Qu’ils doivent être nombreux au paradis des designs laissés pour compte, à se pencher jalousement sur la longévité déconcertante de ce petit timbre de blé. Ni l’enseigne Presse, ni la bouteille Coca-Cola, ni les paquets de cigarettes n’ont résisté aux contraintes, réglementations et parfois, il faut bien le dire, élucubrations marketing générationelles de cadres supérieurs en quête de faits d’armes. Le petit beurre de Lu lui, ne s’est jamais asséché. On peut même gagner quelques likes sur Linkedin en racontant sa légende : 52 dents pour les semaines de l’année, 24 trous pour les heures de la journée et les coins feront les saisons. Était-ce volontaire ou l’est-ce devenu ? Peu importe, ce Nantais a tout d’une icône. C’est dans ces 140 années passées sans un rebranding qu’il est un marqueur du temps, bien plus que dans sa structure en calendrier. Même si certains podcasts et autres confréries se dressent en juges pour trier le bien du mal, le temps est la seule vérité de l’art appliqué. Chaque designer devrait applaudir la performance de ce rectangle d’or, en se posant tout de même la dernière question valable à son sujet : Comment diable avons-nous pu attendre un siècle avant d’y coller un bout de chocolat ?
Pierre Jeannelle, directeur de création de l’agence Bruno




