Le président du GrandPalaisRmn, Didier Fusillier, a pour objectif de faire du centre géographique de Paris son centre culturel. Rencontre sous la nef.
Le Grand Palais rouvre progressivement depuis les Jeux de Paris 2024 où s’étaient tenues les épreuves d’escrime et de taekwondo. La nouveauté pour 2025 est l’ouverture au public du Grand Palais d’été – votre idée ?
Didier Fusillier : Il n’avait jamais été ouvert l’été. Notre objectif, c’est la diversité des événements. Nous allons proposer des concerts, des expositions et des spectacles. Une fête à combiner avec les vingt galeries autour de la nef, et d’une autre première pour le Grand Palais, qui va accueillir six galeries coproduites avec le Centre Pompidou, à partir du 5 juin 2025, pour pallier sa fermeture pour rénovation. C’est un défi technique important, nous espérons notamment qu’il n’y aura pas de canicule… On expérimente en ce moment même un nouveau dispositif de refroidissement par le sol.
Vous travaillez à sa rénovation depuis 2023. En quoi le Grand Palais est-il un monument unique ?
Ce qu’il y a de plus troublant, en plus du fait que ce soit le plus grand monument de Paris, ce sont les variations de lumières. C’est une beauté d’un autre siècle, mais un espace clé pour le Paris d’aujourd’hui.
Vous êtes par ailleurs metteur en scène : quels sont les défis pour y organiser un événement ?
Quand on voit la dimension du Grand Palais, on s’interroge évidemment sur les artistes qui vont le mieux l’utiliser. La programmation changera avec les saisons : on se trouve obligé de travailler avec les variations météorologiques. C’est le seul endroit à Paris du genre, et même d’Europe, depuis que le Cristal Palace de Londres a brûlé, en 1936. Mais je pense toujours d’abord au public, en me demandant comment donner envie d’y entrer. Le Grand Palais n’avait jamais été ouvert gratuitement. Dès cet été, il va y avoir un grand espace de 7000 m² derrière la nef. On pourra prendre un verre, découvrir des expositions, faire des activités avec ses enfants. Ce sera un monde en soi.
Centre géographique de Paris, le Grand Palais peut-il également devenir son centre culturel ?
Mon souhait est que l’on puisse se donner rendez-vous au Grand Palais. Il a cette particularité de n’avoir aucune collection. C’est un endroit totalement vide où, par exemple, du jour au lendemain, les exposants d’Art Paris sont repartis et laissent place à ceux du Festival du Livre. Je veux que ce lieu appartienne à tous les Français, parisiens ou de passage à Paris, comme aux touristes.
Chanel y organise des défilés depuis 2005, d’après l’impulsion donnée par Karl Lagerfeld. L’évolution de votre partenariat avec la griffe ?
Un partenariat exclusif, et clé : Chanel a participé à hauteur de 25 millions aux travaux. À mon arrivée, j’ai pu m’entretenir avec Bruno Pavlovsky, son PDG : il a accepté de mécéner la programmation artistique du Grand Palais pendant le temps de mon mandat (jusqu’en 2028, ndlr). Sans Chanel, nous n’aurions pas pu faire l’exposition de Chiharu Shiota, ni notre programmation d’été.
Un objectif de visiteurs ?
On pensait faire 100 000 pour Chiharu Shiota, or il y a eu plus de 300 000 visiteurs. 410 000 sont venus voir l’exposition Dolce&Gabbana. Donc on ne fixe aucun autre objectif que proposer une programmation ouverte, accessible et divertissante.
Vous êtes également à la tête de la fusion des musées nationaux, GrandPalaisRmn, avec 38 boutiques présentes partout en France.
Oui, la fusion est née en 2011, et regroupe des espaces comme le Musée Chagall à Nice, le Musée national de la Préhistoire ou le Château de Malmaison dans les Hauts-de-Seine. En ce qui concerne les boutiques, nous venons de remporter cinq appels d’offres : la reconduction de notre mandat au Louvre, le Musée de l’Armée, la Philharmonie de Paris, le Château de Versailles et le Palais de la Porte Dorée. On essaie également d’être présent dans les aéroports. Dans une boutique du Grand Palais, vous voyez des merveilles.
Par Alexis Lacourte
Photo Amélie Debray