GEMINI MAN : DEUX WILL SMITH POUR LE PRIX D’UN ?

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LE DÉDOUBLEMENT DU MOIS

Grâce à une technologie révolutionnaire, le Taïwanais Ang Lee signe le meilleur film d’action de l’année et invente le cinéma de demain. Notre plus gros choc visuel depuis… Avatar

Incroyable storyteller, le Taïwanais Ang Lee (Tigre et dragon, Le Secret de Brokeback Mountain) n’aime rien tant que repousser les limites du 7e art. Il a mis en scène L’Odyssée de Pi justement parce que c’était un défi impossible à relever et tourné son chef-d’œuvre, Un jour dans la vie de Billy Lynn, en 3D, 4 K et High Frame Rate 120 fps (120 images/seconde, contre 24 habituellement) pour révolutionner l’expérience immersive alors que seules six salles dans le monde étaient équipées pour projeter le film dans de bonnes conditions.

Avec Gemini Man, Ang Lee tourne à nouveau en 3D, 4K et HFR et cette fois, on va pouvoir se rendre compte de la magie Lee car en France, une vingtaine de salles projetterons le film en 60 images/seconde. Son idée, immerger son spectateur dans cette histoire de tueur professionnel confronté à son clone, plus jeune, plus féroce, plus létal. Entre le sud des Etats-Unis, Budapest ou la Colombie, Will Smith – qui trouve son meilleur rôle depuis Ali de Michael Mann – tente de retrouver celui qui a mis sa tête à prix… Très malin, le scénario accumule les séquences spectaculaires, les personnages sont finement ciselés et les scénaristes – qui ont écrit La 25e heure ou Capitaine Phillips – égrènent quelques belles réflexions sur la filiation, le faux-semblant, l’artifice ou le spectacle.

 

COUP DE VIEUX

Mais ce qui séduit le plus dans Gemini Man, c’est l’image. Avec la 4K et la cadence des 60 images par seconde, l’expérience salle se transforme radicalement. Grâce à l’hyper-réalisme de la photo, la fluidité des mouvements de caméra et la profondeur de champ au-delà du réel, on est propulsé au cœur de l’action. On perd tous nos repères et, surtout, on ne regarde plus le film, on le vit… Les poursuites en motos, les gunfights, les bastons provoquent des shoots d’adrénaline, mais même l’envol d’un avion ou un simple gros plan sur un visage ont une puissance dramatique démultipliée, conduisant à la sidération. Sans parler du « jeune Will Smith », réalisé par les magiciens de Weta, effet spécial qui métamorphose l’acteur de 51 ans en Fresh Prince of Bel-Air… D’un coup, les Mission : Impossible et autres blockbusters stéroïdés ressemblent à des épisodes asthmatiques de Derrick et même ce cher John Wick prend un sacré coup de vieux.

À la sortie de la projection, comme à l’époque de Matrix ou d’Avatar, certains esprits chagrins regrettaient l’aspect jeu vidéo ou rollercoaster du film, oublions qu’à ses débuts, le cinéma était une attraction de foire. Ce n’est pas la moindre des qualités d’Ang Lee que de nous reconnecter à ces sensations primitives. Ou quand le cinéma de demain retrouve la pureté de ses origines.

Hautement recommandé donc – mais en 3D HFR.

MARC GODIN

GEMINI MAN
ANG LEE (EN SALLE)