouveau champ du numérique qui est en train de se développer. Et dans les cinq prochaines années, ce ne sont pas moins de 10 000 emplois qui seront créés en Europe sur ce seul segment baptisé « Facebook Reality Labs ». Le développement de cet univers digital sera piloté par Andrew Bosworth, en interne, le CTO de Facebook.

DU META-GUCCI 

Concrètement, qu’est-ce que c’est, ce metaverse ? Il s’agit d’un domaine de l’Internet où des mondes virtuels – comme celui, spécifique, que veut développer Facebook – permettront aux utilisateurs de jouer, travailler, et interagir à l’intérieur même d’un environnement immersif global. En clair, le metaverse promet d’aller plus loin que les simples vidéos ou images projetées sur des écrans de portable, il permettra d’intégrer un espace total, grâce à des instruments idoines (comme le casque Oculus, racheté par Facebook, ou l’appareil d’appel Portal, également développé par Facebook, les lunettes Google Glass, ou plus simplement des applications mobiles spécifiques). 

Imaginez le metaverse comme un gigantesque jeu vidéo qui ne se limiterait pas à des combats contre des aliens mais qui vous permettrait, entre deux sessions de Fortnite, de participer à une réunion de travail virtuelle (comme sur les Horizon Workrooms de Facebook), d’assister à un cours collectif où vous pourrez voir en 3D vos petits camarades, le cas échéant via des avatars conçus par vous-mêmes, ou encore d’essayer ces nouvelles chaussures Gucci que vous ne pouvez pas encore vous payer « en vrai », mais que vous pourrez déjà faire apparaître virtuellement sur vous… Plutôt sympa, non ? 

Bien entendu, vous pourrez aussi, après avoir enfilé vos nouvelles pompes, aller voir un concert de Travis Scott tout en restant chez vous. Avec votre casque adapté, bien sûr, sinon, c’est moins cool. Et lorsque vous serez fatigué de tout ça, après des heures de musique dans une ambiance – virtuelle – de folie, vous pourrez aller vous détendre quelque part. Par exemple en partant faire un voyage aux Maldives… purement digital, bien sûr. En plus, ça consomme moins de kérosène, paraît-il.

Vous l’aurez compris, le métaverse promet – il s’agit pour le moment essentiellement d’une promesse – de vous proposer de mener des vies virtuelles de la même façon que vous menez votre vie réelle, jusqu’à créer une confusion totale entre les deux. Selon votre humeur, il vous serait donc possible de choisir, pour l’ensemble des domaines de l’existence, entre l’IRL et l’URL ; entre un pot en terrasse et un apéro virtuel, entre un samedi shopping et un essayage de vêtements digitaux sous forme d’hologrammes, entre une réunion dans un sinistre openspace et du team building online avec des avatars personnalisés, entre un voyage « réel » en Californie et un survol du grand Canyon avec vos Oculus sur le nez. Que choisissez-vous ? 

Je sais pas vous, mais moi, ça me plaîrait bien de me téléporter dans des univers virtuels, en dehors de toutes limitations physiques. Car j’en ai un peu marre de passer mon temps à naviguer entre moult applications différentes, sur mon vieux smartphone. Et si tout cela formait un jour un ensemble synthétique aussi complexe que la vraie vie ?

Bon, le seul souci, c’est que tout ça, ce sera prêt dans « 10 à 15 ans », nous prévient Facebook. Mais mon p’tit doigt me dit qu’on pourrait en avoir déjà quelques sérieux avant-goûts bien avant. Affaire à suivre.


Par
Tom Connan
Illustration Facebook (pardon, Meta)