BARBARA STEELE À L’ETRANGE FESTIVAL

Barbara Steele

Jusqu’au 13 septembre, L’Étrange Festival propose une nouvelle livraison de films décalés et indispensables. Avec en invité d’honneur, Barbara Steele, la papesse du gothique italien, la reine de l’horreur.

Pour sa 31e édition, L’Étrange Festival propose un programme différent et pas pareil, avec des inédits, des avant-premières, des cartes blanches, des hommages, des expositions… Ainsi, vous pourrez découvrir Flush, l’histoire d’un junkie qui passe 90 minutes la tête coincée dans le trou d’une toilette à la turque, ou le dément La Disparition de Josef Mengele de Kirill Serebrennikov, le film d’horreur de Julie Pacino, la fille d’Al, I live here now, La Tour de glace de Lucile Hadžihalilović ou encore les reprises du film porno de Stephen Sayadian Cafe Flesh, Le Sourire vertical, Les Diables de Ken Russell…

Mercredi 3, L’Étrange a frappé fort avec une soirée Barbara Steele, en présentant deux films (Le Spectre du professeur Hichcock, de Riccardo Freda, dans une très belle version restaurée, et Frissons de David Cronenberg), en présence de la comédienne de 87 ans, qui a régalé ses vieux fans transis d’anecdotes sur Freda ou Fellini. Morceaux choisis :

LE SPECTRE DU PROFESSEUR HICHCOCK & RICCARDO FREDA

Barbara Steele : « Saviez-vous que Le Spectre du professeur Hichcock est issu d’un pari ? Riccardo a parié avec son producteur qu’il pourrait écrire, préparer et tourner un film en cinq semaines. Et il l’a fait, en bien moins de cinq semaines !

J’adorais Freda, c’était un opéra à lui tout seul. Je l’aimais pour son énergie, son sens du drame, sa maîtrise, sa générosité, son côté sexy, il avait toute l’équipe – qui était très peu payé – dans le creux de sa main. Il arrivait au studio à Rome dans sa magnifique Rolls Royce. Il avait 58 ans et venait tous les jours avec cette jeune fille de 14 ans, en négligé noir, qui l’attendait au soleil toute la journée.

MARIO BAVA

Je l’ai rencontré sur Le Masque du démon, mon premier vrai film. J’étais tellement jeune… Il était très timide, très poli, très courtois, un peu comme Roger Corman. Tout l’inverse de Riccardo…

ANGE OU DÉMON

J’ai joué les deux, parfois dans le même film. On a tous en nous cette dualité, donc ce n’était pas vraiment difficile à interpréter. Et c’est beaucoup plus fun de jouer un personnage ambigu, méchant, plutôt que d’interpréter quelqu’un de charmant et sympathique.

FEDERICO FELLINI

Pour le tournage de Huit et demi et il m’avait fallu signer un contrat de six mois. Je tournais quelques jours puis je passais des semaines à nager. Fellini était sommet de sa gloire. C’est son dernier film en noir et blanc, il s’engageait complètement dans son film, et il avait cette aventure avec Sandra Milo, qui joue dans Huit et demi bien sûr. On savait qu’on était tous embarqué dans quelque chose d’exceptionnel et sa façon dont il montre Rome, son énergie, est fabuleuse. Avec Fellini, tout était fou, jouer avec lui était comme une danse intuitive… Je me souviens que Fellini m’appelait parfois à trois heures du matin pour se balader dans les rues de Rome. Une nuit, il me réveille bien sûr. Il pleuvait et il m’a simplement dit qu’il avait un parapluie et que ce serait fabuleux sur la Via Antica. Comment refuser une balade poétique, au milieu de la nuit, sous les arbres, sous la pluie, avec Federico ? Il connaissait toutes les prostituées de la Via Antica. Elles le saluaient, tandis qu’elles faisaient cuire leurs saucisses. De l’autre côté de la rue, il y avait tous les prostitués masculins, merveilleusement habillés en costume blanc… 

L’Etrange Festival, au Forum des images
Jusqu’au samedi 13 septembre 2025

Toutes les infos sur : www.etrangefestival.com

Par Marc Godin