ISAAK DESSAUX : « TOUCHER À TOUT »

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Physionomiste rockstar de la Fête (place de Clichy, 75009), acteur, mannequin et humoriste, il est sans nul doute LE visage d’un Paris qui festoie, qui frime, qui vibre et qui s’aime… Rencontre avec notre voisin de la rue Mandar, Isaak Dessaux.

Mannequin, acteur, réalisateur, humoriste et physionomiste… Tu ne choisis pas, tu embrasses tout. Qu’est-ce qui alimente cette curiosité insatiable ?
Isaak Dessaux : Depuis tout petit, j’ai cette envie farouche d’expression et d’émancipation. Une soif d’indépendance, de liberté. Déjà au lycée, à Dreux, je quittais les cours le vendredi pour filer à Paris. J’étais littéralement magnétisé. Toute l’action était là. Je prenais le train, j’arrivais à Montparnasse, et je ne repartais que le lundi matin, après un allongé en terrasse à 7 h 30. À 9 heures, j’étais en cours. À Paris, j’avais (et j‘ai toujours) le sentiment, enfin, de pouvoir vivre ma vie pleinement. Pouvoir toucher à tout, faire partie d’une émulation expressive, ça a toujours été un rêve incandescent. Plus il y en a, mieux c’est, j’ai envie de dire : aimons-nous vivants, plus que jamais et surtout n’attendons pas que la mort nous trouve du talent.

Tu as fait un lycée cinéma. C’est à ce moment-là que tu as commencé à créer ?
Oui, j’ai fait un bac cinéma, avec huit heures de théorie et de pratique par semaine. C’était génial parce que ça me permettait d’approcher ce rêve que j’ai depuis tout petit : jouer, filmer, créer. On avait du matos, donc on pouvait tester plein de choses. Avec une amie, on a réalisé un premier court-métrage qui s’appelait In the Shadow of Light. C’était une petite allégorie du chez-soi intérieur. On s’est éclatés, moi, je jouais, elle cadrait. Ça a vraiment été déclencheur.

Ton premier rôle ?
Le premier rôle que mon agent, Maëlle Treuillet, m’a confié, c’était Christophe : un coiffeur des années 1960, amoureux de Julien, dans un petit salon de banlieue. Ça m’a prouvé que je pouvais incarner des personnages complexes, portés par leurs propres contradictions. J’avoue qu’au début, j‘avais un peu peur qu’on me colle une étiquette sur la tête.

Tu es devenu physio un peu par hasard, à la suite de ta rencontre avec Dorion, Tom, Youssef , ex-team du Bisous. C’est quoi un bon physio ?
À mon sens, c’est quelqu’un de sensible. Qui perçoit l’esprit de la fête avant toute chose. Je ne suis pas bourreau qui dit « toi oui, toi non ». Je ne suis qu’un vecteur, une passerelle entre l’extérieur et l’intérieur du bonheur. Si tu as les yeux qui brillent, le cœur qui bat, et un petit look assumé… alors tu t’envoles avec nous !

Un petit look assumé ?
Une pièce que tu oses porter, ce soir-là. Pour en être, pas pour rester assis au bar, pour être acteur de cette nuit. Alors parfois, oui, je recale des gens. Mais je leur explique pourquoi. Je leur dis que ce n’est pas grave et qu’on s’aimera encore plus fort une autre nuit…

Qu’a la Fête de si spécial ?
C’est un lieu qui, indéniablement, a une âme, un lieu qui fait fantasmer, un peu comme une bribe du Palace, de Chez Régine ou du Studio 54… Même si je ne les ai pas connus, il paraît qu’ils avaient ce panache, cet esprit, cette liberté qui vous rappellent pourquoi Paris est une fête et qu’elle ne devrait jamais s’arrêter.

Le corps, chez toi, c’est plus qu’un support, c’est un médium à part entière…
C’est mon terrain de jeu. En jogging, en robe – ou en slip ! – je reste le même. Je m’amuse avec les codes, les formes, les matières. C’est moi qui porte le vêtement, pas l’inverse. J’ai aussi un rapport à la féminité qui a toujours été là. Un jour, un pote m’a dit : « Tu es hyper féminin dans ta masculinité ». Ça résume bien ce que je ressens : une douce tension entre deux polarités, une manière d’être libre.

La suite ?
J’ai envie de jouer et d’écrire un spectacle, que je suis en train déjà de mettre un peu dans les roues… L’idée serait, je touche du bois, de le jouer en janvier.

Tu as déja un nom ?
Peut-être qu’il pourrait s’appeler « Plus que jamais » ou « Pas peur du bonheur ». Il me faudrait un brushing de dingue sur l’affiche !

@isaak_dssx


Par Max Malnuit
Photos Axel Vanhessche