RENTRÉE 2021 : ET SI ON SE FOUTAIT À POIL DEVANT 70M DE FANS ?

Onlyfans

Vous avez pris l’habitude de vous foutre à poil ? Et vous voulez monétiser ce nouveau hobby ? Rejoignez OnlyFans, le plus grivois des réseaux sociaux (même s’il veut désormais bannir les contenus trop explicites). Vous nous filerez votre pseudo… 

« Au fond, poster sur OnlyFans c’est subversif, c’est s’affranchir des codes, et trouver sa liberté ! » Simon Vendeme, artiste et influenceur français de 21 ans, franc défenseur des couleurs LGBTQ +, fait partie de ces 85 millions d’utilisateurs européens qui ont décidé d’ouvrir un compte OnlyFans. Oui, Instagram prend un coup de vieux – censurer la nudité ne lui réussit pas. OnlyFans entre en scène et offre un contenu pornographique payant et assumé. Alors qu’on nous propose encore des scènes irréalistes sur Pornub, cette application annonce-t- elle l’avenir du porno ? 

ARRONDIR LES FINS DE MOIS 

« Tu as un compte sur lequel tu postes tes photos et tes vidéos, il y a un fil d’actualité avec les gens que tu suis, tu peux commenter, liker, ça peut être des vidéos, des sondages, il y a même des storys. La seule différence, c’est qu’il faut payer un abonnement mensuel pour accéder à ces contenus », explique Simon Vendeme. Sous la forme d’un réseau social similaire à Instagram, OnlyFans diffuse les contenus érotiques ou pornographiques de ses créateurs. L’application, qui a explosé pendant le confinement, permet à chaque créateur de mettre en scène son corps et d’en tirer profit. Lorsqu’ils postent leurs images, ils définissent un prix que les utilisateurs de la plateforme paient pour avoir accès à leurs comptes. À la différence d’autres applications comme Mym (réseau social réservé aux personnalités et modèles, qui propose des contenus érotiques et pornographiques), Onlyfans prend seulement 20 % du revenu des créateurs et créatrices. Une bonne manière d’arrondir ses fins de mois.

Les consommateurs peuvent échanger avec les créateurs par le biais de messages privés. Un consommateur peut demander un contenu particulier : une photo d’une partie du corps ou une vidéo. Mais libre à celui qui partage ces photos de refuser ! Ces demandes capricieuses ont un coût et les créateurs en profitent pour se faire plus d’argent. 

CORPS EN SCÈNE 

« OnlyFans c’est une application importante, surtout pour les porn stars, je crois que c’est une bonne alternative à la question du consentement qui n’est toujours pas réglée dans ce milieu », affirme Simon Vendeme.

Parce qu’en plus de permettre au dernier venu d’exposer son corps dans la mesure qui lui convient, l’application se présente comme une plateforme dédiée aux acteurs et actrices pornos ainsi qu’aux travailleuses du sexe. L’avantage ? Ils travaillent à leur rythme, selon leur méthode et de manière indépendante. C’est notamment grâce à ces derniers que les chiffres de l’appli ont battu des records, passant à 300 millions d’utilisateurs après les confinements. Merci qui ?

Onlyfans


D’un autre côté, les acteurs et actrices porno tirent eux aussi un profit quasi maximal en se mettant en scène librement, enfin émancipés des grosses productions. OnlyFans a par ailleurs offert une alternative pour les travailleuses du sexe pendant le confinement. Mais avant tout c’est un espace d’affranchissement : elles choisissent leurs propres clients, décident des limites qu’elles veulent franchir et les échanges avec les clients sont surveillés. 

OnlyFans c’est une pluralité d’individus, aux fantasmes différents, qui mettent leurs corps en scène.

SE RÉAPPROPRIER SON CORPS 

Simon, quant à lui, poste depuis un an et demi sur la plateforme, au point de pouvoir en faire son gagne-pain. Ses photos érotiques affichent une grande liberté dans leur mise en scène. Il aborde OnlyFans avec un regard assez positif, bien qu’il n’en néglige pas les dangers : « Les gens ont une image biaisée d’OnlyFans. Ils considèrent que c’est de l’argent facile. Mais il ne faut pas banaliser certaines conséquences comme le cyber-harcèlement, la pression sociale, le jugement de son entourage…  ». 

Alors, pourquoi tant d’efforts ? Pour se réapproprier son corps. « J’ai été tellement sexualisé dû à ma surexposition sur les réseaux – je recevais des nudes, des dickpicks sur Insta. Mon droit de réponse était de tirer profit de cette sexualisation. Et OnlyFans est apparue comme une bonne alternative. » Jouer avec sa nudité , imaginer une mise en scène érotique ou pornographique, une nouvelle façon de reprendre le contrôle ? Pour certaines femmes, posséder un compte OnlyFans devient une façon de s’émanciper d’une hypersexualisation infligée et, pourquoi pas, mettre un terme définitif au male gaze. Simon Vendeme affirme en tout cas qu’Onlyfans peut devenir l’avenir « d’un porno plus sain, plus consentant. » 

Taxée de lieu de prostitution, c’est surtout une application qui met fin au tabous du contenu érotique et pornographique sur les réseaux. Il était temps … 


Par
Jasmine Thiré
Photos Maxime Benjamin