Jean Vergès et Anthony Samama, dévoilent « Cité des Fables ». 1000 m² sur les Champs-Élysées dédiés à Jean de La Fontaine et son univers. Décors à couper le souffle et technologies novatrices donnent chair aux personnages de notre enfance. Entretien interactif.
Vous avez ouvert récemment votre troisième lieu avec Cités immersives, mettant à l’honneur le travail de la Fontaine. Qu’est-ce qu’une « cité immersive » ?
Anthony Samama : La Cité immersive est une œuvre globale où la technologie sert la narration d’un sujet ou d’un univers, chaque dispositif vient éclairer une idée, une émotion ou une connaissance. Le tout est pensé pour accompagner le visiteur à 360° et ainsi le laisser s’envelopper totalement dans l’histoire.
Jean Vergès : Cette fois-ci, nous racontons celle des Fables de La Fontaine. On traverse des salles thématiques : le Renard, le Loup, la Grenouille, le Lion… avant de basculer dans une Salle des Rêves qui conclut l’expérience. Chaque espace fait ressentir les motifs et les morales de ces textes que tout le monde croit connaître, mais que l’on redécouvre ici dans une lecture contemporaine.
Pourquoi avoir choisi La Fontaine pour cette deuxième édition ?
Jean : Les Fables sont une madeleine de Proust collective. Relues adultes, elles révèlent la poésie, les sous-textes, la critique du pouvoir. C’est une littérature de la nuance et de l’allégorie qui résonne plus que jamais avec notre époque.
La Fontaine disait : « Je me sers d’animaux pour instruire les hommes ». Cet aspect pédagogique allié au divertissement est important pour vous ?
Anthony : Le spectacle, le sensoriel et le jeu, sont là pour servir ce but. Nous redonnons un souffle pop à un corpus classique sans en trahir la rigueur.
Comment immerger le visiteur ?
Anthony : L’objectif est de solliciter tous les sens. Notre force vient de la proposition globale : lumière, effets spéciaux, vidéo, son, dialogues en continu. L’exposition vit avec le visiteur. Par exemple, les dessins d’animaux réalisés par les enfants sont projetés en grand dans la dernière salle. Le visiteur est partie prenante de sa découverte, et c’est précieux pour un public qui a parfois tendance à se détourner du musée classique.
Jean: Les comédiens jouent aussi un rôle-clé : ils incarnent les fables et donnent chair aux textes. En complément, les capsules du Youtubeur Nota Bene, viennent apporter des repères historiques rapides et précis sur la vie de La Fontaine.
Avez-vous le sentiment de participer à la création d’un nouveau modèle culturel ?
Anthony : Nous voyons plus cela comme une complémentarité, mais l’idée a du sens !
Jean : Bien que la dimension de recherche soit très présente dans notre travail, les musées ont une mission de conservation d’un point de vue scientifique et de présentation de collection qui n’est pas la nôtre.
Vous travaillez en étroite collaboration avec des spécialistes du XVIIe siècle, comment se passe la construction d’un projet de cette envergure ?
Jean : Oui, nous avions un rendez- vous hebdomadaire pendant près d’un an, ou nous reprenions minutieusement avec eux les textes, les thèmes et la biographie de La Fontaine pour être le plus précis possible.
Anthony : En parallèle, nous avons développé la scénographie, les choix artistiques et techniques, avant de basculer dans le concret avec les travaux et la construction du projet de manière tangible.Tout est guidé par l’envie de mettre le plus de justesse et d’émotion dans le projet, ce sont les points de convergence.
C’est un univers riche et profond avec énormément de détails…
Jean : Bien sûr et pour y rester fidèle, nous nous sommes associés à des partenaires de très haut niveau. Côté interprétation, nous tenions à un éventail qui parle à toutes les générations : avec par exemple Laurent Stocker, de la Comédie-Française, qui incarne La Fontaine, des figures iconiques du paysage français comme Alexandre Astier, Charles Berling, Ariel Dombasle ou encore Marie S’Infiltre. Certains rôles se sont imposés d’eux-mêmes : le lion royal pour Astier fait immédiatement écho à certains de ses rôles…
Le grand final de cette expérience est la Salle des rêves, mise en musique par Bon Entendeur.
Anthony : C’est une grande fierté, leur travail sur les voix et la langue s’accorde parfaitement à notre envie de révéler La Fontaine autrement.
Jean : Nous voulions vraiment que La Salle des rêves vienne mettre un point final envoûtant à cette épopée féérique.
Après les fables et l’univers des Vikings, quels thèmes souhaitez-vous mettre en scène ?
Jean : Dans cinq ans, nous visons une vingtaine de Cités en France et à l’international : la Cité du Champagne à Reims, la Cité du Cinéma à Cannes, la Cité des Corsaires à Saint-Malo ou encore la Cité de l’Europe à Strasbourg. Qu’il s’agisse d’histoires locales, nationales ou universelles, nous avons envie de les célébrer et de les faire connaître du mieux que nous pouvons !
5 rue de Berri, 75008 Paris
@citeimmersivefables
Par Max Malnuit
Photo Axel Vanhessche




