Présentatrice de « C Médiatique » (France 5) depuis 2022, Mélanie Taravant, maniaque de l’infotainement et des actus médiatiques, est venue nous donner ses conseils de lecture (et de décélération). Interview.
Votre oncle, Bruno Taravant, alias VXZ 375, puis Bayon, a signé dans Libération des chroniques rock et ciné pendant 40 ans. Quel est votre premier souvenir lié aux médias ?
Mélanie Taravant : Nous avons toujours cet attachement familial pour Libération. Mais je me souviens aussi très bien des grandes pages du Monde que mon père déployait sur la table débarrassée, à la fin du dîner, tout en finissant le pot de confiture. Ça me paraissait anachronique comme scène. J’ai gardé une image assez sérieuse de l’info.
Enfant, vous vous êtes mise à lire Gogol grâce à Je Bouquine (le magazine édité par Bayard jeunesse réinterpétait en planches de BD les grands classiques de la littérature, ndlr). En grandissant, quels magazines vous attiraient ?
J’ai conservé cet amour pour les formats bande-dessinée. J’adorais les romans photos publiés dans Ok ! Podium. C’étaient des histoires à l’eau de rose, et comme je n’avais pas la télé, elles faisaient office de minis sitcom pour moi.
Vous animez l’émission « C Médiatique » (France 5) depuis 2022. Comment est né ce regard critique sur votre propre métier ?
C’est venu à l’époque où je travaillais chez Europe 1. Je m’occupais des sujets économiques, et la question s’est posée de savoir ce que telle ou telle antenne dirait de tel industriel sur tel sujet. Mais j’ai fait des sujets sur Arnaud Lagardère où il n’est pas venu mettre son nez, parce qu’à mon avis, il n’était pas particulièrement passionné par les médias non plus.
L’émission reçoit beaucoup d’animateurs tv, traite aussi de la com’ de l’Élysée (avec votre chroniqueur Gaspard Gantzer) ou de mercato des médias (avec Benoît Daragon). Quel sujet média vous préoccupe en ce moment ?
Depuis que le paysage médiatique a été redessiné avec l’arrivée des réseaux sociaux, mais aussi des podcasts, je milite beaucoup pour une économie du moins face à l’infobésité. Je pense que le luxe, dans le futur, sera de pouvoir limiter le flux d’informations…
Votre rapport à la lecture des journaux et magazines s’en trouve-t-il influencé ?
Oui, parce que je suis un peu une Stakhanoviste dans le domaine ! Ça doit aussi venir de mon passé de danseuse à l’Opéra, j’en ai gardé un grand perfectionnisme. Je me sens obligée de tout lire. C’est un rythme épuisant à tenir pour une jusqu’au-boutiste comme moi.
Même lorsque vous partez en vacances ?
Je ne peux pas m’empêcher d’emporter un newsmag’, par exigence envers moi-même, ou par culpabilité… Et je corne la page à laquelle je me suis arrêtée, en me disant que je reprendrai plus tard, ce que je ne fais pas toujours… (rires)
Un média qui vous permet de remédier à cette folie de l’info ?
La Matinale du Monde. L’application fait pour toi un choix d’articles qui paraîtront dans le journal du soir. Ça te donne un peu l’impression d’être en avance, et t’évite de scroller sans fin sur les réseaux.
Et quelles lectures pour vous détendre ?
Plutôt des magazines de mode, comme l’Étiquette. Déjà, Marie Ottavi, la co-réd chef, est une super journaliste. Et puis j’adore leur rubrique « La tenue de… » en début de mag’, une sorte de portrait-robot du style, qui décrypte les vêtements et accessoires de quidam…
Quel média conseilleriez-vous à un ami ?
Le 1. C’est un grand papier, un grand thème, exploré à fond par plusieurs plumes.
La personnalité des médias que vous rêveriez de recevoir dans votre émission ?
Mark Zuckerberg. Je voudrais savoir où est passé le jeune mec ouvert d’esprit, intéressé par le lien social, occupé à rendre le monde meilleur, remplacé par le type mascu qu’il montre partout aujourd’hui.
Par Violaine Epitalon
Photo Axel Vanhessche