20 MINT, MÉTA-MÉDIA : « LES MÉDIAS DOIVENT SE METTRE AUX NFTS »

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Pourra-t-on un jour suivre l’actualité dans le métavers comme dans une animation 3D ? Laurent Bainier, rédac-chef de 20 Minutes et Laure Beaudonnet, journaliste culture méta-branchée, en sont les prophètes. Ils présentent leur nouveau supplément gratuit, 20 Mint, Bible du Web3. Interview décodée.

Le 1er avril dernier, vous annonciez le lancement de votre supplément spécialisé dans le Web3, 20 Mint. Ce n’était pas une blague ? 
Laurent Bainier : Tout le monde pensait que c’était un poisson d’avril. Et notre lectorat ne s’attendait pas à ça. Mais c’est justement parce qu’il n’y avait pas a priori d’engouement de leur part qu’on a décidé de se lancer. Cette indifférence du lectorat est un luxe qu’on ne peut pas se payer : ces innovations vont débarquer demain, et auront rapidement un impact sur notre vie. Notre rôle de média gratuit, c’est de donner des clés aux lecteurs.

Pourquoi ce nom, 20 Mint ?
Laurent : Le « mint », c’est un moment marquant dans un parcours dans le Web3, c’est quand on crée un NFT ou un jeton sur la blockchain. C’est un peu un signal d’affranchi. Et puis le jeu de mots, évidemment…

Vous avez commencé en vendant un NFT « 20 Minutes » aux enchères. Puis en mettant en vente 999 NFTs. C’est quoi le projet exactement ?
Laurent : Après l’événement de la vente aux enchères, pilotée par Laure, nous avons mis en vente 999 NFTs – des machines à écrire – sur Ethereum. Tout s’est vendu en moins de 24 heures. Le 16 juin, nous allons distribuer notre 20 Mint à la place du 20 Minutes habituel. On va prendre nos lecteurs par surprise, en les mettant en tête à tête avec 24 pages d’informations sur les NFTs, les cryptos, le métavers… À charge pour nous de les intéresser. 
Laure Beaudonnet : Chaque NFT coûtait 280 euros, alors on se dit qu’on a rassemblé des gens sensibles à ces questions, curieux en tout cas.

Quels avantages à posséder une de vos machines à écrire NFT ?
Laurent : Faire partie de notre communauté, rentrer dans un canal privé, et exclusif. Et du coup, proposer des intervenants, des thèmes, des sujets sur les prochains numéros. On voulait que cette vente de NFTs soit le début de quelque chose, pas la fin. Par la suite, et grâce aux financements de boîtes comme Ledger ou Coinhouse, nous mettrons une cagnotte à disposition de notre communauté pour lancer des projets dans la blockchain. Tout ça se met déjà en place sur Discord. Dans quelque temps, sur Twitch, avec des interviews participatives. Et enfin, dans le métavers, c’est l’aboutissement logique de la démarche ! 
Laure : On propose un engagement éditorial, un peu à la Wikipédia.

Vous utilisez des termes comme « communauté », « engagements », etc. Le journaliste méta sera un influenceur ? 
Laurent : Quand je parle de communauté, c’est des fans à l’intérieur d’un lectorat de 20 millions de personnes pour nous. Rien à voir avec celui des influenceurs. C’est bien dommage si on s’interdit d’utiliser le terme de collaborer, à cause des sombres heures de notre histoire, le terme de communauté parce que Nabilla s’en sert pour vendre des shampoings, et celui d’engagement parce qu’on n’a pas de PowerPoint avec des indicateurs clés. Nous sommes un journal citoyen, ces termes nous appartiennent aussi.

Avec ce projet NFT, vous faites figure de pionniers dans le paysage médiatique français.
Laure : En France, peut-être. Mais aux États-Unis, en mars dernier, un éditorialiste du New York Times a vendu un de ses articles sous forme de NFT pour plus de 500 000 dollars. Ce qui est vraiment précurseur dans notre idée, c’est cette nouvelle possibilité de financer la presse grâce aux cryptos.
Laurent : Les médias doivent se mettre aux NFTs !

On pourrait imaginer que Paris Match ou Libé puissent vendre des couves historiques en NFT.
Laurent : Ou Technikart

On y travaille ! Mais pensez-vous que nous sommes mentalement prêts à basculer dans le Web3 ?
Laure : C’est encore balbutiant… C’est même la jungle, un peu comme au début d’Internet. Il manque encore des interfaces, des outils. Mais ce serait une bêtise de refuser l’arrivée du Web3, parce que ça change tout, surtout pour les utilisateurs et la protection de leurs données personnelles. À l’inverse du Web2 qui repose sur cette centralisation. Ce qu’on redoute, c’est l’arrivée de grosses boîtes comme Facebook qui commence déjà à s’emparer du sujet. Mais en réalité, Facebook, ce n’est pas du Web3, c’est du Web2++. 

Laurent : On doit mettre la main sur ces nouvelles technos, être hyperactif. Elles sont indéterminées et deviendront ce que nous déciderons d’en faire.

20mint.xyz


Par
Violaine Epitalon