Schlaasss, les crados du rap

Avec la sortie d’un réjouissant second album pipi-caca-électro, le duo de Saint-Etienne Schlaasss frappe fort.  

Toujours brûlants, excités, à fleur de peau – voilà quinze morceaux qui s’avalent comme autant de cachetons à l’aune d’une longue soirée. En montée dans les vrombissements électro et les beats énervés (« Triste Artiste », « Pupute »), avant les envolées electronica (« No Drog Yourself ») et les mélodies aériennes (« Bye Bye ») – on atteint le climax avec cette poésie de l’AutoTune balancée sans aucun complexe (le très lourd « Thug Lilith » et ses hi-hats very trap). Sans jamais quitter leur humour acide, les textes sont incisifs, grossiers, les punchlines jouissives (« C’est ta bite »). Entre le flow sombre et angoisse (« Poison »), les riffs grinçants et les instrus déstructurées (« Requiem »), le chant rauque de l’un détonnant sur le timbre d’ado rebelle de l’autre, Casa Plaisance est un drôle de truc qui s’amuse sans prétention, passant sans effort du rap crado à la rave punk. S’il tape un peu moins fort que leur premier (composé en une semaine à grands coups de whisky), plus élaboré, ce second ne perd rien de l’énergie crue de prol’ parvenus qui comptent bien tout renverser sur leur passage – histoire de remettre un peu d’ordre dans une industrie du disque en déréliction. Une belle descente.

Casa Plaisance, Atypeek music

En concert au Trabendo lundi 22 mai 

SARAH DIEP
PHOTOS RÄ2

 

Paru dans Technikart #212 mai 2017