À quatre mains, Michael Angelo Covino et Kyle Marvin ont tricoté une rom-com irrésistible à l’ère du polyamour et du libertinage. Où il est question de divorce, de poissons rouges et de grosses bites.
Le film commence avec un couple en voiture. La femme propose une fellation au conducteur, il y a ensuite l’accident spectaculaire d’une autre voiture, un mort et un personnage qui se coince le sexe dans sa fermeture éclair. Tout cela en trois minutes chrono !
Michael Angelo Covino: On adore les ouvertures qui donnent le ton et qui permettent de savoir exactement quel film on va découvrir. Avec notre début, on va au plus profond des émotions et on les subvertit avec des éléments surprenants, absurdes, comiques, inattendus. On voulait vraiment crée un choc. Et juste après cette ouverture, Adria Arjona demande le divorce à son mari, interprété par Kyle.
Kyle Marvin : Il y avait l’idée de combiner ces choses qui ne devraient pas aller ensemble, comme la sexualité et la mort, ce qui entraîne un certain inconfort. Il y a une part d’obscurité là-dedans, ça touche à des choses primitives, de vrais malaises humains.
Vous êtes vraiment amis dans la vie ?
Michael Angelo Covino : Avec ce mec, pas du tout ? (rires) Tout s’est effondré lors de ce week-end à Deauville.
Vous avez pourtant tourné ensemble l’épatant The Climb.
Michael Angelo Covino : Oui, on travaille ensemble depuis quinze ans. On a monté une boîte de production ensemble, on bosse ensemble, on fait tout ensemble.
C’est un petit film indépendant ?
Kyle Marvin : Obtenir l’argent était facile. Parce que l’on produit des films et que l’on sait comment ça marche. On savait qu’avec nos acteurs, on pourrait monter le projet correctement. Nous l’avons réalisé pour un budget raisonnable, mais nous aspirions maintenant à faire des films plus importants pour de gros studios.
A-t-il été facile de recruter une star comme Dakota Johnson ?
Michael Angelo Covino : Dakota voulait travailler avec nous et nous avec elle. Une fois le scénario prêt, nous lui avons présenté, et elle a accepté. Très facile !
Kyle Marvin : Oui, mais réussir à parachever le scénario n’a pas été « facile ». Je pense que nous avons passé beaucoup de temps à le fignoler pour qu’il lui plaise…
Libre échange a été tourné au Québec.
Kyle Marvin : Oui, à Montréal, pour des raisons économiques, en 24 jours.
Michael Angelo Covino : De plus, on a tourné en 35 mm et ils ont un très bon labo de développement pellicule là-bas.

Pourquoi avoir tourné en 35 mm ? C’est bien plus compliqué, plus cher.
Michael Angelo Covino : La facilité n’entre pas dans nos prises de décision. On a fait toutes nos cascades nous-mêmes dans ce film, ce n’était pas facile non plus. Si vous voulez faire des choses faciles, choisissez un autre métier. On a choisi le 35 mm car on voulait faire un film intemporel. Avec le numérique, le processus de réalisation du film, les enjeux sont moindres, tu prends tes dix caméras et tu filmes dans tous les sens, indéfiniment. Avec la pellicule, la pression est différente. On a une quantité limitée de pellicule, ça permet à chacun de faire un meilleur travail. Même la scène en haut du roller coaster avec les poissons rouges a été tournée en 35 !
Il y a une scène de baston hallucinante dans votre film.
Kyle Marvin : On l’a tournée en trois jours. On s’est beaucoup entraînés. On avait un coordinateur de cascades qui nous a aidés. Pendant la pré-production, on allait se battre tous les soirs pour s’entraîner. À l’arrivée, la scène dure huit minutes. On a dépassé le temps normalement acceptable pour cette baston, mais on avait l’impression qu’il y avait de l’humour à exploiter dans le côté interminable de l’action.
Et les influences ? On peut parler des frères Farrelly, Blake Edwards et Woody Allen ?
Michael Angelo Covino : Oui, bien sûr. Mais notre référence principale, visuellement et thématiquement, c’est Bertrand Blier.
Vous connaissez Bertrand Blier ?
Kyle Marvin : Bien sûr, tout le monde connaît Bertrand Blier ! Et nous avons fait regarder à toute l’équipe Préparez vos mouchoirs, Tenue de soirée, Buffet froid et évidemment Les Valseuses. J’aime comment il part d’une situation normale et qu’il instille des choses bizarres, décalées. J’adore ce type.
Michael Angelo Covino : On adore le cinéma européen, notamment Maurice Pialat et son film Nous ne vieillirons pas ensemble. Et les comédies italiennes des années 70.
Que pensez-vous de l’état actuel du cinéma américain ?
Michael Angelo Covino : Je suis optimiste car il y a tellement de changements au niveau des studios. Je pense que la concurrence avec les distributeurs offrira aux cinéastes des opportunités, la création de nouveaux films inventifs, des divertissements de qualité.
D’après votre film, le secret d’un couple qui dure, c’est un mari avec une grosse bite ?
Michael Angelo Covino : Je vais laisser parler Kyle qui est en couple… (ils explosent de rire)
Libre échange de Michael Angelo Covino
En salles le 10 septembre
Par Marc Godin