JASON CHICANDIER : « MA 9E VIE ? LA MEILLEURE ! »

jason chicandier technikart

Le plus littéraire des humortistes français, Jason Chicandier, présente un nouveau spectacle dans lequel il revient sur ses nombreuses vies. Le one-man-show de la rentrée !

Légende photo : SOBRE ET STYLÉ_ Jason Chicandier, l’humoriste préféré des chefs étoilés et des piliers de bar, a arrêté la bibine. Bonne nouvelle : il revient avec un spectacle drôle et lettré. 

Vous faites votre grand retour avec un nouveau spectacle en tournée, « La 9e vie du chat ». À quoi ressemble-t-elle ?
Jason Chicandier : En retraçant le cours des événements, je me suis rendu compte que j’entrais dans ma 9e vie, sûrement la meilleure et la dernière j’espère. Une vie assumée en tant que saltimbanque.

Vous êtes un alcoolique repenti. Avec l’expérience de vos multiples vies dites-nous, que boit-on dans les différentes professions ?
Alors ! Notaire, c’était vin et bière. Après quand j’étais fonctionnaire dans le Sud, c’était beaucoup pastis, du Ricard, des petites anisettes… J’appelle ça les alcools qui se boivent vite. Ensuite, quand j’ai été juriste, c’était champagne, alcools mondains, etc. Quand je travaillais avec les cathos lyonnais en revanche, c’était cubis de rouge. Le catho est radin, il faut le savoir. Après, quand je suis revenu à Saint-Étienne on finissait des tasseaux de poire qui faisaient 12 centilitres chacun. Quand tu reviens au boulot chez Casino, bien cuit, tu te mets tranquille dans les toilettes handicapées du 5e étage… j’y ai fait les meilleures siestes de ma vie !

Quel a été le dernier verre de votre 8e vie ?
C’était du whisky. Une intoxication au whisky. Du mauvais, genre Label 5, en pire… Même si tu en files à un SDF il te dira : « non merci, ça va, je me respecte ».

Comment se bat-on contre l’alcool ?
Normalement les vrais addictologues te disent, tolérance zéro et ils ont raison. J’en parlais avec Jérémy Ferrari (un des rares humoristes ayant fait la couverture de Technikart, ndlr), si dans ton entourage les gens boivent, c’est difficile de résister. Tu essayes de lutter et au bout d’un moment, quand tout le monde te dit « un petit fond de vin, un petit fond de vin », tu te laisses avoir. Et puis après, tu te contrôle et tu dois te dire je bois de l’eau. De temps en temps tu fais semblant, avec de la bière ou du vin sans alcool. Ça donne l’impression que tu fais partie du truc. C’est une lutte du quotidien.

On dit que tout le monde remplace une addiction par une autre. Pour vous, c’est quoi ?
Toutes. Ça peut être sexe, bouffe, cigarette. Je me suis remis à fumer, alors que je ne suis pas fumeur. Je mangeais beaucoup de sucre, je me réveillais la nuit pour aller bouffer des pots de miel ou des gâteaux. Je me disais « c’est quand même curieux, j’ai arrêté de boire mais je prends du poids » ! Je me faisais des pâtes avec des montagnes de fromage. Je pense que tout le monde doit être humble devant les addictions.

« LES MEILLEURES SIESTES DE MA VIE ? AU CASINO, DANS LES TOILETTES HANDICAPÉES. »

 

Vous avez essayé les réunions des alcooliques anonymes ?
Bien sûr. Tous ceux qui doivent arrêter doivent se faire aider. Tu ne peux pas t’en sortir tout seul. Si tu en es à un stade d’alcoolisme où tu trembles le matin, tu dois te faire aider. Il ne faut pas écouter ce que disent les coachs à la con sur Internet, il faut aller voir des professionnels, un médecin.

Ça a eu un effet sur votre écriture ?
Contrairement à ce que pensent les gens, mes chroniques je ne les ai jamais faites bourrées. Toutes les phases d’écritures que j’ai pu faire sous alcool je les ai jetées à la poubelle. Quand j’ai fait des vidéos ou des story bourrées, je les ai toutes effacées le lendemain en me disant « wow t’es mauvais ». Quand t’es bourré t’es pas bon. Il faut arrêter de penser ça.

Est-ce que la boisson aide à faire le show ?
Quand on est bourrés, on rigole plus facilement. Plus les gens s’installent dans l’alcool, plus la vanne est mauvaise, mais plus les gens rient fort. L’alcool ça aide juste à rire plus et surtout pour ceux qui sont timides, ça aide à désinhiber. Parce que l’alcool n’a pas que des effets négatifs. C’est une hérésie de dire que l’alcool c’est pas bon, c’est juste que ça peut devenir très addictif.

Qu’est ce qui vous manque le plus dans l’alcool ?
Il y a une chose qui me manque, c’est à l’époque quand on faisait la bringue par exemple, vers 6/7h du matin, on allait se taper des petites bières dans des bars de villages. J’aimais bien la petite mousse dans le bar village, ça me manque, j’aimais l’ambiance…

« La 9e vie du chat», du 24 septembre au 26 décembre, au théâtre des Mathurins, 36 Rue des Mathurins, 75008 Paris

 

Par Léa Guillonnet
Photo Alban Gernigon