Partout en Europe le système des retraites vacille. Le country manager français de la banque en ligne Trade Republic se penche sur le problème.
Légende photo : PORTER LE MAILLOT_ Trade Republic signe une collaboration avec Kappa, avec un maillot impertinent portant fièrement le slogan « Retire Rich ». L’édition est limitée à 2000 exemplaires, et 25 % du prix de vente sera reversé à l’association d’éducation financière Finlit Foundation.
Trade Republic vient de sortir un maillot en collaboration avec Kappa, portant ce message : « No pension, retire rich ». Pourquoi toute l’Union Européenne est-elle concernée par cette crise des retraites ?
Vincent Grard : La crise qu’on connaît en France faisant l’actualité des journaux quotidiens, actuellement, est européenne. Tous les pays, sauf peut-être les Pays-Bas, qui s’en sort car ils ont lancé la capitalisation des retraites il y a quinze ans, se voient confrontés aux mêmes problèmes. En France, la répartition a été inventée après la Seconde Guerre mondiale pour permettre aux gens vieillissants de cette période-là d’obtenir une retraite, malgré les événements qui venaient d’advenir. Aujourd’hui, chaque Français dépense en moyenne 800 euros par mois pour les retraites (via les charges patronales, salariales, ndlr). Mais ce ne sont pas 800 euros qu’il cotise pour sa retraite à lui.
Ils sont donnés à un retraité…
Exact. Le problème, c’est que l’argent ne travaille pas. Parce qu’il est redistribué immédiatement. C’est le premier souci de notre système de retraite. Le deuxième, c’est quelque chose qu’on peut difficilement combattre, c’est l’évolution de la démographie. On se retrouve avec beaucoup de retraités, et en parallèle, les gens font de moins en moins d’enfants, donc moins de jeunes. En bref, on a de moins en moins d’actifs pour financer les retraites de ceux qui ne sont plus actifs : le système actuel n’est plus efficace et nécessite un changement radical. Que les politiques n’arrivent pas à mettre en œuvre. Avec ce mur de l’appauvrissement, nos jeunes seront des retraités pauvres.
Si on décidait de sauver ce système de retraites, comment pourrions-nous le faire ?
Revenons à notre chiffre précédent. Si on part sur un chiffre de 8500 euros annuel prélevé pour les retraites, et que l’on investissait cet argent dans l’économie, donc qu’il rapporterait en moyenne ce que l’économie rapporte, soit 6 % par an, chaque personne aurait, au bout de 43 ans de travail, environ 1,6 million de capital au moment du départ en retraite. En faisant travailler cet argent, et plutôt que de le redistribuer immédiatement, on inverserait la courbe. C’est ce qu’on appelle la capitalisation. Mais le problème se pose surtout dans le moment de transition. Il faut bien payer les retraités actuellement.
Et que proposez-vous de votre côté ?
Nous, on aide les gens à capitaliser eux-mêmes. Ce qu’on appelle la retraite privée. Actuellement, quand on part en retraite, on touche à peu près 60 % de son ancien salaire. C’est ce qu’on appelle le taux de remplacement. Autrement dit, du jour au lendemain, on perd 40 % de pouvoir d’achat. En investissant simplement 5 % de nos revenus à partir de nos 30 ans, jusqu’à ta retraite et que cet argent prend 5 %, c’est suffisant pour compenser ces 40 %. Pour comparer à la situation actuelle, la moyenne des Français épargne entre 15 et 18 % de ses revenus tous les mois. Simplement, c’est moins efficace.
Est-il possible d’investir correctement sans y passer un temps fou ?
Il y a épargner, investir et boursicoter. Boursicoter, c’est faire des coups, c’est le trading. C’est très dur. Si tu n’es pas formé, si tu n’as pas beaucoup de temps devant toi, si tu n’es pas en capacité de regarder la presse financière en permanence, c’est très compliqué de faire de l’argent en boursicotant. On peut alors décider d’épargner, avec un livret A, des livrets bancaires, l’assurance vie, tout ce qui est sans risques, et de perdre de l’argent à terme à cause de l’inflation. Ou bien on investit.
D’ailleurs pour investir assez simplement, tu conseilles d’acheter des ETF. En quoi ça consiste ?
Un ETF est un panier d’actions. Pour le dire simplement, quand tu boursicotes, tu cherches l’aiguille dans la meule de foin. Quand tu investis avec un ETF, tu achètes la meule de foin. Comme ça, tu es sûr d’avoir l’aiguille dedans. Plutôt que d’acheter un gros œuf à 100 euros à chaque fois, tu achètes la boîte en carton de 36 oeufs. Si un œuf pourrit, les autres compensent… Et potentiellement, l’un d’entre eux va sur la lune parce qu’il est très fort !
Une nouveauté de Trade Republic, c’est le compte enfant, en quoi est-ce lié aux enjeux d’aujourd’hui ?
Quand tu sais que la prochaine génération de retraités sera pauvre, et pourra moins aider ses enfants, autant que les enfants soient bien préparés. L’idée, avec ce produit, c’est de permettre de faire travailler l’épargne que les jeunes parents créent pour leurs enfants. Et à ma connaissance, nous sommes les seuls au monde à le proposer 100 % sans frais pour se construire un capital.
Par Adèle Thiery
Photo Yves Bottalico




