GODASSE, VA !

chaussure 3D

Il est temps. Lâchez vos vieilles baskets montantes et investissez dans la pompe 3D. Écolo, ultra-tech et voguish, les chaussures imprimées en 3D sont le nouvel indispensable du monde streetwear – et bientôt des fashion week. Join the fam’ !

Participer à la restauration des écosystèmes et de la biodiversité en faisant son jogging le matin, voilà ce que promet Kiki Grammatopoulos, jeune designer anglaise en dernière année de master à l’université Central Saint Martins de Londres. Intitulé Rewild the Run, son initiative prend la forme d’une chaussure imprimée en 3D dont la semelle est capable de disperser des graines en traversant le sol. Pas mal, hein ! Attendez de voir la suite.

Que ce soit sur les runway de la fashion week, aux pieds des athlètes, ou pour protéger les soldats ukrainiens des mines russes, les chaussures en impressions 3D sont aujourd’hui un des tournants technologiques les plus prometteurs. Apparu à la fin des années 1970, ce processus n’est intégré à l’industrie de la chaussure qu’en 2015 par Adidas, pour ses fameuses semelles de running Futurecraft, utilisant des données de performance. Rapidement, Reebok, Nike, Puma ou New Balance adoptent l’impression 3D pour la production des baskets de courses, louant leur légèreté et adaptabilité. Mais cette technologie présente bien plus d’avantages.

Comme c’est une méthode de fabrication additive, les formes sont créées couche par couche à partir d’un seul matériau – parfois déjà recyclé. On évite donc le gaspillage de matière tout en assurant un recyclage simplifié.  D’autre part, la production étant automatisée, seul le nombre nécessaire est imprimé. À tout moment, on peut décider de créer plus de paires en appuyant sur un bouton, donc pas de problème de surproduction. Enfin, l’impression automatisée remplace également les usines et la main-d’œuvre – aujourd’hui principalement délocalisées à l’étranger. Cette technologie pourrait donc centraliser les unités de production à l’intérieur des pays.

BASKET BOURSOUFLÉE

Très vite, le monde de la mode s’intéresse également à l’impression 3D avec des marques comme Botter (Pays-Bas) qui, avec Reebok et HP, crée des baskets à la semelle striée, produite en seulement 15 jours à Barcelone. Cette année, c’était la maison de couture française Dior, qui pour sa collection automne-hiver, dévoilait une version 3D du Carlo, son iconique modèle de derby.

Mais l’expert en la matière semble être l’entreprise allemande Zellerfeld, à qui on doit la Puffer sneaker de la marque danoise Rains, jolie basket boursouflée venant compléter une collection de doudounes surdimensionnées (ci-contre leur basket « Heel Your Sole » créée en collaboration avec KidSuper au printemps dernier). « La fabrication conventionnelle de chaussures reste à la fois intensive en main-d’œuvre et en capital, explique Cornelius Schmitt, CEO chez Zellerfeld, ce qui entraîne souvent des problèmes tels que des conditions de travail inhumaines dans les usines délocalisées et des barrières à l’entrée élevées pour les petites marques L’impression 3D révolutionne l’industrie de la chaussure en réduisant considérablement ces contraintes ». En pleine démocratisation, la limite à laquelle fait face aujourd’hui l’impression 3D est la difficulté de cumuler différentes couleurs lors d’une même impression. Un détail plutôt relatif quand on pense aux avantages qu’apporte cette technologie à la 6e industrie la plus polluante. Et quand on questionne Cornelius sur le futur de cette technologie, il dit imaginer un jour où avec l’avènement des technologies de recyclage, acheter des chaussures se ferait sous forme d’abonnement. Il explique : « À la place d’accumuler des paires, on réinvente les modèles en utilisant le même matériau ». Alors, on s’abonne ? 

 

Par Anna Prudhomme