À quelques jours d’une performance attendue au festival La Défense Jazz, Gauthier Toux, pianiste et fondateur du groupe de techno-jazz Photons, est passé à la rédaction nous parler de son émission radio fétiche et faire le point sur sa carrière.
Avec ton premier trio, tu as remporté le Concours National de Jazz à la Défense, en 2016. Puis tu t’es fait connaître plus largement avec le quintet de Léon Phal, et les albums Dust to Stars (2021) puis Stress Killer (2023). Ton parcours ?
Gauthier Toux : Je suis un jazzeux pur et dur, formé à la Haute École de Musique de Lausanne, tombé dingue de clubs et de la techno. J’ai accompagné la scène jazz française en tant que sideman (pour Guillaume Perret, Anne Paceo, Théo Ceccaldi, Léon Phal, ndlr), puis j’ai monté le quartet Photons. Un groupe de techno-jazz, avec Samuel F’Hima, à la contrebasse, Julien Loutelier, à la batterie, Giani Caserotto, à la guitare, et moi-même au piano et claviers.
Le premier album de Photons, La Nuit sans l’Ennui, est sorti chez Komos, en 2024. Un projet pour faire le pont entre ta culture jazz et les clubs techno ?
Oui, il est né d’une série de concerts et d’expérimentations à La Gare/Le Gore, haut lieu de cette nouvelle scène jazz française. Mais l’acte de naissance de Photons, c’est 2022, à la suite d’une résidence à la Petite Halle de La Villette, où j’ai rencontré Antoine Rajon, le DA de Komos. Il nous a proposé de faire deux morceaux pour la compile « Studio Pigalle ».
Le 29 juin, vous jouerez en première partie du concert d’Herbie Hancock. La pression ?
Pas encore. Ça va être génial.
Ton album phare d’Herbie Hancock ?
Mr. Hands, 1980.
Photons, un groupe héritier de Limousine ?
La génération de Laurent Bardainne, avec Limousine et Poni Hoax, venait du rock. Des musiciens avec une grande culture de la pop et de la chanson. Nos influences sont différentes. Pour autant, on a effectivement la même approche, c’est-à-dire des musiciens type CNSM qui passent leurs nuits en club. Ma génération est davantage tournée vers les musiques électroniques et hip-hop. Et la génération suivante est encore davantage affranchie des codes du jazz ; ils font carrément des groupes de rave !
Tu as vite été identifié par Jazz Magazine comme relève de la scène française. As-tu eu besoin de t’affranchir de l’étiquette « jazz » ?
Ce qui m’a pris du temps, ça a été de déconstruire mon propre projet. J’ai perdu quelques personnes, qui ne savaient plus comment identifier ma musique. Mais je savais aussi que j’étais attendu de ce côté-là. Cela faisait six ans que j’accompagnais Guillaume Perret, Anne Paceo, Théo Ceccaldi, Léon Phal… Je me suis montré en tant qu’accompagnateur dans ce réseau-là. Je pense qu’on a réussi, parce que cet été on est présent autant dans des festivals de jazz qu’au festival Nuits sonores, à Lyon. C’est ce que je voulais.
Sur votre album il y a également le très bon feat avec la rappeuse Le Juice.
Oui, on voulait un feat avec une rappeuse en français. Elle a délivré un super morceau, engagé et clivant, exactement ce que je souhaitais.
Les artistes que tu suis ?
Je suis un grand fan de Rival Consol, et sa musique pour le label Erased Tapes où est également Nils Frahm, ainsi que de celle de Floating Points. Ce dernier a d’ailleurs une émission chaque mois sur la radio NTS, une mine d’or ! Allez écouter NTS ! J’écoute également pas mal de house des nineties, comme Kerri Chandler ou Cinthie.
La suite ?
La sortie d’un EP, en septembre, résolument techno.
La Défense Jazz festival, du 23 au 29 juin, sur le Parvis de la Défense
Par Alexis Lacourte
Photo Axel Vanhessche