Signé Amélie Bonnin, Partir un jour a fait l’ouverture du 78e Festival de Cannes. Sous le couvert de comédie feel good, un téléfilm-karaoké médiocre et vaguement méprisant.
Enceinte, Juliette Armanet, gagnante de Top Chef sur le point d’ouvrir son beau resto parisien, retourne dans sa province natale pour voir son père, proprio d’un restaurant routier, victime d’un troisième infarctus. Sur place, elle va rouler une pelle à un ancien amour de jeunesse. Point final ! Voilà pour le script famélique de Partir un jour, version (très, trop) longue d’un court-métrage césarisé d’Amélie Bonnin, sans ressorts ni enjeux narratifs mais bourré de clichés, avec en bonus en vague mépris parisianiste pour la France profonde et ses habitants. Si la réalisatrice semble avoir de trucs importants à dire sur la charge mentale, le déterminisme social, les transfuges de classe, toussa, sa grosse idée, c’est de faire de temps à autre entonner aux acteurs quelques notes d’un tube (Céline Dion, les 2Be3, K.Maro, Michel Delpech…), version karaoké nostalgique, avec orchestration de supermarché. Du Bourdieu pour Les Nuls mais « enchanté », de la poudre aux yeux qui ne parvient pas à masquer le vide abyssal du projet. Pour le reste, Amélie Bonnin semble avoir un goût prononcé pour la laideur : les costumes sont atroces, les décors dégueulasses, les acteurs ne savent pas chanter, l’actrice principale ne sait pas jouer, même la photo signé de l’immense David Cailley (Le Règne animal, Cassandre) est absolument hideuse et évoque une caricature de téléfilm français ou un épisode tremblé de Cauchemar en cuisine.
Alors comment expliquer la sélection de ce film en ouverture de Cannes 2025 ? L’abduction de Thierry Frémaux par des extraterrestres, le cerveau des sélectionneurs hacké par des trolls russes mélomanes ou la puissance de la persuasion de Pathé ? Le suspense est quasi insoutenable…
Partir un jour d’Amélie Bonnin
En salles le 14 mai 2025
Par Marc Godin