Georges Candilis, plus fada que Le Corbusier ?

Pionnier des grands ensembles et architecte humaniste, il fut le plus original des élèves du « Corbu ».

L’oeuvre de Georges Candilis reste attachée à l’idée de loger le plus grand nombre. Son urbanisme propose des solutions à l’épineux problème de l’insertion du neuf dans le tissu historique bien que ses idées ne se soient pas révélées adaptées au contexte. Sans doute étaient-elles plus généreuses que la société à laquelle il les proposait…
 
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Architecte-citoyen du monde

Il fut, à ses débuts, collaborateur de Le Corbusier, pour lequel il travailla notamment à la Cité Radieuse de Marseille. Il quittera vite le maître de l’architecture du XXème (en 1954) pour s’associer à différents architectes. De ces collaborations naissent un grand nombre de projets internationaux en Europe mais aussi au Koweït, dans les Caraïbes, au Maroc ou en Amérique latine.
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Fidèle à son maître, il dessine de manière sobre et humaniste, jouant sur les rythmes des façades et l’emboîtement des volumes. Architecte de la génération de la charte d’Athènes, son travail d’urbanisme reste marqué, entre autres, par sa recherche sur la rue. A Toulouse, par exemple, au  Mirail (cité prévue pour 100 000 habitants), la rue est libérée de la circulation automobile. Mise en valeur, elle devient un lieu de vie communautaire.
 
Le_Mirail._(1970)
Le Mirail en 1970

Monsieur HLM

Georges Candilis a réalisé la majorité de son œuvre dans le domaine de l’habitat collectif : ensemble de Bagnols-sur-Cèze (en 1959 et pour lequel il reçut le grand prix d’urbanisme), H.L.M. à Ivry, cités Emmaüs à Bobigny et au Blanc-Mesnil (1957-1962), ensembles à Aix-en-Provence, Nîmes, Toulouse… Il fut également un spécialiste de la construction en pays chauds : ensembles d’habitants à Oran (1954), immeuble « Entonnoir » à Casablanca (1954). Candilis s’est aussi intéressé aux constructions scolaires et universitaires (gymnase universitaire de Cachan, en collaboration avec Jean Prouvé). Il est également l’auteur de l’aménagement du littoral du Languedoc-Roussillon (avec Balladur et Le Couteur) ou de la Cité du soleil à Avignon, destinée aux gitans et à l’usage semi-sédentaire, qui reprend la forme du bivouac des gens du voyage. Son plan circulaire montre toute l’imagination et la sensibilité de l’architecte.
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Très controversé, Candilis est cependant le plus original des architectes de la grande vague de « sociale » des sixties. En 1975, il relève un défi plus épineux encore en partant pour la Grèce, appelé comme conseiller par Caramanlis, le président de l’époque. Disparu en mai 95, il laisse aux architectes de toutes obédiences une œuvre qui voulait réconcilier le collectif avec l’individu.