CLÉMENCE GBONON : « FORMES INTÉRIEURES »

Clémence Gbonon

Diplômée des Beaux-arts de Paris en septembre 2024, cette résidente de Poush expose quatre toiles à la Galerie Mennour. Interview monumentale.

Pour clôturer tes cinq ans aux Beaux-arts, tu as exposé dans la cour vitrée de l’école un projet rétrospectif nommé « Going South »…
Clémence Gbonon : Je suis partie d’un point A, At Rest, une peinture assez petite que j’ai faite en 2023. C’est un homme qui fume allongé, que j’avais montrée à New York, et qui marque le tout début de ma pratique actuelle. L’exposition avançait vers des formats plus grands jusqu’à « The Garden », un diptyque comme un jardin intérieur avec du mobilier, de la végétation qui explose, qui matérialise mes formes intérieures.

À tes 15 ans, tu passes un an en famille d’accueil à Washington DC.
Là-bas, j’allais tout le temps au musée, ils étaient tous gratuits. Ce sont des endroits où tu décides de passer du temps avec un Rothko. J’étais toute seule face à des tableaux monumentaux de l’art américain abstrait des années 1950 et 1960, ça m’a marquée à vie. Plus ça va et plus j’appréhende la toile comme un terrain de jeu et j’utilise des techniques abstraites, ce courant qu’on voit pas mal à New York entre abstraction et figuration, où les formes se libèrent et deviennent un langage visuel à part entière. Je pense à des peintres comme Bob Thompson ou Walter Price qui sont essentiels pour moi

C’est ce qu’on découvre à la Galerie Mennour ?
À cette occasion j’ai créé quatre toiles de deux mètres de haut qui sont presque monolithiques. Quatre univers intérieurs très intenses et denses, comme des portes ouvertes sur la psyché, explorant aussi l’expérience des personnes noires.

La suite ?
New York, où j’ai passé plusieurs mois, me manque intensément. En tant qu’afro-descendante française, j’ai ressenti une libération incroyable. Je voudrais faire partie d’une discussion entre la scène artistique américaine et française.

@clemence.gbonon

À la Galerie Mennour, 5 rue du Pont de Lodi, 75006 Paris, du 26 mars au 10 mai

 

Par Adèle Thiéry
Photo Axel Vanhessche