L’Iranien Jafar Panahi décroche la Palme d’or pour Un simple accident. Un palmarès un peu sage, un peu tiède, à l’image de cette 78e édition.
L’année dernière, Sean Baker avait décroché la palme d’or pour Anora, alors que Les Graines du figuier sauvage, de Mohammad Rasoulof, était le grand film de la 77e édition. Cette année, le fulgurant Sirāt, du Galicien Óliver Laxe, repart avec un lot de consolation, et c’est le très politique Un simple accident (sortie le 10 septembre) de l’Iranien Jafar Panahi qui décroche la récompense suprême. Tournée clandestinement (Panahi n’a plus le droit de se déplacer, d’écrire ou de tourner), le film décrit l’affrontement lors d’une virée en van entre un ancien prisonnier et son bourreau qu’il a retrouvé par hasard. Énorme charge contre le régime iranien qui laisse à penser qu’il est sur le point de tomber, le film résonne bien sûr avec le sort de Panahi, emprisonné deux fois, assigné pendant quinze ans en Iran, et qui a déclaré qu’il allait repartir dans son pays. Traversé par quelques fulgurances, notamment le final, le film, très programmatique, accumule les messages, les personnages improbables (une mariée et son conjoint, une photographe, un grand balèze énervé) et les considérations philosophiques, oubliant parfois de faire du cinéma.
Le cinéma est quant à lui au cœur de Sirāt, prix du jury, donc, une véritable expérience, un trip physique et mystique. Tandis que des ravers dansent à en perdre haleine dans le désert marocain, le film vibre, vit, une puissance tellurique se dégage de chaque image, chaque mirage, créés pour faire entrer le spectateur dans la transe. Bientôt, l’orage nucléaire se profile, les protagonistes vont être confrontés à la mort, et l’on pense à Mad Max, Sorcerer, David Lynch ou Pacifiction. On en ressort brisé, anéanti, car ces gens qui dansent sur un volcan, comme s’ils allaient mourir demain, c’est nous, tout simplement, maintenus en vie par des BPM en folie. Sortie de la bête le 3 septembre.
Le reste de ce palmarès convenu et bien peigné confirme le talent d’Hafsia Herzi, Joachim Trier, Kleber Mendonça Filho ou des frères Dardenne, supérieurement inspirés avec Jeunes Mères.
PALMARES CANNES 2025
Palme d’or : Un simple accident de Jafar Panahi
Grand prix : Valeur sentimentale de Joachim Trier
Prix du jury : Sirāt d’Olivier Laxe, et Sound of Falling de Mascha Schilinski
Prix de la mise en scène : Kleber Mendonça Filho, pour L’Agent secret
Prix spécial : Resurrection de Bi Gan
Prix d’interprétation féminine : Nadia Melliti dans La Petite Dernière de Hafsia Herzi
Prix d’interprétation masculine : Wagner Moura dans L’Agent secret de Kleber Mendonça Filho
Prix du scénario : Jean-Pierre et Luc Dardenne, pour Jeunes Mères
Caméra d’or : The President’s Cake de Hasan Hadi
Palme d’or du court-métrage : I’m Glad you’re Dead now de Tawfeek Barhom
Queer Palm : La Petite Dernière de Hafsia Herzi
Deux Palmes d’honneur remises à Denzel Washington et Robert De Niro.
Par Marc Godin