LARRY DEADSTOCK : « J’ATTENDS LA YEEZY DE 2048… »

LARRY DEADSTOCK TECHNIKART YAGIZA STUDIO

Vous êtes du genre à faire votre jogging chaussé comme un beatboy qui aurait ses habitudes au Bon Marché ? Ou à ranger vos paires les plus rares dans un musée perso digne d’Imelda Marcos ? Dans les deux cas, vous êtes les bienvenus au laboratoire secret de Technikart. Votre guide ? La légende Larry Deadstock…

De sa boutique du Marais, le mythique revendeur Larry Deadstock a vécu la « muséification » de la basket de l’intérieur. Retour sur quelques grolles de légende.

Des terrains de sports au bureau, des défilés de mode aux ventes aux enchères, les sneakers sont partout… En juillet 2019, une collection de 100 modèles rares a été vendue chez Sotheby’s à Miles Nadal, un entrepreneur canadien, pour la somme de 1,2M$. Il compte les exposer dans son musée privé de Toronto. Et en France ? Dans son espace de la rue Saintonge (Paris 3ème), Larry Deadstock n’expose que les sneakers les plus rares. Nous sommes allés rencontrer le pape des revendeurs français de sneakers de collection pour en savoir plus sur leur migration de la rue au musée.

Après 10 ans passés au centre du game de la revente de prestige, comment sélectionnes-tu les sneakers qui font vraiment la différence ?
Larry Deadstock : Les collaborations d’une marque avec un artiste ou un sportif fonctionnent bien. Dans les années 90, les collabs se faisaient souvent avec des noms légendaires comme Michael Jordan ou Agassi, alors qu’aujourd’hui les marques s’associent beaucoup aux artistes, comme Kanye West ou Travis Scott. Ces collaborations sont distribuées en très petites quantités dans des points de ventes spécifiques. Normalement, ça fait un tabac à coup sûr.

Mais ces paires-là se retrouvent presque aussitôt sur eBay. Ça ne gêne pas les marques ?
Il y a quelques années, ça pouvait les gêner. Mais maintenant, ça met le produit en valeur. Si les revendeurs étaient assez mal vus à l’époque, aujourd’hui ce n’est plus le cas : nous participons au buzz, nous sommes devenus des acteurs à part entière du marché de la sneaker.

Ces dernières années, on a vu de plus en plus les marques de prêt-à-porter ou de luxe se lancer dans la basket. C’est une direction qui t’intéresse ?
Ce sont vraiment deux mondes différents. La plupart des gens qui vont consommer les baskets que nous proposons ne vont pas aller vers ce type de marques. À l’inverse, c’est bien que les fans de marques de luxe regardent ce qui se passe dans le « vrai monde » de la sneaker.

Et ces nouvelles marques de sneakers éco-responsables, tu en penses quoi ?
Pour faire bref, ce n’est pas la façon de consommer des fans de sneakers, ces produits ne les intéressent pas du tout. Même Adidas, avait tenté de créer des paires avec du plastique recyclé. Ça a fait un petit buzz mais pas plus que ça.

Il y a un autre phénomène qui est de suivre le cours d’une sneaker sur le site StockX, tout comme le cours de la bourse. La sneaker est devenue un investissement ?
C’est un investissement depuis longtemps – pour les connaisseurs. Il y a dix ans, nous étions une petite cinquantaine sur Paris à faire ce travail, ce n’était pas du tout professionnalisé. Et maintenant, il y a presque 50.000 personnes à Paris qui essaient de dénicher « la » paire et dès qu’ils l’ont en main, ils vont regarder la côte sur StockX, pour voir s’il faut la revendre tout de suite. Les collectionneurs ont les yeux fixés sur StockX. Et c’est international.

Est-ce qu’il y a des spécificités régionales dans les goûts pour les sneakers ?
Avant, pour se différencier, il fallait avoir la basket que personne n’avait. Maintenant, la plupart des jeunes veulent la même paire qu’ils ont vu sur les réseaux sociaux. Dans ma boutique du Marais, on a des clients du monde entier et on ne pourrait pas distinguer de quels pays ils viennent. Ils ont le même look de baskets – qu’ils soient mexicains ou qu’ils habitent à trois kilomètres de chez nous.

Et pour toi Larry, quelle est la paire ultime ?
C’est la Dunk Wu-Tang avec le logo noir et jaune du Wu-Tang sur le côté. Elle est sortie en 1999 à 36 exemplaires en référence à l’album du Wu-Tang, 36 Chambers. Cette paire était uniquement destinée aux membres du groupe et à leur staff de l’époque. Elle marque les années 90-2000. C’est la paire qui me fait rêver.

Tu as des nouveaux projets dans les cartons ?
On aimerait bien ouvrir une troisième boutique pour vendre des paires VNDS. Ça veut dire « Very Nearly Dead Stock », dans un état quasi neuf quoi. Les gens consomment vraiment beaucoup de baskets. Ils ont parfois 150 paires chez eux qu’ils gardent en tant qu’objet ou pour les photos sur Instagram. Dans la culture sneakers, ça se fait beaucoup de garder des paires très clean. Je pense qu’il y a vraiment un marché important.

À ton avis, quelles sneakers d’aujourd’hui seront considérées comme cultes en 2048 ?
Les Jordan 1 sont déjà mythiques, et je pense qu’en 2048, elles le seront toujours. Les Yeezy 350 peuvent devenir cultes aussi. Pour l’instant, c’est un objet de consommation de masse mais je pense qu’en 2048, ça sera marrant de voir une paire de Yeezy toute neuve comme un marqueur des années 2020…

www.larrydeadstock.com
65 rue de Saintonge 75003 Paris

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Par Yagiza
Photos : Yagiza Studio