LILAS-ROSE GILBERTI : « NÉE SOUS LES CAMÉRAS »

Lilas-rose gilberti

À tout juste 17 ans, Lilas-Rose Gilberti est déjà une confirmée du grand écran. Rencontre avec l’actrice à suivre ces prochains mois…

Ton premier tournage de cinéma, c’était à tes sept ans. Quel a été ton premier contact avec la scène ?
Lilas-Rose Gilberti : Quand j’avais quatre ans, l’une de mes mamans a fait un stage au cours Florent. Je suis venue la chercher, et j’ai commencé à dire un poème sur scène. L’encadrante du stage m’a prise en vidéo, puis elle a dit à ma mère : « Vous, vous ne serez peut-être pas actrice, mais votre fille le sera ».

Ton lien à la caméra est particulier, tu es littéralement née sous leur regard… 
C’est vrai que ma famille était le sujet d’un documentaire M6, Un bébé à tout prix, parce qu’en tant que famille homo-parentale, c’était compliqué, surtout à l’époque, d’avoir un enfant. En France, ce n’était pas légal de se marier. Mes mères ont dû aller en Belgique pour me concevoir. L’émission nous a suivies sur plusieurs étapes. Ma naissance, donc, puis deux, cinq et sept ans après. Et moi je voulais tout le temps qu’ils reviennent, je voulais refaire les scènes… Sauf que c’était un documentaire, donc on ne refait pas les scènes !

Ensuite ?
Quand on a déménagé à Nancy, j’ai commencé à faire des castings pour des pubs, j’ai fait quelques défilés, ça ne m’a pas trop plu. Ce que je voulais faire, c’était les films qu’on voit à la télé. Donc, elles m’ont inscrite dans l’agence Marceline Lenoir, et depuis, je n’ai jamais arrêté. À mon premier ou deuxième casting, j’étais prise. C’était galvanisant, parce que mes parents n’étaient pas du tout dans le milieu, donc on y allait un peu à l’aveugle. Et puis, les casting ont un coût, mine de rien.

Et c’était quoi ces fameux « films qu’on voit à la télé » ?
J’avais six ans, donc pas forcément des références de folie ! Mais tout au long de mon enfance, j’adorais les comédies musicales. Et maintenant ma référence incontournable, c’est Virgin Suicide de Sofia Coppola. Un film tellement prenant et bouleversant. Et d’un point de vue stylistique, c’est un sans faute.

Rapidement, tu as joué aux côtés de grands, comme Daniel Auteuil…
C’était mon premier tournage, j’avais sept ans. On était au Maroc pour filmer, et le premier jour, je devais sauter dans les bras de Daniel Auteuil, mais j’ai sauté trop haut et lui ai cogné la bouche avec ma tête. Il saignait ! Je me suis dit que ça commençait un peu mal… Mais enfin, après, ça a déroulé. Et puis, j’ai aussi rencontré une actrice sur ce film dont je suis toujours proche. C’est Marie-Josée Croze.

On a pu te voir dans Le Consentement, qui retrace l’adolescence de Vanessa Springora sous l’emprise de Gabriel Matzneff. Comment ça se vit, un tournage aussi lourd ?
J’ai l’impression que, sur ce genre de tournage, tout est fait pour que l’ambiance soit positive. On ne tient pas un mois dans un tournage très grave, c’est trop intense. La plupart du temps, les équipes sont très joviales, peut-être d’autant plus si ça parle de choses horribles. En l’occurrence, dans Le Consentement, je n’avais pas de scènes dures. En revanche, quand j’ai joué Un Homme Parfait à mes douze ans, qui traitait de l’inceste, on m’avait imposé une psychologue avant et durant toute la période. Mais je crois que j’ai toujours eu conscience de la difficulté de ces rôles. Et bizarrement, c’est ce qui me plaisait. Ce droit d’incarner cette gravité.

Ta manière de te préparer au jeu a changé depuis tes jeunes années ?
Enfant, on a une espèce de naturel qui vient tout de suite et qu’on perd parfois un peu en grandissant. Mais j’ai toujours eu le syndrome de la bonne élève. Même petite, j’ai bossé mes rôles, seule ou avec un coach d’acteur. C’est intéressant d’être accompagnée, parce qu’ils te poussent à chercher des manières, à approfondir ton personnage. D’un autre côté, seule, on n’a aucune pudeur, on essaye aussi plus facilement.

Après Leurs Enfants après Eux, c’est au tour de Connemara, un autre roman de Nicolas Matthieu, d’être adapté au cinéma. Et tu fais partie du cast…
Oui ! Je joue la jeune version d’Hélène, une transfuge de classe qui a quitté Epinal pour Paris, et revient dans sa ville après un burn-out. Là, elle va revoir son amour d’enfance… La Hélène du présent est interprétée par Mélanie Thierry, de qui j’ai essayé de reproduire les mimiques, de m’imprégner des manières.

Et la suite ?
Je sors du tournage de Billie Melody avec Roschdy Zem. Pour la première fois, j’ai joué du piano et chanté à l’écran : ça me tenait à cœur, car je fais du chant lyrique depuis mes sept ans. J’ai même chanté à l’Opéra de Nancy, avec un chœur d’enfants. Et plus tard, je rêve d’international, évidemment !

 

Par Max Malnuit & Adèle Thiéry
Photo Axel Vanhessche