Avis aux tourmentés de la chose : le plus sexy des accessoires est aussi le plus féministe (aka, le slip chauffant). Charitable, notre envoyé spécial a testé pour vous les meilleures méthodes de contraception masculine.
Légende photo : ÇA CHAUFFE_ Vous aviez aimé Jeremy Allen White en calebar pour la campagne printemps 2024 de Calvin Klein ? Vous allez adorer votre prochain coup en slip chauffant contraceptif…
Ne demandez plus : « En a-t-il dans le caleçon ? », mais plutôt : « Comment se contracepte-il ? ». Eh oui. De nos jours, les qualités d’un bon amant se mesurent moins à la « performance » des centimètres qu’au degré de conscience responsable. Vis-à-vis du consentement, bien sûr. Mais aussi, et c’est inédit, au regard de la charge contraceptive. Car à mesure que de nouveaux leviers de réduction de la fertilité masculine font leurs preuves, l’idée selon laquelle ce fardeau reviendrait « naturellement » aux femmes prend l’allure crapuleuse des fausses évidences. Dont acte l’élan d’hommes désireux de virer infertile, histoire de soulager leur partenaire. De quoi paver la voie à une sexualité next gen moins inégalitaire et plus attentionnée ?
CHALAMET EN SLIP CHAUFFANT
Si le concept « d’homme contracepté » a l’attrait suave des horizons révolutionnaires, c’est qu’il est longtemps resté le grand impensé de la « libération sexuelle ». Dans la foulée de l’autorisation de la pilule en 1967, et en parallèle des mouvements féministes des seventies en faveur du droit à l’IVG, seule une poignée d’hommes unis dans l’Ardecom s’époumonent, et expérimentent façon Do It Yourself, pour faire germer ce modèle – sans trouver d’écho institutionnel. La faute à un pays aux politiques natalistes traditionnellement férues de « réarmement démographique », qui a eu tôt fait de détourner le regard de moyens qui étaient, pourtant, sous ses yeux.
Toujours active, l’association ferraille pour promouvoir plusieurs options : la vasectomie, mega-minoritaire en France, avec moins de 1% d’hommes ayant sauté le pas, pour 20 % au Canada. Puis la méthode thermique, consistant à faire dégringoler la production de spermatozoïdes, en chauffant les testicules grâce à un slip ou un anneau. Sans oublier l’injection hebdomadaire de testostérone, validée par l’OMS, ni l’alternative d’un gel dérivé de la même hormone à appliquer quotidiennement sur les épaules.
Bref, des solutions existent. Partant d’ici, comment expliquer ce manque de visibilité, alors même que seulement 4 % des Français sont « tout à fait d’accord » pour affirmer que la contraception est « une affaire de femmes », selon une enquête Statista de 2022 ? Horrifiés, nos médecins sonnent l’alarme : certains traitements suscités présenteraient des effets secondaires délétères. Un argument acrobatique, lorsqu’on sait que les stérilets hormonaux précipitent des dépressions tandis que la pilule, connue pour accroître le risque de maladies cardio-vasculaires et d’embolies pulmonaires, serait à l’origine de vingt décès par an dans l’Hexagone, selon l’Agence du médicament. Au regard de ces périls, démocratiser la contraception masculine permettrait a minima une politique de « risque partagé » axée fair play. Si l’un tolère mal sa contraception, l’autre prend le relais. Et vice-versa.
On entend d’ici les râles virilistes : « Si mes petits gars ne fonctionnent plus là-dessous, suis-je encore un mec ? ». Vilaine rengaine d’animal blessé, qui laisserait entendre que la contraception, par une curieuse méprise anatomique, équivaudrait à castration. Face à cet affolement mâle, on serait tenté de rétorquer que la « puissance fécondatrice » du sperme n’est pas gage de masculinité épanouie. Et qu’au fond, côté pieu, la neutralisation des « petits gars » tient moins du tue-l’amour que du carré d’as, en matière de sex appeal. De fait, les « éjaculateurs responsables » seront d’évidence placés en haut de panier, au jeu du « qui se tape le meilleur coup ? ». Car ces gentlemen des temps modernes, qui auront passé le cap par égards pour la gent féminine, seront aussi les oreilles les plus attentives, vis-à-vis du plaisir de leur partenaire. Logique de continuum. Qui se soucie que son aimée soit délestée des pesanteurs de la contraception se soucie de sa jouissance. Alors qu’on l’entonne une bonne fois : la contraception masculine is the new sexy.
Par Antonin Gratien