« Des rêves sans étoiles » : confessions adolescentes sans filtre

La sortie ciné de la semaine est une plongée réaliste dans l’univers carcéral des adolescentes. Attention, ça brûle …

Son oncle a violé sa sœur, son père prend du crack, sa mère l’a brûlée. Elle n’a pas 18 ans et son rêve c’est de mourir. Euh… vous êtes toujours là ? On n’aurait pas trouvé destin plus sordide dans un film de Larry Clark. Pourtant, c’est bien la réalité que capte ici Mehrdad Oskouei, au cœur d’un centre de détention/ réhabilitation pour filles. Cet homme étranger surnommé « oncle maternel » réussit à pénétrer cette prison-cocon et, avec sa voix de velours, à obtenir leur confiance. Les témoignages lui sont livrés avec une maturité déconcertante, mais, soudain, plus besoin de mots. Dans l’espace clos, il engage une recherche plastique qui capte les corps et les matières par fragments : ici des doigts teintés d’encre noire pour imprimer leur empreinte digitale, là des gouttes de neige fondue qui rappellent des larmes. Difficile de croire que sous les voiles qui encerclent ces visages poupons se cachent des droguées, des dealeuses, et même des meurtrières. Dans leurs mots, leurs jeux, leurs dessins, les pulsions de mort sont sous-jacentes. Le récit de ces adolescentes, conscientes de leurs actes, transpire la haine des adultes, mais elles ne s’apitoient pas, elles résistent. Et, bien loin de la jeunesse de l’extérieur, debout sur la table de ping-pong dans la neige avec un balai pour micro, elles se mettent à chanter. 

DES RÊVES SANS ÉTOILES, de MEHRDAD OSKOUEI

⭐⭐⭐

En salles aujourd’hui

LÉONTINE BOB